" la restitution tégumentaire du corps est obligatoire (art. L. 671-11), mais doit être parfaite afin que les proches puissent revoir le corps avant la fermeture du cercueil et en emporter une image non modifiée par l'acte médical."
La mort est gérée par l'administration, dont la compétence n'est pas ici mise en cause, mais son manque d'humanité qui l'a conduit à traiter la mort comme "sa chose", dira Philippe Aries.
Mais ce progrès doit-il se faire au nom des libertés individuelles?
On trouvera ci-après (tableau1) la liste des situations où une autopsie, au regard de la loi, devrait être systématique ; mais elle ne l'est pas, parfois remplacer par un simple examen externe de cadavre, parfois par une simple levée d'obstacle médico-légal au terme d'une courte enquête préliminaire... en fonction de l'investissement du magistrat et de l'officier de police judicaire.
En conséquence, il y a toujours un mur entre le médecin autopsieur et la famille ou les ayants droit. Est-ce vraiment moral ? Quelle est la justification de cet état de fait : limiter le nombre d'autopsie en complexifiant le processus d'organisation ?Ajouter des intermédiaires médicaux pour filtrer ou limiter l'information communiquée à la famille, notamment en la traduisant en langage incompréhensible ?
Il m'a été possible de visiter l'exposition "Kôrperwelten" dans la Halle olympique de Munich en juillet 2014. Les erreurs de légendes scientifiques constatées à Paris demeurent, tels des poumons anthracosiques ( c'est à dire noircis par les fumées de la pollution industrielles) présentés comme des organes de fumeurs....
Le dernier texte de l'arsenal juridique sur lequel s'appuyait la décision de justice vis-à-vis de l'exposition "Our Body" intéressait le droit au respect de la dignité de la personne, y compris après la mort (art. L. 1110-2 du code de la santé publique) : la personne malade a droit au respect de sa dignité, et c'est un de ses droits fondamentaux. Le Code de déontologie médicale (art. 2) stipule que " le respect dû à la personne ne cesse pas de s'imposer après la mort". L'enfant décédé, quel que soit son terme, doit être respecté au même titre que tout être humain.
Les écrits de Cuvier à son sujet [le Dr Philippe Charlier fait ici référence" à la vierge hottentote] sont particulièrement racistes, sexistes, macabres et crus, pour reprendre les termes de Philippe Taquet, vice-président de l'Académie des sciences, employés lors d'une journée d'étude sur la vénus hottentote en 2011
Elle confirme en outre le fait qu'une grande majorité des certificats de décès présentent de nombreuses erreurs de remplissage qui risque de gêner - voire de fausser- l'établissement des statistiques sur l'état sanitaire de la population et des causes de décès constatées.
Une étude parisienne récente a montré que 30% des causes réelles de décès sont différentes des causes initialement invoquées avant la pratique d'une autopsie médico- scientifique. Un examen systématique des certificats de décès ( en vue de l'amélioration de leur rédaction par les médecins, et principalement les médecins légistes ) confirme ce phénomène.