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Critique de lelivredapres


Décidemment, Sophie Chauveau nous régale de biographies romancées de grands artistes, des peintres principalement, malgré une incursion très réussie dans l'univers des philosophes des Lumières chez Diderot. J'avais particulièrement apprécié sa trilogie qui se déroulait à Florence pendant la Renaissance et explorait les univers de Fra Filippo Lippi, Sandro Botticelli et Leonardo Da Vinci. Alors quand j'ai vu que la dernière opération Masse critique de Babelio proposait le dernier ouvrage de Sophie Chauveau, j'ai sauté sur l'occasion et j'ai donc reçu le récent « Manet le secret » qui ne m'a pas déçue.
Edouard Manet, génie précurseur, chef de file -contre son gré- des impressionnistes, est en effet un personnage fascinant, un homme élégant au caractère mélancolique. Né dans un milieu bourgeois, il s'oppose à son père qui veut qu'il « fasse son droit » et préfère s'engager dans la marine pour échapper à un destin monotone. de retour en France, il se lance dans la peinture, mais continue à mener une vie bourgeoise au sein de sa famille. Il tombe bientôt éperdument amoureux de la jeune pianiste hollandaise engagée par sa mère pour enseigner la musique à la famille. Une liaison débute, cachée soigneusement à ses parents, puis révélée à sa mère quand il ne pourra plus faire autrement.
Le ton est donné : comme le démontre Sophie Chauveau, la vie de Manet s'article toujours autour d'un « entre-deux ». Au Salon officiel, seules certaines de ses oeuvres sont admises, et pas à chaque fois. Vivant en bourgeois, il se montre respectueux des convenances, mais pas tout à fait. le jugement que ses contemporains portent sur son oeuvre est longtemps ambigu, sa situation financière est incertaine. Il aime la peinture en plein air, mais pas que cela : il aime aussi s'attacher aux regards et à ce qu'ils transmettent.
Manet, « le secret », car il a longtemps suscité l'incompréhension, d'où sont nés le scandale et le rejet : les rires autour du « Bain » (ou « le déjeuner sur l'herbe »), de l' « Olympia », dont le réalisme et la sincérité choquent. Manet est célèbre pour certaines de ses couleurs qui ont déclenché moqueries et réprobation : le noir d' « Olympia », le vert du « Balcon » ou le bleu d' « Argenteuil ». Comme tout novateur, il choque.
Et en même temps, il se veut classique. Il n'aime pas faire partie d'une école, être embrigadé. Il a d'abord repoussé le réalisme de Zola. Il refuse ensuite d'être considéré comme un impressionniste, se sentant plus proche des poètes symbolistes. Oui, il est un classique qui allie tradition et modernité. Encore l'entre-deux !
Le secret, c'est aussi celui qui régit sa vie privée. Suzanne qu'il n'épouse qu'après la mort de son père. Léon, un fils élevé au sein de la famille, mais jamais reconnu, sacrifié par respect des convenances. Son grand amour pour Berthe Morisot, leur enfant perdu, enfin, ses nombreuses maîtresses…
Comme d'habitude, le roman de Sophie Chauveau se lit d'une traite et nous donne envie d'en savoir davantage sur cette période. On croise en effet dans le livre de nombreux artistes amis de Manet : Pissaro, Sisley, Degas, Cézanne, Proust, Baudelaire, Mallarmé…et bien sûr Berthe Morisot. Je n'émettrai qu'une critique à l'encontre de l'objet-livre lui-même : quel dommage que les principales oeuvres de Manet évoquées ici ne soient pas illustrées dans un encart central, ce qui oblige le lecteur à se reporter à une encyclopédie ou à Internet et à interrompre sa lecture !

Lien : http://lelivredapres.wordpre..
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