Devant la faillite des croyances, la pénurie de l'espoir,
Il est urgent que soit la poésie.
Elle ne console de rien, elle ne possède rien, sa loi n'est pas de marbre.
Mais prenant et délivrant la parole, elle multiplie nos vies.
Automne
Les jours chavirent
Dans les fossés du temps
Le soleil assoupi
Abrège sa course
Les feuilles frissonnent
Sous les rumeurs du vent
Un seul regard
Contient
Une aube
Une érosion
Une impasse
Un abri
Une seule parole
Recèle
Un abîme
Une solitude
Une existence
Une mélodie.
AUTOMNE
Les jours chavirent
Dans les fossés du temps
Le soleil assoupi
Abrège sa course
Les feuilles frissonnent
Sous les rumeurs du vent
L'âme trouée de songes
Dérive vers son terme.
Liberté
J’extrais l’irréel
Du champ
De toute matière
Je plante le réel
Au cœur
Des utopies
Je conjugue
Liberté
Sur nos terres
Engourdies.
Énigme
La vie
Secrète
L’insondable énigme
Le temps
Réduit
Cette avenue du souffle
À l’aune d’un sablier
En nos corps dissemblables
En nos visages divers
Quelle symphonie traduisons-nous
Quel récit Quel livre ouvert
De notre chair si concrète
D’où tirons-nous lumière?
Chacun côtoie
Le fleuve des présences
Personne n’escorte
La mer.
Saisons contradictoires
Certains ciels d’été
En perte de bleu
Se rétractent
Sous le poids des brumes
Qui ankylosent la cité
Épuisent l’espace
Engourdissent les passants
Certains ciels d’automne
En perte de fééries
Hésitent
Entre la fièvre
Des crépuscules
Et le moisi
Des feuilles
Certains ciels d’hiver
En perte de rigueur
Bousculent les nuages
Pour se parer d’azur
Leurs branches éperdues
Découvrent alors l’ivresse
D’un soleil orphelin
Certains ciels de printemps
En perte d’allégresse
Déchaînent des tempêtes
Sur nos terres hallucinées
Exterminent ses soleils
Criblent de grêlons
Tous nos chemins de mai.
Territoires du souffle
Parcourant
Les territoires du souffle
La Poésie
Ne thésaurise rien
Nulle empreinte
N’ossifie son essor
Nul usage
Ne pétrifie sa flamme
Elle insuffle son et sens
Dans les parcelles du monde
Disant sans vraiment dire
Elle ravive le désir
Multipliant les signes
Elle demeure
À l’avant.
Recueillir
Aux abois
Du poème
Je recueille
Mes silences
Toutes les lueurs perdues
Toutes mes soifs diluées
Pour l’appel de ce cri
S’échappant des étreintes
Pour ce désir d’un son
Brusquant les interdits
Je m’empare de l’abîme
Et pénètre l’éclair
S’exiler
Sur l’autre versant
De l’écorce et du lieu
Pour ces instants
Où vie et vies
S’assemblent
Pour ces instants
Où l’ombre à l’ombre
Se confie.