Rigueur de l'intrigue et saveur de la langue...
Jérémie Claes réussit, avec «
L'horloger », le mariage a priori improbable entre thriller politique et Série Noire. Sans oublier une touche humaniste qui donne au roman un supplément d'âme tout à fait bienvenu...
Jacob Dreyfus, professeur de philosophe à l'université de Columbia et journaliste, a infiltré une milice suprémaciste blanche exerçant son influence jusqu'au Capitole et contribué à son démantèlement. C'est le sommet de sa carrière, avec un prix Pulitzer à la clef, mais c'en est aussi la fin ; sa vie menacée, il est pris en charge par un programme de protection des témoins et exfiltré vers la France en compagnie de son fils.
Dix ans plus tard, et alors que, dans l'existence simple et authentique d'un petit village provençal, Jacob a trouvé une forme d'apaisement à défaut d'une réelle sérénité, voilà que son passé le rattrape, et la chasse à l'homme reprend...
Particulièrement bien documenté, «
L'horloger » met en lumière la menace que représentent aujourd'hui pour nos démocraties l'extrême-droite et l'éternel retour de l'hydre néo-nazie. le roman nous alerte aussi sur la traçabilité toujours plus grande de nos existences ou les délires transhumanistes, mais, refusant le fatalisme, il érige la solidarité et la fraternité en remparts contre la folie du monde. Autour de Jacob, c'est une vraie famille de coeur qui se crée pour l'aider à traverser les épreuves et à se reconstruire. Avec, tout au long du récit et jusqu'à son épilogue, les repas comme moments privilégiés d'échanges et de convivialité ; chez
Jérémie Claes, tout le monde passe à table, et pas seulement les criminels…
Mené tambour battant et porté par une langue volontiers fleurie et forte en gueule, «
L'horloger » est un roman qui, accompagné de préférence d'une bonne boutanche, se dévore d'une traite !