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Critique de ATOS


1606-1806. Durant deux cents ans, peintres, sculpteurs graveurs et tapissiers du Roy se verront « protégés », dans la partie basse de la grande galerie du Louvre.
Logements, ateliers. le Louvre était un véritable capharnaüm. Continuellement en mouvement, rempli de bruit, de vie. On travaillait au Louvre. On traversait les périples de l'Histoire. On s'entraidait. On apprenait, on éduquait, on discutait, on comparait, on élaborait,on s'aimait, on s'engueulait, on y naissait, on y mourrait aussi.
Jamais fini, toujours en travaux, D'Henri IV à Louis le 16e. Bonaparte y mettra fin. Il faut de la place pour entasser les oeuvres que l'Empereur s'approprie lors de ses conquêtes.
Place ! il faut faire place. «"Qu'on me foute tous ces bougres à la porte ! ».
La Pompadour n'est plus. Marigny non plus. Les artistes quittent le Louvre, les ateliers n'existent plus. Boucher, Chardin Fragonnard, David, Greuze, La Tour, Marguerite Gérard, et « Frago », Jean-Honoré Fragonard, L'enfant de Grasse, le diablotin, amoureux fou du bonheur et de la vie. Frago avec ses chiens, et toute sa ménagerie, Frago qui arpentait les jardins des Tuileries en promenant « Flemmard ».
Il aurait du être gantier parfumeur, il aurait pu. Mais le goût des couleurs l'a pris au berceau. Sa mère ne voulait pas qu'il soit l'esclave d'une famille, d'une corporation. Alors ce sera Paris. Pour la vie.
«  Ce peintre de magie »comme l'appelaient Edmond et Jules de Goncourt. Ce nouvel Fa-presto. le peintre des couleurs, de la lumière, du mouvement. Des batailles d'oreillers, des gueules d'anges, des escarpolettes, des verrous, des orages, des chemises enlevées, du feu aux poudres, des grands secrets, des liaisons dangereuses, des baisers volés, des coquettes, de l'instant, des rubans envolés, des linges éveillés, des dentelles froissées , quelques moments pour l'éternité , et du soleil, son soleil toujours un peu, beaucoup, toujours, partout.
Et puis 1793. Un torrent de sang se met à couler sur les pavés de Paris, noire de sang. Tout ce sang pour nourrir l'Empire. Peu à peu Frago en perd le goût des couleurs. Il referme la boite de ses pigments. Terminé, il ne peindra plus jamais. le sang s'est écoulé le long du temps, le Louvre est à présent un musée. Plus rien des ateliers, plus de cris, plus d'odeurs de soupe mêlées aux effluves des huiles et des vernis, plus de cavalcades d'enfants, plus de claquements de portes, de jappements, de poussière de plâtre, de coups de burin et de marteaux, rien.... juste tout ce qu'ils nous ont donné.

Astrid Shriqui Garain
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