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Critique de kuroineko


Avec le Requiem des abysses, Maxime Chattam a offert un bien joli titre à la suite de son Léviatemps. La beauté des ténèbres... pour rester dans le ton.

Seuls quatre mois et des kilomètres séparent Guy de Timée et la belle Faustine des atrocités liées aux meurtres d'Hubris et son épouvantable invention. Les deux rescapés ont trouvé refuge dans un village perdu, pour ne pas dire un trou paumé, du Vexin, chez Maximilien Hencks. Les cicatrices physiques se referment plus vite que les blessures mentales. D'autant plus quand surviennent de nouveaux meurtres dans ce coin champêtre qui semble si idyllique à la convalescence. Et encore, s'il s'agissait de crimes crapuleux ou passionnels? Que nenni! Ça massacre sec (façon de dire vu le carnage) à la campagne. Des meurtres ritualisés, messages de chair et de sang répandus d'un esprit malade et déconstruit.
Il n'en faut pas plus pour relancer Guy sur la voie des abîmes. Son cerveau entre à nouveau en ébullition et il plonge dans les méandres sanglants de la pensée du coupable. Au risque de se perdre dans les abysses.

Enquête, crimes particulièrement atroces, déductions, interrogations sur les origines du Mal, fascination pour la psychopathologie, ... Pas de doute possible, on est bien chez Chattam.
J'ai retrouvé avec plaisir les personnages de Léviatemps. Outre les deux principaux protagonistes, il y a le doux inspecteur Martial Perotti, la comtesse medium rescapée du Cénacle des Séraphins, Madame Julie et les filles du Boudoir de soi, etc.
J'ai de nouveau apprécié l'ambiance 1900 du roman. On quitte le Paris de l'Exposition universelle pour une campagne où l'Ancien Régime ne semble pas encore mort et enterré par la République triomphante. Où la crainte du surnaturel prend très vite le pas sur le rationnel.

Comme dans Léviatemps, le Requiem des abysses fait appel aux débuts de rationalisation scientifique en matière de criminologie. Maxime Chattam met d'ailleurs en scène l'illustre Bertillon qui explique son système très célèbre à un Guy enchanté quoique pressé, toujours, par le temps.
Le dénouement de l'intrigue, des intrigues en fait, réserve moult surprises et clôt le diptyque du Temps.

J'aime beaucoup chez Maxime Chattam sa propension à faire réfléchir son lectorat (et ses personnages, toutes époques confondues)sur la nature humaine, les puits sans fond de son inconscient et les abysses noirâtres des esprits construits selon des principes distordus aboutissant à la naissance de ce qu'on appelle communément des monstres. Sans légitimer les actes terrifiants de ces criminels d'une catégorie très spécifique, il donne à voir les processus qui conduisent à ces violences. On retrouve ces mécanismes dans l'excellent Chasseur de tueurs, de Robert K. Ressler, criminologue qui fut à l'origine du Bureau des sciences comportementales au FBI et qui étudia des années durant des dizaines de tueurs en série américains tels que Ted Bundy, Jeffrey Dahmer ou Charles Ma son.

Une lecture palpitante et éprouvante. Chattam ne convient pas aux estomacs trop délicats. Un bémol cependant : l'impression d'avoir lu du réchauffé quant aux motivations du Croquemitaine. Et le coup du rébus... la ficelle a eu du mal à passer...
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