Ca s'appelle du vaginisme. Une contraction douloureuse du muscle du vagin, comme un réflexe qui empêche toute pénétration. Cette pathologie est assez fréquente, d'origine organique ou psychologique. Détendez-vous (elle en a de bonnes), je vais essayer tout doucement d'introduire cet instrument. Vous réagissez si je vous fais mal.
Un flot d'information à la radio. J'ouvre le robinet et l'info coule. Parfois , je laisse couler l'eau pour prendre la température du monde comme on glisse un orteil dans un océan saisissant.
Je me méprise et, en même temps, je préférerais mourir plutôt que d'avouer. Avouer quoi, à qui ? Ne me jugez pas, il y a maldonne ! J'étais faite pour aimer, laper, sucer, baiser, embrasser, masser, materner, cajoler, convoler, copuler, calculer, bouder, bêtifier, biaiser, revenir, repartir, jouer, jouir, aider, aimer. J'étais faite pour me faire prendre, tirer, troncher, limer, mettre, niquer. De tous les côtés, par tous les trous, sous toutes les coutures, sur tous les tons.
C'est ma solitude vue des autres qui m'est insupportable.
J'aime plutôt bien les putes, d'ailleurs. Leur deal a le mérite d'être clair : payer pour palper, allonger pour culbuter. Je spécule seulement sur ces secrets planqués sous leur peau tannée. Faire dans le commerce et rêver de tendresse, se faire baiser et aspirer à la pureté.
Maud existe surtout dans les reflets.
c'est bien connu, en Angleterre, quand on croise deux garçons, la nuit, à la sortie d'un cimetière, on les embrasse.
Le sommeil ne vient pas. Des cris déchirent la nuit. De l'autre côté du mur en carton-pâte, une fille rugit son plaisir. C'est l'heure. Samedi soir, autour de minuit.(...)
L'alcool a allumé le désir au fond de leurs prunelles et au fond de leur fond.
L'heure décente arrivée, ils sont rentrés. J'imagine ce que je n'entends pas. Ils s'enlacent, ils s'embrassent, ils font valser leurs vêtements.
J'entends nettement, maintenant. Les grincements syncopés du lit. Les coups réguliers puis entêtés. Les petits cris perchés sur l'infini. Elle hurle. C'est un mouton que l'on égorge. Je voudrais qu'elle se taise.
Qu'elle se taise.
... cet exutoire du minuit pile, année après année.
Embrasser un garçon pour oublier qu'un plus malin que les autres vient de brandir sa montre, l'air triomphant, et que les vœux automatiques se sont propagés de pingouin à pingouin. Car l'on s'était fait beau. Moulées noires, les robes des filles. Gominés, les cheveux des garçons. Toutes ces bouches brillantes et cet après-rasage frappés sur peau nickel.
Tous les ans. Le même rituel. Le même soir. Au même moment. Partout. Chez tous. Avec la même foi. Rédhibitoire.