Gibson était sur Mars. Il venait d'atteindre ce qui, pour l'homme antique, n'était qu'une lueur rougeâtre au milieu des étoiles; ce qui, un siècle plus tôt ,ne représentait encore qu'un monde mystérieux et inaccessible, mais qui, à présent était devenu la nouvelle frontière de l'espèce humaine
Ce qui, à peine un siècle plus tôt, ne représentait encore qu’un monde mystérieux et inaccessible, (…) était devenu la nouvelle frontière de l’espèce humaine
Cette pensée avait de quoi glacer le cœur. À tout moment, de façon imprévisible, quelque part dans l'univers, tout un système solaire, avec des mondes et des civilisations inconnus, était ainsi précipité brutalement dans une fournaise cosmique. La vie était un phénomène fragile et éphémère, dont l'équilibre semblait reposer sur un fil de rasoir, entre la glace et le feu.
Et pourtant l'homme ne se contentait pas des hasards de la nature : il s'acharnait à préparer son propre bûcher funéraire.
- Dites-moi, fit-il en parcourant du regard ce véritable chantier de fils de fer, de batteries de compteurs électroniques, d'atlas de lignes spectrales, avez-vous jamais regardé à travers ce télescope ?
Molton eut un sourire amusé.
- Jamais, dit-il. Ce ne serait pourtant pas difficile à réaliser, mais cela ne présente aucun intérêt. Tous ces télescopes réellement importants ne sont pas autre chose que des supercaméras. Or qui serait tenté de regarder à travers une caméra ?
Ce fantôme brumeux était un million de fois plus lointain que les étoiles, elles-mêmes un million de fois plus éloignées que les planètes. Comme les aventures et les voyages de l'homme semblaient méprisables, comparés à ces étendues sans limites !