« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on va parler d'un essai féministe titré
Sorcières, sous-titré La puissance invaincue des femmes, et signé
Mona Chollet.
-Je te donne une baballe faite avec une page de grammaire roulée en boule ! Je t'offre la dernière page d'un polar à la mode arrachée sur son lieu de vente ! O Hyâd'Efoth, guide suprême dans les ténèbres, malsaint patron des éditeurs, je t'invoque !
Et toi, Khôkhyass, noble serviteur de la grande et obscure cause, glorieux saboteur de textes, réponds à mon appel ! Accepte cette libation de gaspacho-tant-que-c'est-encore-la-saison et pourfends mes ennemis, comme par exemple… euh… les coiffeurs incompétents ! Page et baballe, concombre et tomates !
-Comme vous l'avez remarqué, Méchante Déidamie s'est trouvé un nouvel hobby. Bon, pendant qu'elle s'amuse, elle nous laisse tranquille. Or donc le livre n'a strictement rien à voir avec des pratiques ésotériques, c'est un essai féministe étudiant la figure de la sorcière, ce qu'elle représente dans notre ère ultraconnectée.
L'essai commence par démonter quelques idées reçues sur les chasses aux
sorcières et par remettre les choses à leur place : traquer, torturer et exécuter des femmes qui ne font rien d'autre que vivre ne peut s'évoquer avec légèreté.
L'autrice analyse également les caractéristiques des
sorcières : des femmes qui ne sont pas soumises à une autorité, des femmes matures, qui possèdent des connaissances et/ou qui osent s'affirmer, des femmes qui n'hésitent pas à préférer leur indépendance à la vie familiale. En un mot comme un cent, elles gênent, dérangent, effraient : une femme qui choisit et qui pense sa vie est une créature que vous ne contrôlez plus.
-Il MANQYE DE SEL, CE GASPACHO.
-Oh, bien sûr, tenez. Où en étais-je ? Ah oui !
Mona Chollet énonce également ceci : nous sommes le produit de siècles d'histoire, et que nous le voulions ou non, que nous en soyons conscients ou non, nous avons hérité de siècles de violence misogyne et on peut légitimement se demander si nos vies n'auraient pas été différentes sans les chasses aux
sorcières.
Elle analyse également les arguments antichoix, les conséquences des préjugés stupides, les jugements sur celles qui refusent d'enfanter ou qui regrettent de l'avoir fait. Elle questionne nos goûts et nos dégoûts sur la vieillesse, sur le fait que les hommes quittent bien souvent leur partenaire pour une plus jeune, plus fraîche… et ce, sans stigmatiser une attirance ou un sentiment, sans vouloir obliger qui que ce soit à quoi que ce soit.
Le raisonnement s'émaille ici ou là d'une ironie discrète, de constatations amusées, et dénonce ainsi l'absurdité du sexisme.
J'ai regretté cependant l'abondance de citations américaines, je crois que j'aurais préféré une analyse plus proche de ce que nous connaissons en France. Toutefois, ce n'est pas un réel défaut : le livre propose maintes sources et ressources intéressantes.
Bref ! je vous encourage vivement à lire cet essai, on y apprend une foultitude de choses intéressantes, et
Alan Moore y fait même une apparition !
-Euuuh, Déidamie ? T'as fini ? J'crois qu'on a un invité…
-TREMBLEZ, MISERABLES MORTELLES, DEVANT LA PUISSANVE QUE VOUS AVEZ INVOQUEE !
-Chuis désolée, Déidamie ! J'pensais pas que ça marcherait avec du matos Dantazone ! Qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce qu'on fait, qu'est-ce qu'on fait ? On a une entité dans le salon, maintenant !
-MA PATIENXE A DES LIMITES…
-Ok, ok, ok, on se calme ! Puisque vous êtes là…
-OUUI ?
-… vous nous aidez à finir le gaspacho ? »