Ne plus te chercher
ni en toi
ni en moi
Abandonné
Au battement solidaire
entre deux abîmes
La vie promise
La vie donnée
Au plus obscur de l'heure
du lieu
Au plus insu
de soi
Un seul regard reprend tous les regards
Un seul mot libère tous les échos
Un seul geste rompt l'unique fièvre
Un seul geste rouvre toutes les veines
Nul sang n'est perdu nulle chair vaine
Un visage
Traversé
Par hasard
Désormais
unique
Un visage
Reconnu
Entre tous
Désormais
unique
L’univers
Répondant
À un nom
Prend visage
et sens
Où tu es
Ou n’es pas
Tout n’est plus
Que présence
absence
Lorsque nous nous parlons
Le rêve est à portée
Lorsque nous nous taisons
Le rêve demeure intact
Apprenons à recueillir
Tout instant qui advient :
Sente gorgée de soleil
Grisée de lune, clairière...
Si le veut ton souffle
nous serons chant
Racines mêlées
branches enlacées
Toutes voix unique voie
Tous échos unique houle
Sur ta plage murmurante
nous nous entendrons
Silence
Trop proche
une flamme brûle
Trop loin
un nuage fuit
L'univers soudain
à portée de main
toujours par-delà
Lorsqu'est dit
" Viens "
Ce sera par un jour d'automne
Avant que le froid ne revienne
Nous franchirons toutes les haies
Et traverserons la ville
Avant que sur la plaine brûlée
Ne se ferment les logis humains
Nous irons à deux vers l'ouvert
Ouverts à ceux qui comme nous
Rient et pleurent, comme nous portés
Par le souffle qui ici nous lie
Souffle aussi ardent qu'un rayon
Que le soir ne résorbe point
Qui parmi tant d'ailes trouant le ciel
De feuilles ensanglantant le sol
Sera seul à tout prendre encore
Seul à prendre de court la mort.
Aimer c'est être en avant de soi
Aimer c'est dire " Tu ne mourras pas ! "
La lune mêle nos ombres
aux ombres des branches
d'amandiers
Une brise mêle nos voix
aux cris intermittents
'des grillons
Seuls nos pas résonnent
à la source cachée
qui chantant
Tait le secret de cette nuit du monde
Nuit de chairs confrontées
Nuit de sangs confondus
Nous aurons bu ta flamme
Jusqu’à brûler notre ombre
A rompre enfin le cri.