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C'est un essai concis et brillant mais très polémique.
Noam Chomsky s'affirme ici comme un des critiques les plus virulents du nouvel ordre mondial.
Il nous explique comment, selon lui, le capitalisme est en train d'imposer au monde sa domination.
A partir d'exemples concrets, il nous montre la nouvelle mécanique qui est en marche et qui risque de porter atteinte aux avancées sociales réalisées au cours du 20 ème siècle.
Par exemple le renforcement de la flexibilité du marché du travail.
Les réformes visent à lever les contraintes pesant sur la mobilité du travail et à obtenir la suppression de la référence aux services sociaux.
Les réformes essentielles, menées dans bien des pays à la demande de la Banque Mondiale ou du FMI aboutissent à l'insécurité des salariés.
Un constat plutôt accablant: la politique économique nationale d'à peu près la moitié de la population mondiale est, selon l'auteur, dirigée par les bureaucrates de Washington.
Un leitmotiv dans ce monde sans frontières: TINA - There is No Alternative-
pour reprendre la formule célèbre de Maggie Thatcher.
Chomsky nous montre comment l'"âge d'or du capitalisme" (en gros la période 1945- 1970), période de croissance économique très forte, a laissé la place à une nouvelle période qui est encore la nôtre: "l'âge de plomb" marquée par une importance accrue du capital spéculatif, un ralentissement de la croissance, une grande volatilité des marchés, une stagnation des salaires et une augmentation des heures de travail.
Un constat bien pessimiste mais une lueur d'espoir apparaît à la fin:
L'ordre socio-économique, comme le rappelle Chomsky, est le résultat de décisions humaines et les décisions peuvent être modifiées...et les institutions changées..
Un bel essai qui fait réfléchir..
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Noam Chomsky, américain, juif et d'origine biélorusse et ukrainienne, rien que ça, est un des plus fameux chercheurs linguistes de l'après-guerre. Mais ne me demandez pas quelle est sa théorie phare, je serais bien incapable d'y comprendre quoi que ce soit. le bonhomme, qui a 95 ans à l'heure où ces lignes sont écrites, est aussi connu pour être un intellectuel contestataire, particulièrement virulent envers les élites politiques et économiques américaines, dans leur conception capitaliste, ultra-libérale économiquement parlant, et en réalité anti-démocratique de la gouvernance des affaires. Pour ce faire, il a donné de nombreuses conférences, dont une à Albuquerque, Nouveau-Mexique, le 26 février 2000.

Les excellentes éditions Allia ne cessent d'en rééditer le texte depuis, et c'est assez percutant ! Car Chomsky n'y va pas avec le dos de la cuillère.
La démocratie est dévoyée car le pouvoir mondial est concentré aux mains d'institutions non élues par le peuple, contrôlées par les Etats-Unis, la bourse de Wall street, la Fed, le FMI, l'OMC, l'OTAN, le G7 et d'autres…La souveraineté des Etats est ainsi fictive. Les Etats-Unis font régner l'ordre mondial partout où leurs intérêts, la défense de ce capitalisme triomphant, sont menacés. A l'intérieur des pays soi-disant démocratiques, la souveraineté du peuple n'existe pas davantage, car les gouvernements conduisent des politiques qui ne répondent pas aux attentes du peuple, mais préservent les intérêts financiers et privilèges des puissants. le peuple est spectateur de la démocratie, il est simplement invité à choisir, au travers des élections, un candidat parmi un cercle de nantis qui possèdent le pays, le patrimoine étant très concentré. Les techniques pour saper la démocratie peuvent être l'essor d'une société de consommation de masse qui plonge le peuple dans une apathie qui laisse le champ libre aux élites pour poursuivre leur but d'enrichissement, ou au contraire saper la sécurité des salariés en menaçant de les muter, ou les licencier, ce qui permet d'asseoir la discipline par la peur.

L'auteur pointe, avec à-propos me semble-t-il, que dès que le peuple manifeste et récrimine, les politiques, avec le renfort des media complaisants, ne parlent pas de ce qui devrait être l'expression normale de la démocratie mais de « crise démocratique ».

Ou encore, que les discours du type « il faut lever les contraintes sur la flexibilité des salaires », ne profitent jamais aux salariés, la flexibilité s'entendant de fait toujours comme une orientation à la baisse.

De même, « la crise de la dette » serait une construction artificielle, destinée à transférer le coût sur le peuple, notamment en justifiant la réduction des services sociaux, alors que le risque devrait peser sur les prêteurs, grandes institutions financières internationales.

Chomsky regrette l'âge d'or vertueux du capitalisme des années 1945-1970, période des accords de Bretton Woods, qui ont permis un enrichissement général dont le peuple a pu profité. En 1970, la libéralisation du système financier et monétaire international, une dérégulation en règle, permettant une explosion des inégalités de patrimoine et la création de bulles financières.

Le discours de Chomsky apparaît parfois un peu caricatural voire simpliste, pas nuancé, et on lui objectera évidemment que les régimes dits démocratiques, même très imparfaits, sont quand même plus acceptables que les dictatures, notamment communistes, pour lesquelles il n'a pas un mot, très bien, ce n'était pas son propos. En outre, il ne fait que s'auto-citer finalement, son argumentaire n'est pas étayé par des sources d'autres penseurs, en tout cas elles n'apparaissent pas dans l'édition en question.

Pour autant, la simplicité, sur un sujet potentiellement ardu, est aussi une qualité. Mais le plus gros point fort, c'est que ce discours, depuis l'an 2000, a été plus que jamais crédibilisé par l'histoire du monde, ce quart de siècle écoulé sous nos yeux : les gouvernements américains et ceux des pays riches sont allés plus que jamais dans le sens que Chomsky présente à nos yeux (interventionnisme militaire, crise financière avec renflouement d'établissements financiers aux frais du contribuable…).

Ce discours a me semble-t-il une résonance qui ne se dément pas aujourd'hui. Ce n'est qu'avis personnel, mais j'observe que la guerre en Ukraine bénéficie à l'économie américaine, qui en a profité pour renforcer sa position sur le plan énergétique et du même coup sa croissance. Quant aux gouvernements européens, ils ont décidé, sans que leurs peuples en soient informés, d'importer massivement, peut-être d'ailleurs bien au-delà de nos besoins réels, du blé ukrainien, cultivé avec la bonne chimie des bombardements, quand notre blé français est exporté. Heureusement que les agriculteurs nous ont alerté…On peut aussi se demander si notre gouvernement actuel (mais les précédents, de longue date, ont pu se livrer au même exercice) ne laisse pas survenir le désordre, en jouant du "en même temps" en tenant le jeu de balancier entre opposants qui s'auto-neutralisent (agriculteurs contre écologistes), ceci permettant au gouvernement, qui nous faire croire le contraire, de ne rien changer au système. Il n'a d'ailleurs pas les manettes puisque tout est décidé à Bruxelles aux mains d'une commission non élue démocratiquement soumise à de puissants lobbys économiques. Ceux-ci s'assurent de transférer le financement de leur risque d'entrepreneurs sur le contribuable en obtenant des compensations financières directes ou indirectes face à toute velléité régulatrice du marché. de même, les extrêmes politiques sont systématiquement entravés vers le pouvoir, alors qu'ils sont désormais supportés par une majorité au sein du peuple, par des manoeuvres permettant de préserver le pouvoir modéré en place, pro-européen et pro-business, ce qui assure au monde des affaires que rien ne changera. On pourrait très certainement trouver les mêmes dérives antidémocratiques au sein des grandes entreprises et même des administrations où l'on donne du grain à moudre sur des sujets de revendication secondaires pour mieux s'assurer que le management ne changera pas.

Ce petit livre est un discours intéressant, qui n'est pas d'une originalité débordante. Il comporte certaines vérités pas toujours bonnes à dire, mais largement répandues au sein des peuples et, de ce que je peux comprendre, probablement au moins en partie défendues par un Michel Onfray et un Emmanuel Todd. Il a valu à Chomsky la haine de l'Etat israélien (le traître !) et a fait de lui une figure tutélaire des mouvements contestataires, notamment des écologistes radicaux en France.
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«On peut sans exagération affirmer que la tentative pour prendre le contrôle de nos propres vies est un trait essentiel de l'histoire du monde, qui a connu un crescendo au cours des derniers siècles, marqués par des changements spectaculaires tant dans les relations humaines que dans l'ordre mondial.»

Publié en France aux éditions Allia, ce court texte d'une cinquantaine de pages est une conférence donnée par Noam Chomsky en février 2000, sur la prise de contrôle de nos vies, c'est-à-dire comment, dans un monde dominé par des sociétés multinationales et des institutions internationales qui servent leurs intérêts, la souveraineté des états, la liberté et les droits de l'homme sont devenus subordonnés au droit des entreprises et des investisseurs.

Depuis les années 1970-1980, les mesures sociales démocratiques qui avaient considérablement amélioré le niveau de vie après-guerre ont été démantelées aux Etats-Unis, et les droits des gens sont devenus secondaires par rapport aux droits des entreprises et des investisseurs, organisations libres de se déplacer quand les individus ne le sont pas, et bénéficiant maintenant de droits spéciaux qui dépassent et prévalent sur ceux des personnes. Ce sujet reste d'une actualité brûlante, notamment avec les discussions actuelles sur le traité transatlantique.

On nous martèle chaque jour que le capitalisme mondialisé est sans alternative (There is no alternative, avait dit en son temps Margaret Thatcher), alors que les gens voient leurs espérances et leur sérénité souvent anéanties dans un ordre mondial où la politique est devenue «l'ombre jetée par les grandes entreprises sur la société», où les marchés financiers fluctuent de façon erratique avec les conséquences dévastatrices que nous connaissons, et où l'actualité nous fournit chaque jour des preuves que les effets négatifs sur autrui sont considérés comme secondaires par les puissants.

Un des moyens de convaincre et d'enrégimenter le peuple consiste à développer une envie insatiable de consommation et de divertissement, et en même temps à saper la sécurité des individus, une prise en tenailles qui génère une grande insécurité, parfaitement illustrée ici par les mots combinés d'Edward Bernays et d'Alan Greenspan.

«Au XXe siècle, l'industrie des relations publiques a produit une abondante littérature qui fournit une très riche et instructive réserve de recommandations sur la façon d'instiller le "nouvel esprit de l'époque", en créant des besoins artificiels ou en (je cite) "enrégimentant l'opinion publique comme une armée enrégimente ses soldats", en suscitant une "philosophie de la futilité" et de l'inanité de l'existence, ou encore en concentrant l'attention humaine sur « les choses les plus superficielles qui font l'essentiel de la consommation à la mode» (Edward Bernays). Si cela réussit, alors les gens accepteront les existences dépourvues de sens et asservies qui sont leur lot, et ils oublieront cette idée subversive : prendre le contrôle de sa propre vie.»

«Alan Greenspan a déclaré devant le Congrès qu'une «plus grande insécurité du travailleur» était un facteur important dans ce qu'on appelle «l'économie de conte de fées». Elle maintient l'inflation à un bas niveau, les travailleurs n'osant pas réclamer d'augmentations et d'avantages sociaux. Ils sont en situation d'insécurité.»

Noam Chomsky nous incite à penser qu'une alternative existe, notamment sur la façon de considérer la dette, et qu'on peut modifier les décisions et les institutions, même si un des obstacles qui apparaît clairement est le contrôle du pouvoir politique par le pouvoir financier, problème encore plus aigu aux Etats-Unis que de ce côté-ci de l'Atlantique.
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Je poursuis la découverte de l'oeuvre de Noam Chomsky avec ce court texte aussi appelé la conférence d'Albuquerque datant de 2001, à priori avant le 11 septembre. Cet anarchiste socialiste, comme il aime à se définir dénonce le discours politique qui consiste à imposer au citoyen des orientations favorisant le marché sous prétexte qu'il n'y a pas d'autre solution. Comme Margareth Tatcher disait TINA pour There is not alternative, les politiques décident pour nous des choses qui ne conviennent pas à la majorité des citoyens. L'exemple récent du glyphosate en est pour moi la triste illustration.

Il faut favoriser le marché en créant des besoins artificiels en suscitant ce qu'il appelle une “philosophie de la futilité”. Ainsi, la croissance se portera bien même si « les gens accepteront les existences dépourvues de sens et asservies qui sont leur lot, et ils oublieront cette idée subversive : prendre le contrôle de sa propre vie ».

La prévalence du commerce (OMC) dans les relations internationales avec la mondialisation et le libre échange créent ce qu'il appelle un féodalisme industriel car les états ont accordé aux entreprises des droits que dépassent largement ceux des personnes. Il s'agit pour lui d'une distorsion démocratique.

Les accords commerciaux prévoient des sanctions lorsqu'ils ne sont pas respectés, ainsi des milliers de gens meurent dans le monde de maladies pourtant curables en raison de clauses protectionnistes inscrites dans le règlement de l'OMC concernant l'industrie pharmaceutique.

Pour lui, le slogan TINA est une supercherie, « Les décisions peuvent être modifiées ; les institutions peuvent être changées. Si nécessaire, elles peuvent être renversées et remplacées, comme des gens honnêtes et courageux l'ont fait tout au long de l'histoire ».

Aïe, on nous fait croire
Que le bonheur c'est d'avoir
De l'avoir plein nos armoires
Dérisions de nous dérisoires

Foule sentimentale – Alain Souchon.


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Dans l'Angleterre du XVIIe siècle puis dans les colonies nord-américaines au siècle suivant, une grande partie de la population ne voulait être gouvernée ni par un roi ni par un parlement. Pourtant, le système constitutionnel qui résulta de la révolte des fermiers des colonies fut conçu pour « protéger la minorité des nantis de la majorité » comme l'écrivaient James Madison, le principal rédacteur de la constitution et John Jay, premier magistrat de la Cour suprême.
Au XXe siècle, les peuples sont étrangers au système, cantonnés au rôle de spectateurs apathiques, passifs et obéissants, autorisés périodiquement à choisir parmi les représentants du pouvoir privé.
(...)
Loin d'être une simple dénonciation, la démonstration de Noam Chomsky est redoutable car elle s'appuie essentiellement sur les propos parfaitement lucides des instigateurs de ces politiques. Synthétique et instructif.

Article complet en suivant le lien.
Lien : http://bibliothequefahrenhei..
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Ce tout petit livre est un extrait d'une conférence prononcée en 2 000 au Nouveau-Mexique à l'occasion du vingtième anniversaire du Centre de documentation intercontinental. Tout petit livre, car seulement 56 pages de textes. Mais un texte énoncé si clairement qu'il n'y a pas besoin d'en ajouter une seule ligne. Très clairement anti-capitaliste, cet ouvrage prend tout de même une drôle de résonance avec les évènements qui secouent le monde depuis la crise financière et est d'autant plus d'actualité aujourd'hui.

Car depuis que le mot de « rigueur » a plus ou moins été lâché par le gouvernement, on sait très clairement que nous allons subir les évènements à venir, sans presque aucun contrôle sur le cours des choses. Comme l'explique si bien Noam Chomsky, nous sommes dans un système qu'il nomme tina – There Is No Alternative – Il n'y a pas d'autres alternatives. Un système où on cherche à nous prouver régulièrement que les lois votées, les réformes à venir, les augmentations supplémentaires sont un mal nécessaire à la bonne marche du pays, du monde, du système. Un système qui a pourtant failli et qui a précipité le monde dans une crise économique dont on semble avoir du mal à se relever.

Quelle est l'alternative proposée par Chomsky ?
(lire la suite...)
Lien : http://www.tulisquoi.net/sur..
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Cet essai parle de pouvoir et de domination, d'argent et d'échanges interhumains.
La part de contrôle que nous exerçons encore se limitant de plus en plus face aux multinationales et au poids de l'économie, écrasant les individualités.

Les décisions revenant à une « élite », déterminant ce qui est bon ou non pour la population.
Ce qui se vérifie également au niveau interétatique.
L'argent régit tout ?
Pour Chomsky en tout cas, et probablement en vrai aussi.

Le tableau que dresse cet essai d'une cinquantaine de pages est bien sombre…
Le TINA (« There is no alternative ») de Thatcher est finalement la réponse laconique à bien trop de problèmes contemporains.

Un texte court et virulent comme celui-ci est un vrai plaisir de lecture : si le point de vue exposé n'est pas révolutionnaire, le rappel est très intéressant, surtout avec la langue de Chomsky pour nous le dire.
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Compte rendu de conférence qui à mon sens mérite largement un ouvrage à part entière. le contenu ? le titre est assez évocateur...
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— Les États-Unis soumettent les autres pays à des injonctions normatives et financières, et imposent un ordre socio-économique où s'érode la souveraineté des États. Cet hyper-contrôle par le truchement des institutions internationales (OMS, OTAN, FMI) génère des crises et des inégalités. Les pays endettés latino-américains sont sortis exsangues des politiques d'austérité du "consensus de Washington". Surtout, l'ingérence américaine est hypertrophiée par l'extraterritorialité du droit américain. Alors que les États se placent en retrait, les "megacorporations" sont devenues des rivales à leur pouvoir, dans une logique de "féodalisme industriel" (Dewey). Face au "There Is No Alternative", Chomsky appelle à changer les institutions.
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La retranscription d'une conférence dans laquelle l'auteur évoque succinctement les multiples façons dont les États-Unis contrôlent le monde depuis des dizaines d'années. Guerre, déstabilisation géopolitique, traités, multinationales, etc.. Un ouvrage intéressant, bien que très court, dont le propos mériterait d'être complété avec les développements de ces vingt dernières années.
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