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3,8

sur 170 notes
Si on me dit « Fragonard », je réponds « L'escarpolette », et c'est à peu près tout.
Enfin ça, c'était avant ! Avant la lecture de cette biographie romancée, vive, pleine d'allant, dynamique, joyeuse, comme Fragonard, quoi.

Car oui, si vous lisez la vie de Fragonard, vous comprendrez pourquoi on l'associe au bonheur. Depuis sa naissance à Grasse jusqu'à sa mort à Paris, Fragonard a traversé le 18e siècle et l'a parfumé d'enthousiasme et de goût de la vie. Enfin, je mets quand même une sourdine à ma phrase : depuis la mort de sa fille, tout s'est éteint à l'intérieur de lui, quoiqu'il fasse montre d'un semblant de bonheur, par courtoisie.
Cultivant l'amitié, l'amour de sa famille et la passion pour son art, il a connu un succès marqué et marquant.
A ses côtés, évoluent Boucher, Chardin, Greuze, Hubert Robert, David, Gros, Diderot également…
Il a traversé la Révolution, très bien narrée, avec son cortège d'horreurs et d'excentricités grimaçantes.
Toutes les personnes sont racontées avec passion par Sophie Chauveau, qui les rend à nouveau vivantes en les croquant avec leurs tics, leurs tocs, leurs bons côtés, leurs petits travers et leurs mauvais penchants.

Vraiment, je vous conseille ce roman (dont le seul défaut est d'être loooooong car répétitif à souhait) pour vous plonger dans une époque, pour analyser des oeuvres des plus grands peintres dans leur mise en contexte.
J'ai vraiment aimé me documenter de cette manière, et je peux dire que oui, maintenant, je suis devenue une intime de Frago.
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Sophie Chauveau, toujours aussi pédagogue.
Après nous avoir emmené à Florence avec Lippi, Botticelli et Vinci, puis à Paris sur les pas de Diderot, Sophie Chauveau nous décrit de nouveau le monde de la peinture d'une façon claire et sensible. J'ai redécouvert toute une époque.
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Je gardais cet ouvrage pour la bonne bouche, me souvenant avec délices de « La Passion Lippi » du même auteur, publié en 2004. Je l'ai lu avec intérêt, certes, mais sans le plaisir attendu. Qu'y manque-t'il au juste ? En fait, il est trop : trop documenté, trop dense, trop romancé. On ne sait plus s'il s'agit d'un roman historique ou d'une biographie.

Et c'est vrai que la vie de Frago – ainsi signait Jean-Honoré Fragonard (1732 – 1806) – ressemble à un roman. Fils d'un ouvrier gantier un peu escroc, issu d'une famille tentaculaire d'origine italienne rassemblée à Grasse oeuvrant dans la parfumerie et les gants, il « monte » à Paris dès l'âge de 6 ans et développe rapidement ses talents extraordinaires de dessinateur, puis de peintre. Il est reçu au Grand Prix de Rome avec un fantastique tableau de genre historique « Jéroboam sacrifiant aux idoles », fera le Grand Tour en Europe grâce à un mécène mal embouché et surtout rencontrera d'autres peintres qui seront ses indéfectibles amis, en particulier Hubert Robert et l'Abbé de Saint Non.

Le grand mérite du livre est de nous donner à voir le quotidien des artistes de ce siècle des Lumières qui se termine si dramatiquement dans les affres de la Révolution. Chardin, Boucher, Natoire, Greuze, Carle Vernet puis son fils Horace, Hubert Robert le bon géant, Gros, et surtout Jacques-Louis David, l'homme de pouvoir qui soutient Frago toute sa vie, Vien, Prud'hon … Nous les regardons dans le couloir des galeries du Louvre, où le Roi les héberge et d'où l'Empereur les délogera en 1805.

Frago est un homme de petite taille, à la tignasse rousse indomptée et aux yeux gris, tellement spirituel, modeste, gentil, souriant qu'il séduit tout le monde, et en particulier toutes les femmes. Sa peinture en atteste, avec des scènes friponnes qui font les délices des acheteurs. Jusqu'à ce qu'il épouse une de ses cousines, Marie-Anne Gérard, qui l'adore et lui fera une vie confortable en gérant ses commandes. Accessoirement, c'est aussi une miniaturiste de talent. Elle fait venir auprès d'elle sa très jeune et belle soeur, Marguerite. le livre nous livre alors un secret : Alexandre-Evariste, le fils de Jean-Honoré né en 1780, est son enfant à elle, et non celui de Marie-Anne, qui n'a donné naissance qu'à la gracieuse Rosalie, née en 1769. Lorsque Rosalie meurt en 1788, son père est inconsolable et ne retrouvera jamais sa joie et de vivre et de peindre.

Fragonard est un maître absolu du mouvement et de la couleur, en particulier ce jaune de Naples qu'il applique partout. Il a pour seuls élèves sa jeune belle-soeur, qui aura son heure de gloire en fréquentant assidûment Joséphine de Beauharnais , puis son fils, avec lequel il entre très tôt en opposition, et qui deviendra un des chantres du style « Troubadour » très prisé au début du XIXème siècle. La Révolution passera en ruinant la famille, mais le peintre est déjà passé de mode pour être soupçonné d'avoir donné trop de gages aux anciens despotes…

En tous cas, la lecture de ce livre m'a furieusement donné envie d'aller au Louvre pour voir d'un oeil nouveau les grands (et même les petits maîtres du XVIIIème siècle. Ce n'est pas le moindre de ses mérites, mais on aurait pu éviter certaines longueurs.

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Plus qu'une biographie, Fragonard, l'invention du bonheur est un roman. Bien que merveilleusement documenté, il lui manque la rigueur pour entrer dans la catégorie biographie: l'auteur s'offre des libertés, se met dans la tête de Fragonard, estime à tout bout de champ savoir exactement ce qu'il pense, pousse même le culot jusqu'à estimer qu'Alexendre-Evariste, fils du peintre si célèbre et lui-même peintre, n'est pas le fils du lit conjugal mais le fils d'une liaison avec sa belle-soeur, la miniaturiste....
Malgré cet énervant travers, il y a de très bonnes choses dans ce roman, à commencer par l'ambiance. Pas tellement au début quand l'auteur nous conte l'enfance grassoisse de Frago, mais à Paris ! Au Louvre! On peut presque sentir la peinture et entendre l'ambiance quand il s'installe dans la galerie du Louvre, qu'Henri IV avait dédié aux artistes et d'où Napoléon les chassera. C'est l'occasion de se remettre dans l'oreille le nom de tous les grands artistes de cette époque et de voir la Révolution et les bouleversements qui suivront sous un prisme ma foi inhabituel, du point de vue de tous ces peintres qui travaillaient sous l'Ancien Régime, en sont suspects, qui vont devoir s'adapter aux modes, mais aussi à la disparition des commanditaires, qui vont voir le monde changer et bouleverser leurs vies qui ne tendaient qu'à l'Art.
Hélas quelques longueurs mais un livre que je suis tout de même contente d'avoir lu.
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On peut reprocher beaucoup de chose à Internet, au rang desquelles celle de voler des heures de lecture aux surfers impénitents, mais lorsqu'on lit la biographie d'un artiste peintre comme je viens de le faire avec celle de Fragonard par Sophie Chauveau, on bénit cette technologie moderne de nous donner accès à la visualisation des oeuvres de l'artiste.

Les biographies d'artistes ont quelque chose de plus que les autres. Cette même chose qui fait d'eux des êtres inspirés, capables de capter des ondes destinées à eux seuls et les rendre accessibles à autrui. Ça s'appelle le talent. A leur préjudice ils sont souvent des précurseurs dans les courants de leur art et ne trouvent malheureusement de popularité qu'à titre posthume.

Tel ne fut pas le cas de Fragonard. Il a vécu de son art. Avec d'autant plus d'intelligence que son époque fut parmi les plus troubles de l'histoire. La guillotine de la Terreur n'était-elle pas implantée sous ses fenêtres, ou presque.

Tout cela nous est conté avec luxe de détails par Sophie Chauveau. Au point d'appesantir son ouvrage de quelques longueurs. Mais l'oeuvre considérable de Fragonard ne pouvait que susciter l'épanchement devant pareil talent. Elle qui s'est faite spécialiste des biographies d'artistes a voulu donner corps à son ouvrage et justifier le titre qu'elle lui a conféré : l'invention du bonheur. Bel ouvrage qui peut nous rendre qu'admiratif du travail de recherche et documentation de son auteure.


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1606-1806. Durant deux cents ans, peintres, sculpteurs graveurs et tapissiers du Roy se verront « protégés », dans la partie basse de la grande galerie du Louvre.
Logements, ateliers. le Louvre était un véritable capharnaüm. Continuellement en mouvement, rempli de bruit, de vie. On travaillait au Louvre. On traversait les périples de l'Histoire. On s'entraidait. On apprenait, on éduquait, on discutait, on comparait, on élaborait,on s'aimait, on s'engueulait, on y naissait, on y mourrait aussi.
Jamais fini, toujours en travaux, D'Henri IV à Louis le 16e. Bonaparte y mettra fin. Il faut de la place pour entasser les oeuvres que l'Empereur s'approprie lors de ses conquêtes.
Place ! il faut faire place. «"Qu'on me foute tous ces bougres à la porte ! ».
La Pompadour n'est plus. Marigny non plus. Les artistes quittent le Louvre, les ateliers n'existent plus. Boucher, Chardin Fragonnard, David, Greuze, La Tour, Marguerite Gérard, et « Frago », Jean-Honoré Fragonard, L'enfant de Grasse, le diablotin, amoureux fou du bonheur et de la vie. Frago avec ses chiens, et toute sa ménagerie, Frago qui arpentait les jardins des Tuileries en promenant « Flemmard ».
Il aurait du être gantier parfumeur, il aurait pu. Mais le goût des couleurs l'a pris au berceau. Sa mère ne voulait pas qu'il soit l'esclave d'une famille, d'une corporation. Alors ce sera Paris. Pour la vie.
«  Ce peintre de magie »comme l'appelaient Edmond et Jules de Goncourt. Ce nouvel Fa-presto. le peintre des couleurs, de la lumière, du mouvement. Des batailles d'oreillers, des gueules d'anges, des escarpolettes, des verrous, des orages, des chemises enlevées, du feu aux poudres, des grands secrets, des liaisons dangereuses, des baisers volés, des coquettes, de l'instant, des rubans envolés, des linges éveillés, des dentelles froissées , quelques moments pour l'éternité , et du soleil, son soleil toujours un peu, beaucoup, toujours, partout.
Et puis 1793. Un torrent de sang se met à couler sur les pavés de Paris, noire de sang. Tout ce sang pour nourrir l'Empire. Peu à peu Frago en perd le goût des couleurs. Il referme la boite de ses pigments. Terminé, il ne peindra plus jamais. le sang s'est écoulé le long du temps, le Louvre est à présent un musée. Plus rien des ateliers, plus de cris, plus d'odeurs de soupe mêlées aux effluves des huiles et des vernis, plus de cavalcades d'enfants, plus de claquements de portes, de jappements, de poussière de plâtre, de coups de burin et de marteaux, rien.... juste tout ce qu'ils nous ont donné.

Astrid Shriqui Garain
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Paru le 27 octobre dernier, "Fragonard. L'invention du bonheur" est signé de la française Sophie Chauveau, également auteure des romans "L'Obsession Vinci", "Le Rêve Boticelli" ou encore de "Diderot, le génie débraillé".

C'est à Grasse, en plein siècle des Lumières, que naquit le jeune Fragonard, enfant sensible essentiellement élevé par une mère pragmatique mais toujours soucieuse de son bien-être.
Alors qu'il manifeste un talent certain pour le dessin et la peinture, sa mère l'emmène chez François Boucher, grand portraitiste de son temps plébiscité par Madame de Pompadour, maîtresse du roi Louis XV.
Après un séjour chez le peintre Chardin, Fragonard rejoint le cercle des apprentis de Boucher qui voit en lui le futur détenteur du prix de Rome.
Et il a vu juste ! Mais à son arrivée à la capitale, Fragonard accepte mal l'ambiance stricte qui règne à l'académie. Il pourra heureusement compter sur l'amitié d'Hubert Robert et de Saint-Non, puis plus tard de son maître Natoire, pour encourager ce talent dont il doute tant.
Tous apprécient la compagnie de ce petit homme chaleureux, toujours enjoué, dont les toiles respirent la joie de vivre et l'émerveillement que lui inspirent les femmes, la nature, les animaux, les enfants.
Au diable la peinture d'histoire, c'est dans les paysages bucoliques et les scènes de genre que le jeune peintre éprouve le plus de plaisir à décliner son art.

A Rome, ses amis et lui mènent une vie de bohème, heureux de leur succès sans cesse renouvelé auprès des femmes. Mais voilà qu'il est temps de rentrer à Paris où Fragonard souhaite trouver son indépendance.
Pour gagner de quoi vivre, il accumule les commandes légères, que certains qualifieront de "licencieuses".
La mort du peintre Deshays lui fera hériter de son atelier au Louvre où il rejoindra le clan des Illustres.
Malgré la vétusté de l'endroit, l'ambiance entre artistes y est fraternelle et propice à l'échange plus qu'à la rivalité.
Alors qu'il vient d'essuyer un cuisant échec au Salon de 1767 où on lui reproche de s'être dispersé dans tous les genres et d'avoir laissé le vice contaminer son talent, il recroise Marie-Anne Gérard, fille de la meilleure amie de sa mère, qui deviendra sa femme.
Peintre tout comme lui, elle seule le comprend, lui offre l'équilibre dont il a besoin ainsi qu'une fille, Rosalie.
Marie-Anne est rejointe par sa soeur Marguerite qui deviendra l'élève (mais pas seulement) de Fragonard.
Tous formeront une famille épanouie par ce même amour pour l'art, ambiance propice pour le peintre à la réalisation de nombreuses toiles représentant des scènes familières disant le bonheur intime.

La mort de sa fille Rosalie, qui n'arrive pas à trouver sa place dans cette famille d'artistes, jettera un voile définitif sur la personnalité joviale du peintre tandis que la Révolution, déclarée un an plus tard, le plongera dans une totale indifférence.
Son absence de parti pris lui vaut le statut de contre-révolutionnaire alors que Fragonard ne demande qu'à retrouver cette insouciance qui est le leitmotiv de sa peinture.
Chapeauté par son ami David, Fragonard se voit confier le catalogage des oeuvres qui trouveront leur place dans le futur Musée de France, une mission dont il aura la charge tout au long de la Révolution, de la Convention et du Directoire et laquelle lui permettra de sauver des flammes bien des oeuvres issues du pinceau d'amis peintres et même du sien !
Aussi, si le peintre nous a laissé une quantité de toiles pleines de ce jaune vie dont lui seul avait le secret, c'est aussi grâce à sa connaissance sensible de l'art que de nombreuses oeuvres peuvent encore se dresser sous nos yeux aujourd'hui...

Lorsque Les Agents Littéraires m'ont proposé de découvrir la vie de Fragonard, j'ai eu comme un doute. Fragonard, le parfumeur ? Non, le peintre. Ah.
Ce n'est qu'en me rendant sur Google images que j'ai pu relier certaines toiles connues à ce nom de famille derrière lequel se cache en fait plusieurs artistes.
Pour info, il n'existe aucune parenté entre la marque de parfums et 'Frago', simplement un hommage au peintre qui comme la marque vit le jour à Grâce (peut-être aussi parce le jaune liquoreux du peintre rappelait la couleur du parfum ?)
Si tout comme moi, Fragonard le peintre ne vous dit rien au premier abord, vous le connaissez certainement grâce à cette oeuvre : "La liseuse".
Il n'en fallut pas plus pour que je me laisse charmer par la luminosité et la grâce qui émanaient de chacune des toiles aperçues.

"Fragonard. L'invention du bonheur" m'a fait l'effet d'un curieux objet littéraire oscillant entre biographie et roman historique.
Si le respect d'une certaine chronologie et une vraisemblance dans le récit laissent penser à une biographie, le lecteur ne trouvera ici aucune notice bibliographique attestant de la véracité des faits énoncés.
Qui plus est la qualité de l'écriture et le style vivant de l'auteure contrastent quelque peu avec l'austérité présente dans bon nombre de biographies et le rapprochent davantage du roman.
Aussi le qualifierais-je de "biographie romancée".

La passion investie par Sophie Chauveau dans ce texte est indéniable. Non seulement pour explorer la palette d'émotions ressenties par le peintre et l'homme à la lueur d'événements marquants tout au long de sa vie, mais également pour réhabiliter le rôle majeur des femmes ayant gravité autour de lui.
Une femme et une mère pour ainsi dire identiques, des femmes organisées sans être autoritaires, admiratrices de son talent et protectrices vis-à-vis de ce clan grassois qui à l'image d'une mafia souhaiterait voir l'homme renoncer à la peinture pour des occupations plus lucratives.
Ses femmes tout comme ses amis peintres formaient une famille d'artistes veillant toujours à ce que Fragonard puisse pleinement déployer son talent.
C'est sans doute au nom de ce même talent et de toutes les personnes qui l'ont soutenu que Sophie Chauveau a voulu ici rendre hommage à l'homme et réhabiliter dans nos mémoires le peintre qu'il était.

Pari fort réussi selon moi ! J'ai d'ailleurs passé autant de temps à lire ce livre qu'à admirer ses toiles sur mon écran.
Un portrait d'autant plus intéressant qu'il s'inscrit dans un contexte historique particulièrement riche (et lourd, faut-il le préciser), l'occasion d'en apprendre davantage sur l'administration des arts et le statut réservé aux artistes à l'aube et au lendemain de la Révolution.
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Cela peut sembler une évidence, mais la première chose qui me vient à l'esprit pour évoquer ce roman, c'est... qu'il s'agit d'un roman. Pas une biographie, ni même une biographie romancée, mais bel et bien une oeuvre littéraire, et qui s'assume comme telle.

Bien sûr, on sent que le récit est basé sur un certain nombre de recherches, et on apprend quand même beaucoup d'éléments intéressants au cours de notre lecture : sur la vie de Fragonard, ses oeuvres, son style pictural, la formation des artistes au XVIIIe siècle à Paris et lors de leur voyage en Italie, les ateliers d'artistes et leur quotidien au Louvre, les bouleversements impliqués par la Révolution et la période napoléonienne...
Mais Sophie Chauveau se libère de ces faits historiques pour imaginer certaines intrigues (par exemple le fils de Fragonard, également peintre, Alexandre-Évariste, qui serait le fils bâtard de l'artiste et belle-soeur de Fragonard, Marguerite Gérard) et prendre certains parti-pris (ledit Alexandre-Évariste devient ainsi un gamin insupportable puis un adolescent et un jeune adulte qui déteste son père et dénigre son art, et ladite Marguerite Gérard une profiteuse sans état d'âme, féministe et désireuse d'être indépendante mais incapable de peindre un seul tableau sans l'aide de son beau-frère).

La veine romanesque se traduit également par le style assez unique de l'autrice, pas forcément toujours bien écrit, plein d'humour, de jeux de mots et d'ironie, dans un ton très familier, émaillé de phrases mal construites voire incorrectes. Ses personnages s'expriment de la même manière, et on sent que le choix de les faire parler comme aujourd'hui, et non comme au XVIIIe siècle, est totalement assumé.

Même si j'ai l'habitude de lire des romans historiques davantage fidèles à la réalité, tous ces éléments ne m'ont pas dérangée en soi : c'est un parti-pris littéraire, qui a d'ailleurs son charme, et que je respecte. En revanche, j'ai été gênée, et lassée, par les longueurs du livre : pas ses quelques 550 pages (je lis souvent des livres plus longs), mais les nombreux passages redondants, les répétitions... Certains événements sont inutilement développés, certaines caractéristiques sont sans cesse répétées... J'ai arrêté de compter le nombre de fois où on nous disait que Marguerite Gérard peint des scènes de genre dont on voit tous les détails ou que Fragonard aime les animaux, et j'avais tendance à lire en diagonale quand à chaque événement historique l'autrice se sentait obligée de nous tenir au courant de ce qu'il arrivait à chacun des artistes du Louvre...

D'après les critiques des autres lecteurs Babelio les romans de Sophie Chauveau consacrés à des peintres de la Renaissance italienne sont mieux réussis, j'aurais peut-être dû commencer par un de ceux-là... mais je ne suis pas sûre d'avoir envie de retenter tout de suite l'expérience après cette fastidieuse lecture !
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Quid des retrouvailles de Sophie Chauveau avec la peinture ? J'espérais être à nouveau portée par celle que je considérais encore il y a peu comme notre Tracy Chevalier à nous. Mais ce roman est lourd, à l'instar de sa biographie de Diderot. Un luxe de détails pénible, un encyclopédisme barbant. le pire est sans doute lorsque le récit aborde la fin du XVIIIème siècle-début du XIXème, la dernière partie du livre. En effet, c'est à un cours ennuyeux d'Histoire de France que se livre l'écrivaine. de la Révolution à l'Empire, les dates sont égrainées, guère d'ellipse ni de subtilité, quant à ses commentaires, on s'en passerait : elle se fait presque intrusive. On doute franchement que ce soit Fragonard qui pense, ce sont plutôt ses opinions qu'elle lui prête.
Quel dépit…
Lien : http://www.vivelaroseetlelil..
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J'adore l'oeuvre de Fragonard, cette peinture gracieuse, précieuse et reflet de son époque décadente.
Voici un roman émouvant, très bien documenté.
J'ai découvert l'homme avec son talent, ses travers mais surtout une belle fresque du XVIIII siècle, la révolution qui pointe et les ravages de la terreur. Nous découvrons que dans ce chaos la place de l'art à été malgré tout préservée, défendue.
J'ai également redecouvert le palais du Louvre et je suis certaine que bien des fantômes doivent y cohabiter.
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