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4,21

sur 8162 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Première étape -peut-être la plus difficile- des Liaisons dangereuses : comprendre quels sont les ressorts de l'intrigue. N'est pas prodige du marivaudage qui veut, mais Choderlos de Laclos peut prétendre à la continuité du genre sans difficultés. La marquise de Merteuil, autrefois abandonnée par le comte de Gercourt, demande à son ancien amant, le vicomte De Valmont, de séduire la jeune Cécile Volanges que Gercourt doit épouser. Elle espère ainsi l'humilier et se venger de l'abandon dont elle a été l'objet. Valmont accepte ce défi mais n'abandonne pas celui qu'il s'est fixé pour son propre plaisir : séduire la présidente de Tourvel, une femme mariée et réputée pour son esprit avide de moralité. Lorsque toutes les proies autrefois désirées ont cédé, la figure de la chasteté et de la constance morale devient l'ultime fantasme.


L'intrigue n'est pas présentée aussi clairement dans les Liaisons dangereuses et c'est au lecteur de faire l'effort de comprendre les machinations qui s'élaborent dans l'esprit de ses personnages retors à travers leurs échanges épistolaires. Les lettres, longues et emplies du baratin qui sied à la personnalité des séducteurs professionnels, dissimulent souvent leurs intentions véritables derrière des jeux de rôle dont le lecteur prendra conscience au fur et à mesure des recoupements épistolaires. La forme du livre est laborieuse, donc, mais adaptée à la démonstration de l'hypocrisie dont Choderlos de Laclos a voulu se faire le dénonciateur.


Certainement provocant pour l'époque, l'écrivain dénonce les conventions et les apparences respectables d'une certaine bourgeoisie fricotant souvent avec la noblesse. On comprend que le livre ait pu ne pas faire plaisir à tous ses lecteurs au moment de sa publication, ceux y étant le plus fermement opposés étant ceux les plus directement concernés par le propos de Choderlos de Laclos. Malgré des tournures pompeuses, un style lourd et précieux, il se dégage parfois des idées violentes qui ne ménagent pas le lecteur. La rapacité, l'envie de jouir à tout prix, s'accompagnent d'une perte des valeurs qui font souvent considérer l'objet du désir comme un esclave auquel aucune considération n'exige d'être accordée. La peinture des personnages féminins exacerbe déjà ce qu'on appellera plus tard l'inégalité des sexes. Beaux objets muets, Choderlos de Laclos donne cependant aux femmes les moyens d'abuser leur monde en jouant leur rôle d'une manière subtile, leur permettant ainsi d'obtenir du sexe fort des avantages dont ils ne sont même pas conscients d'être les dupes.


« Plusieurs personnes ne s'étaient pas remises au jeu l'après-souper, la conversation fut plus générale et moins intéressante : mais nos yeux parlèrent beaucoup. Je dis nos yeux : je devrais dire les siens ; car les miens n'eurent qu'un langage, celui de la surprise. Il dut penser que je m'étonnais et m'occupais excessivement de l'effet prodigieux qu'il faisait sur moi. Je crois que je le laissai fort satisfait ; je n'étais pas moins contente. »


On comprend que Choderlos de Laclos utilise lui-même ce jeu de masques, se faisant passer pour un habile libertin lorsqu'il prône en réalité les valeurs de l'amour constant et fidèle, seul capable d'assurer une certaine stabilité à l'être perdu dans le faste d'une bourgeoisie décadente. On se demande parfois si Choderlos de Laclos ne se laisse pas prendre à son propre piège… Ses échanges épistolaires, longs et alambiqués, traduiraient presque une rage de ne pouvoir transposer à la réalité ces fantasmes de relations malsaines et dégradantes. Mais peut-être n'est-ce que l'apogée d'une démonstration qui se veut convaincante…


A condition d'arriver à dépasser la barrière des siècles –on la sentira dans toute sa puissance à travers l'écriture et les tournures emphatiques- et à ne pas se lasser des tours et détours empruntés par les jeux libertins, les Liaisons dangereuses pourront plaire du fait de leur vision des moeurs lucide. Pour les autres, ce sera seulement une grande lassitude –manière aussi d'être convaincu de l'insipidité des jeux libertins.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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J'ai découvert cette oeuvre au début de mes années lycée, c'est-à-dire en seconde. Travaillant sur l'implicite et essayant de nous donner goût à cette oeuvre majeure du roman de libertinage, nous avons étudier la lettre dans laquelle Valmont écrit sur le "bureau" d'Emilie. J'ai toujours aimé rechercher le sens caché des oeuvres. Alors, l'ayant étudier de nouveau en première littéraire, je m'y suis lancé après avoir passé mon bac. Je ne pouvais pas continuer à parler de ce roman sans en avoir lu les lignes.

Je m'y suis lancé, je dois avouer avec beaucoup de mal. En effet, l'aspect épistolaire, dont le style est réalisé avec brio, m'a rendu la lecture saccadée et je me sentais éloignée des personnages. Cependant, malgré cet aspect négatif, j'ai beaucoup apprécier découvrir cet univers tant critiqué à l'époque. Et la fin ! Cette fin est tout simplement sublimement exécutée, le "retour du bâton" comme on dit ...
Je ne souhaite pas développer sur l'intrigue, chacun se fera son idée, détestera les personnages ou adorera leur jeu.
Je suis une lectrice qui a besoin d'une seconde lecture concernant les classiques, peut-être que la prochaine me permettra de découvrir des implicites qui me sont encore aujourd'hui inconnus, peut-être me permettra-t-elle de voir les personnages autrement.
Bonne lecture à tous !

N'hésitez pas à laisser un commentaire si vous voulez élargir le débat, je serai ravie de vous répondre.

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Un livre laborieux quoique intéressant à lire, de manière grossière, j'aime le fond mais pas la forme. Un jeu de masque grandeur nature par lettre interposée, entre deux séducteurs professionnels: la marquise de Merteuil et le vicomte De Valmont et leurs pauvres victimes: Cécile Volanges, la présidente de Tourvel et Danceny. Des lettres longues, alambiquées de tournures lourdes et pompeuses, avec des intentions peu claires, ou chaque mot est un champ de bataille sur lequel on peut surinterpréter à volonté sont le quotidien de ces personnages.

Le problème ici, c'est que les romans épistolaires se sont développés pour ne pas être que des journaux intimes ou des lettres mais un mélange savant des deux, mais ici, il n'y a que des lettres. Ainsi, au lieu d'être extrêmement intimes, ce que fait un roman épistolaire à succès, nous laissant entrer dans les pensées les plus intimes du personnage, les lettres De Laclos brouillent volontairement les pistes par des lettres retorses.

Les personnages disent une chose à une personne et l'exact opposé à une autre, mais ils sont tous les deux écrits de la même voix. Cela signifie que vous prenez les personnages pour argent comptant ce qu'ils disent, ce qui a rendu ma lecture confuse. Et ce qui conduit le lecteur à être éloigné des personnages en raison de la façon elliptique de raconter l'histoire. Et puis, certains personnages reviennent aux mêmes choses, aux mêmes arguments, aux mêmes platitudes d'amour, encore et encore. Si vous avez lu une lettre De Valmont à Madame de Tourvel, vous les avez littéralement toutes lues. Valmont : Je t'aime ! Madame de Tourvel : S'il vous plaît, ne dites pas cela. Encore et encore et encore.

La progression du récit est si infinitésimale qu'après un certain temps, on pense que rien ne va se passer. Au total, il y a 175 lettres sur cinq mois et presque toute l'action se passe à la toute fin. En fait les grands moments sont presque balayés sous le tapis ! le destin De Valmont et de la marquise de Merteuil est au fond presque un post-scriptum !

Mais c'est un constat qui ne vaut que pour les victimes de nos deux séducteurs car eux, ils sont très intéressants à suivre. Malsains et machiavéliques, voulant jouir à tout prix et surtout au mépris des autres, de vrais aristocrates décadents et immoraux qu'on a envie de décapiter avec plaisir. C'est bien la manipulation du tissu relationnel par nos deux fieffés coquins qui est un délice à voir même si elle est bien longue l'attente. de manière plus large, c'est une étude grandeur nature du vice au sein de la noblesse française ainsi que de l'érosion de celle ci. Mais il me faut tout de même conclure comme j'ai commencé cette critique, une intrigue succulente mais une forme qui est un supplice. Mais un supplice plaisant...
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Corruptions et libertinages s'affrontent, se cachent et se faufilent dans ces lignes qui font du lecteur son principal acteur.

A lire et découvrir sans hésitation pour ses jeux littéraires et intrigues de chapitres.
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Pour une oeuvre écrite au XVIIIè, il faut avouer que l'auteur était bien en avance sur son temps...Par contre, ce n'est pas le cas pour le ressenti qu'on a en lisant le livre au fil des lettres écrites entre les personnages.
J'ai trouvé que ces fameux personnages sont d'une hypocrisie totale entre eux, vaniteux et tellement mesquins qu'il s'est dégagé une atmosphère malsaine tout au long de l'histoire...Franchement je suis un peu déçue qu'on fasse autant d'éloges devant de telles mièvreries.
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Sous titre : Lettres recueillies dans une société et publiées pour l'instruction de quelques autres

Immersion dans les salons feutrés de la bourgeoisie française avec ce roman épistolaire considéré comme une oeuvre majeure du 18e siècle.
Lors de sa publication, en 1782, ce roman a pourtant provoqué un véritable scandale en mettant à nu les moeurs de l'aristocratie.

Reflet d'une époque et d'une classe sociale vivant dans l'oisiveté, ce récit présente des personnages hauts en couleurs, qui n'ont pour seule occupation que de colporter des rumeurs et mettre sur pieds des projets indélicats pour se venger d'une offense, réelle ou imaginée. Là où les manipulateurs n'hésitent pas à utiliser les plus faibles et à jouer avec les sentiments d'autrui dans le but de servir leurs objectifs personnels, les victimes, trop naïves et confiantes, accèdent à toutes leurs demandes sans se rendre compte que l'on se moque d'eux.

La correspondance croisée entre les différents protagonistes nous apprend énormément de choses sur les règles de bienséance en vigueur à l'époque : l'importance de la vertu, la désapprobation de la société vis-à-vis du libertinage féminin, les règles régissant les relations hommes-femmes avant le mariage, le mariage de convention ou d'intérêts… Toutes ces questions qui n'ont plus lieu d'être actuellement et qui formaient pourtant le tissu relationnel de ce siècle.

Je me suis particulièrement attachée aux deux plus jeunes personnages du roman : Cécile Volanges et le Chevalier Danceny. Adolescents, ils tombent amoureux pour la première fois et c'est avec toute la naïveté de la jeunesse et de l'inexpérience qu'ils tentent de comprendre les bouleversements qu'ils observent en eux. Dans une société où parler de ses sentiments est déplacé (surtout s'ils concernent une autre personne que celle choisie par ses parents !), ils vont accorder leur confiance à des personnes malveillantes qui vont influer de façon irrémédiable sur leur destin.

A l'heure où les téléphones et autres technologies de la communication n'existaient pas, c'est par courrier que les nouvelles se transmettaient et chaque épistolier est reconnaissable à son style d'écriture et à ses expressions.

Au-delà du langage romanesque auquel il faut s'habituer, Les liaisons dangereuses est un roman facile d'accès et très plaisant à lire.
Lien : http://carnetdelecture.skyne..
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Je comprends tout à fait l'intérêt du livre, qui est construit intelligemment et dont les personnages parfaitement caractérisés.
Toutefois, la magie n'a pas trop pris. J'admets - un peu honteusement vu les éloges autour de ce livre - m'être beaucoup ennuyée au cours de cette lecture.
Premièrement et principalement, cela est dû au format épistolaire. Je n'ai jamais aimé les livres basés sur un échange de lettres. Il y a trop d'alternances entre les points de vue, trop de description des sentiments ou pensées au détriment des situations concrètes - même si je conçois que cela ait servi à ce récit.
Ensuite, le langage soutenu, datant d'un autre temps, est pénible. Il faut rester très concentré tout le temps, le plaisir n'était pas là pour moi.
Enfin, la lenteur. C'était malheureusement trop long à mon goût, le peu d'évènements qui surviennent s'étirent infiniment. Je n'ai même pas ressenti une particulière satisfaction à la fin, contrairement à celle de "Monte-cristo".
Mais c'était un classique et je tenais à le lire.
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Nous n'avons plus rien inventé en matière de mesquinerie ou de manipulation depuis Les liaisons dangereuses. L'âme humaine y est calculatrice à souhait, vengeresse après avoir été jalouse. Un personnage principal : le langage, par quoi passent les plans sournois de deux libertins cyniques. le lecteur se fait complice malgré lui, victime lui aussi du pouvoir étrange que les mots peuvent avoir parfois :o)
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C'est malheureusement un abandon pour moi.
Je suis complètement passée à côté de cette lecture. La forme épistolaire est un vrai obstacle pour moi. J'avais déjà eu du mal avec Dracula, et ça a continué ici.
Je n'arrive pas à rentrer dans l'histoire, à m'imprégner des lieux et des atmosphères. Je n'arrive pas à visualiser les personnages et j'en ai vraiment besoin pour apprécier ma lecture.
Le style d'écriture est très intéressant, mais trop lourd pour qu'une lecture fluide soit possible. J'ai dû relire certaines phrases plusieurs fois car je ne les comprenais pas. Je préfère les styles d'écriture plus simples.
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Un livre que j'ai toujours adoré. Histoire d'amour, trahison, complot, s'entremêle dans ce livre.
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