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Citations sur La jeune fille à la perle (172)

Je tournai la tête et le regardai par-dessus mon épaule droite.
Ses yeux s'immobilisèrent dans les miens et tout ce qui me vint à l'esprit ce fut que leur gris me rappelait l'intérieur d'une coquille d'huître.
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Le ménage de l'atelier était pour moi une évasion. Maria Thins m'ouvrait la porte et restait parfois quelques minutes afin de voir où en était le tableau, comme s'il s'agissait d'un enfant malade qu'elle soignait. Sitôt qu'elle était partie, j'avais l'atelier à moi seule.
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"Je n'aurais jamais cru que je pouvais apprendre quelque chose d'une servante", finit-il par dire
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La rivalité rend les hommes possessifs. L’intérêt que vous témoigne votre maître est dû en partie à celui que vous porte Van Ruijven.
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Les couleurs elles-mêmes compensaient mes difficultés à cacher ce que je faisais. J'aimais broyer les ingrédients qu'il rapportait de chez l'apothicaire, des os, de la céruse, du massicot, admirant l'éclat et la pureté des couleurs que j'obtenais ainsi. J'appris que plus les matériaux étaient finement broyés, plus la couleur était intense. A partir de grains rugueux et ternes, la garance devenait une belle poudre rouge vif puis, mélangée à de l'huile de lin, elle se transformait en une peinture étincelante. Préparer ces couleurs tenait de la magie.
Grâce à lui, j'appris à laver les diverses substances afin de les débarrasser de leurs impuretés et d'en exprimer les couleurs authentiques. Je me servais d'une série de coquillages pour récipients, rinçant les couleurs jusqu'à une trentaine de fois afin d'en retirer craie, sable ou gravillons. C'était là un travail long et lassant, mais il était gratifiant de voir la couleur devenir plus franche à chaque lavage et plus proche de celle que l'on recherchait.
La seule couleur qu'il ne me laissait pas manipuler était l'outremer. Le lapis-lazuli était, en effet si couteux et le procédé visant à obtenir un bleu pur à partir de la pierre si difficile qu'il ne laissait ce soin à personne.

Quel Art dans cette écriture !!!
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Je courus jusque chez nous.
Mes parents étaient assis sur le banc, l'un près de l'autre, la tête baissée. Sitôt arrivée, je pris la main de mon père et la portai contre mes joues humides, puis je m'assis avec eux sans rien dire.
Car il n'y avait rien à dire.
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C’est à contrecœur que je lâchai mon baluchon dans ce trou obscur. Mes affaires atterrissent avec un bruit sourd sur le sol de terre battue. J’avais l’impression d’être un pommier perdant ses fruits.
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Je grimpai l'escalier pour aller trouver mon père. Il était assis sous les combles, près de la fenêtre, la lumière effleurait son visage. Faute de mieux, c'était sa façon de voir, maintenant.

Mon père était artiste céramiste. Ses doigts étaient bleus à force de peindre cupidons, damoiselles, soldats, bateaux, enfants, poissons, fleurs ou animaux sur des carreaux blancs avant de les vernir, de les passer au four et de les vendre. Un jour, le four avait explosé, le privant et de ses yeux et de son commerce. Il avait eu de la chance. Deux de ses compagnons étaient morts.

Je m'assis près de lui et lui pris la main.

« J'ai entendu, dit-il, sans me donner le temps d'ouvrir la bouche. J'ai tout entendu. » Ses oreilles compensaient des yeux qui n'étaient plus.

Je ne trouvais rien à dire qui ne parût pas un reproche.

« Je te demande pardon, Griet, j'aurais voulu mieux faire pour toi. » On pouvait lire certaine tristesse à l'endroit où se trouvaient jadis ces paupières que le docteur avait à jamais cousues.

« Mais c'est un homme honnête et bon. Il te traitera bien. »

Il n'ajouta rien au sujet de sa femme.

« Comment pouvez-vous en être aussi sûr, père ? Vous le connaissez ?

- Ne sais tu pas qui il est ?

- Non.

- Ne te rappelles-tu pas le tableau que nous avons vu il y a quelques années, à l'hôtel de ville, où Van Ruijven l'avait exposé après l'avoir acheté ? C'était une vue de Delft depuis les portes de Rotterdam et de Schiedam. Le ciel y tenait une très grande place et le soleil éclairait certains édifices.

- Et du sable avait été ajouté à la peinture pour donner un aspect rugueux à la brique et aux toits, ajoutai-je. De grandes ombres s'étiraient sur le canal et de minuscules personnages s'activaient sur le rivage près de chez nous.

- C'est ça. » Les orbites de mon père s'élargirent comme s'il avait encore ses yeux et contemplait à nouveau le tableau.

Je m'en souvenais avec précision. Je me revoyais pensant au nombre de fois où je m'étais arrêtée à cet endroit précis sans jamais voir Delft avec les yeux de ce peintre.

« Vous voulez dire que cet homme, c'était Van Ruijven ?

- Le mécène ? »

Le père partit d'un petit rire ? « Non, non, mon enfant, ce n'était pas lui. C'était le peintre. Veermer. C'était Johannes Veermer et son épouse. Tu es censée faire le ménage de son atelier. »
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Dites-moi Griet, pourquoi avez-vous déplacé la nappe? Je réfléchis, "Il faut un peu de désordre dans la composition pour faire ressortir la sérénité du modèle, expliquai-je. Il faut quelque chose qui dérange l'oeil tout en lui étant agréable".
Un long silence s'ensuivit. Mon maitre contemplait la table. J'attendis, m'essuyant les mains à mon tablier. " Je n'aurais pas cru que je pouvais apprendre quelque chose d'une servante", finit-il par dire.
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J'avais l'habitude de disposer les légumes en cercle, par catégorie, comme les parts d'une tarte. Il y avait cinq parts : choux rouges, oignons, poireaux, carottes et navets. Je m'étais servie d'une lame de couteau pour délimiter chaque part et j'avais placé une rondelle de carotte au centre.
L'homme tapota sur la table. "Est-ce dans cet ordre qu'ils iront dans la soupe ?" me demanda-t-il en étudiant le cercle.
- Non Monsieur", j'hésitais, je n'aurais pu expliquer pour quelle raisons je les ai arrangés de la sorte. Je m'étais dit que ça devait être comme ça, un point c'est tout, mais j'avais trop peur d'avouer ça à un monsieur.
- "Je vois que vous avez mis de coté les légumes blancs, reprit-il en montrant les navets et les oignons. Tiens, ceux de couleur orange ne voisinent pas avec ceux de couleur pourpre, pourquoi ça?" Il ramassa une tranche de chou et un bout de carotte, les secoua dans sa main comme des dés.
Je regardais ma mère, elle hocha discrètement la tête.
-"Les couleurs jurent parfois quand elles sont côte à côte, Monsieur".
Il fronça les sourcils, de toute évidence, il ne s'attendait pas à cette réponse. -"Dites-moi, vous passez beaucoup de temps à disposer les légumes avant de faire la soupe?
- Oh non, Monsieur !", répondis-je confuse, je ne voulais pas qu'il crût que je gaspillais mon temps.
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