"Les messieurs", dans l'esprit de miss Marple, appartenaient à une catégorie d'êtres humains fort étrangère à son propre sexe. Il leur fallait deux oeufs au bacon au petit déjeuner, trois repas copieux par jour et à heures fixes - et il n'était pas question de les contredire ni de chercher à discuter quoi que ce fût avec eux avant le dîner.
Le mot "messieurs", dans la bouche de miss Marple, avait toujours un parfum furieusement victorien et évoquait irrésistiblement de rudes gaillards au sang chaud - sans doute aromatisé au whisky -, virils, volontiers paillards, mais toujours galants.
Pas de dute, c'était là une femme précise et efficace, songea l'inspecteur. Et si d'aventure elle assasinait un homme, elle le ferait indubitablement avec le maximum d'efficacité.
Je peux vous donner des conseils, Joan, même si je ne sais pas pourquoi les gens en demandent. Ils ne les suivent jamais.
Poirot avait pour principe de laisser parler les gens. Plus ils parlaient, mieux c'était. Il y avait toujours un peu de grain au milieu de l'ivraie.
Je ne comprends pas pourquoi tout le monde exige à tout propos que les écrivains parlent d'écriture. J'ai toujours eu plutôt tendance à estimer que le métier d'écrivain consistait non pas à parler mais à écrire !
Peu après la rencontre d'Ur, Agatha Christie, devenue Mrs Mallowan, faisait ses débuts d'archéologue sur le chantier de Ninive. Comme je lui faisais remarquer que cela avait dû beaucoup la changer, elle me répondit immédiatement :
- Pas du tout, les archéologues sont les détectives de l'Antiquité.
- Mais ils ont quatre mille ans de retard... ce qui complique pas mal les enquêtes.
- C'est vrai, mais la technique se ressemble. Il faut dans les deux cas savoir bien regarder et tout enregistrer. C'est mon mari qui m'a appris à marcher en regardant mes pieds, car les archéologues marchent toujours ainsi pour ramasser les tessons.
André Parrot, "Les archéologues sont les détectives de l'Antiquité" nous dit Agathat Christie, Les Nouvelles littéraires, 16 juillet 1953 - cité par Jacques Baudou, dans la Présentation "Pas de doute : les miracles, ça arrive ! " (1953-1958)