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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Venus de Marseille, où règne le Bureau populaire et son régime totalitaire, et poursuivis par la blagoulette, le bras armé du Bureau, deux laineux, des philosophes errants, le maître Fondeur et son disciple Evariste, gagnent la lisière de la forêt d'Iscambe qui couvre tout le nord de la France. Ils veulent pénétrer ce lieu mystérieux et gagner Paris, l'ancienne capitale de l'antique civilisation dont ils veulent percer les secrets. Pour cela ils vont suivre l'A6 grâce à une vieille carte que le Fondeur s'est procurée.

Le roman se déroule en effet dans un futur non daté après qu'une guerre nucléaire ait détruit l'Europe et entraîné des mutations importantes chez certains êtres vivants. Les descendants des humains survivants sont organisés en petites communautés sur lesquelles le Bureau populaire essaie d'étendre sa mainmise. Dans leur quête les laineux entraînent It'van, rencontré à la lisière. le jeune homme est adopté par une colonie de termites géants dont il va devenir le général en chef dans la guerre qui les oppose aux fourmis voisines. Il entreprend aussi la psychanalyse du roi Grodaggard.

Cela faisait assez longtemps que j'avais envie de relire La forêt d'Iscambe, lue pour la première fois il y a plus de trente ans (le roman date de 1980) et dont je gardais un souvenir positif quoique vague. La relecture me permet de nuancer mon jugement. La qualité principale de Christian Charrière pour moi c'est sa grande imagination. Imagination des situations et des descriptions :

"Les laineux avaient éprouvé les pires difficultés pour découvrir, dans les profondeurs de la Sorbonne, un bivouac convenable. L'ancienne université de Paris était à ce point dévorée par la jungle que son sol n'était plus qu'un chaos de racines et de hautes herbes où de grands serpents cherchaient leur pitance. Dans la cour d'honneur où d'immenses banians croissaient un troupeau de biche était à la pâture qui s'égailla dans les couloirs quand les laineux surgirent. Un peu plus bas, les vieilles mosaïques semblaient avoir été défoncées par la griffe d'un monstre, plaie béante où une eau furieuse affluait -résurgence d'une rivière souterraine plutôt que source. On aurait dit que, si longtemps et si obstinément refoulée, elle jaillissait avec une force redoublée, ruinant peu à peu les bâtiments autour d'elle."

Mais aussi imagination de la langue, souvent réjouissante et amusante avec des mots inventés, des mots-valises, des homophonies :

"Souffleur était un coeur simple, obéissant et qui toujours remplissait avec exactitude et célérité les missions les plus périlleuses. Il était le meilleur des mélassiers de la termitière. Son artillerie nasale pouvait stopper net une armée de fourmis. Dardant son énorme curnule, il s'enfonçait comme un coin dans les premières lignes et, quand il avait trouvé la position favorable, se mettait à asperger tout ce qui bougeait,peggant les fantassins ennemis, les embalavant d'abondance, les engluant et les marouflant jusqu'à ce qu'ils soient collés au sol comme des mouches dans une assiette de miel."

"C'est aujourd'hui le "ça bat".
-Le ça bat ?
-Oui, une fois par semaine, les nains s'arrêtent de travailler et s'adonnent à la méditation. (...) la plupart marquent ce repos hebdomadaire par des actions de grâce et des paroles d'adoration.
-Et pourquoi appelle-t-on cette journée-là le "ça bat" ?
-Et bien, précisément parce que ça bat. Oui, leurs coeurs battent sur un rythme différent de celui des autres jours, ça bat, ça tâche de battre au diapason du grand coeur universel, celui du foetus de lumière qui, recroquevillé au centre de la planète, attend sa naissance."

Ce qui me convient beaucoup moins apparaît dans l'extrait précédent. C'est tout un fatras mystico-religieux qui me laisse froide et même me lasse rapidement. La philosophie des laineux est inspirée des pensées tibétaine et taoïste. Il s'agit de trouver la vérité en soi, de réunir les contraires, l'obscurité et la lumière, le haut et le bas, le masculin et le féminin. Et tout cela est développé et étalé jusqu'à plus soif au point de prendre le pas, je trouve, sur l'action. J'ajoute à cela une vision du féminin très stéréotypée :

"Oui, cette forêt était une femme : elle en avait la molle et rêveuse nonchalance, les mouvements doux qu'interrompaient soudain de noirs éclats."

et j'explique ainsi que, bien que j'aie survolé ou sauté des passages, la lecture m'ait parfois semblé longue.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Le moins qu'on puisse dire, c'est que Christian Charrière accorde énormément d'importance au devoir de couper le cordon. L'émancipation et la recherche de soi sont des idées véhiculées tout le long du livre.

Cette quête au sein de la forêt d'Iscambe est en fait une quête spirituelle : faire fusionner son moi obscur avec son moi lumineux (que la Force soit avec vous). C'est la fusion du bien et du mal pour pouvoir se libérer des chaînes qui nous retiennent au passé, nous empêchent de nous exprimer et pouvoir ainsi accéder à la liberté. Ces concepts nous sont rabâchés tout le long de l'histoire, parfois de manière un peu insistante, et avec des images fortes, parfois déstabilisantes. Je pense notamment à la figure paternelle représentée sous forme d'un ogre dévorant ses filles, terrifiant ses fils et violant la mère. Je ne sais pas si Chrsitian Charrière a eu une enfance douloureuse mais son oeuvre semble retranscrire un certain mal-être lié à l'enfance.

La forêt est souvent comparée à une femme: envoûtante, profonde et dangereuse. On sent un peu de machisme tout au long de l'histoire. D'ailleurs les femmes sont quasiment absentes de cette oeuvre et servent plus de faire-valoir qu'autre chose.

Le style et l'imagination de l'auteur sont impressionnants mais il y a des longueurs. le langage est soutenu et la langue française est très bien travaillée et utilisée. C'est très appréciable quand on sait que certains écrivains français préfèrent faire l'éloge de l'anglicisme. J'apprécie beaucoup les mots inventés au profit de la fantasy. Ceux de Mr Charrière sont simples et crédibles.

Néanmoins, certaines scènes demeurent incompréhensibles pour moi, notamment la zoophilie du début. Pourquoi? Peut-être n'ai-je pas saisi le sens profond de cette oeuvre. Les blagoulets apportent une note très sombre au récit et là aussi je me demande pourquoi avoir inventé certains personnages? Les jumeaux désongleur et engorgeur? Ils sont morts sans que j'ai pu comprendre leur rôle dans cette histoire. D'anciens démons de Mr Charrière? Un peu trop de noirceur au détriment du côté magie que j'espérais. Il y a toute une dimension philosophique derrière cette histoire qui me fait penser à Freud (le ça, le moi, le surmoi...).

Décidément, les fourmis/termites inspirent de nombreux auteurs car c'est le troisième livre que je lis qui se passe au milieu de ces insectes. Mais je préfère la communication exploitée par Bernard Werber, à savoir, le langage olfactif plutôt que le langage du dedans. Plus vraisemblable et réaliste (oui, c'est mon côté biologiste qui parle).
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Ça avait pourtant très bien commencé. On plonge dans le contexte et on devine l'aventure qui nous attend.. Les débuts dans la forêt sont eux aussi prometteurs, jusqu'à ce qu'on arrive au passage des fourmis et des termites qui empiète beaucoup beaucoup trop sur l'histoire principale et sur nos héros. Ce qui promettait d'être une quête initiatique se transforme en un roman de guerre sur fond de misogynie.. Dommage
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