La poésie n'est pas refus ou survol de la vie ; mais plutôt une manière de la multiplier, de rendre compte de sa largesse.
Elle témoigne aussi d'une soif qui nous hante, d'un sens impénétrable qui nous tient en haleine, d'une densité que le quotidien dilapide trop souvent.
Ouverture - Paris 1986
Enfant de nos guerres
D'un cœur plus sec que le grain brûlé
Je t'ai donné un visage d'homme
Les cendres de son sourire
Et l'oubli de tes jeux
Enfant à l’œil lucide
Qui porte le fardeau d'un corps toujours trop neuf
Enfant de nos guerres
Au fond de ta poitrine j'ai mis un oiseau mort.
Pour ceux qui s'aiment
Qu'entre leurs mains la rivière s'émerveille
Qu'entre leurs lèvres les souffles soient étoilés
Et la brise prodigue à leur accord
Qu'ils parlent le même langage
Qu'ils partent et puis qu'ils veillent
Surtout qu'ils veillent
Les pièges sont tendus
Jusqu'à leur coeur.
AVANT
C'est avant ta naissance que se hasarde ta vie
C'est avant ton regard que résident tes images
C'est avant ta parole que repose ta voix
C'est avant ton pas que progresse ta route
C'est bien avant ta mort
que se fomente ta fin
Du recueil Contre-Chant - Salaire de l'instant - 1968
Mais toi ! Toi, qui étais hier encore l'un d'entre nous, comment vas-tu passer cette nuit ?
in "Le Compagnon de la dernière heure".