AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lamifranz


De tous les romans de Bernard Clavel (et Dieu sait s'il en a écrit), « L'Espagnol » est pour moi un des plus forts, un des plus attachants, en tous cas un des plus caractéristiques de son auteur : on y trouve à la fois son côté humaniste, son attachement à sa terre natale, et son souci de témoigner sur des êtres que la vie a malmenés et qui cherchent un nouveau départ, à la fois socialement et sentimentalement.
« L'Espagnol », si l'on s'en tient à l'intrigue, ne se différencie pas tellement des « romans de terroir » tels qu'en écrivent (avec bonheur le plus souvent) des écrivains comme Claude Michelet, Christian Signol ou Gilbert Bordes (pour ne citer que trois noms). le terroir, c'est cette terre jurassienne où est né Bernard Clavel en 1923, et qu'il a chantée toute sa vie. le vignoble décrit dans le roman, c'est celui du fameux « vin jaune » aux délicieuses saveurs. Une terre qui est souvent âpre et ingrate quand les circonstances climatiques sont contraires. Et encore plus quand les circonstances politiques s'en mêlent (guerre, exode, résistance…)
Car « L'Espagnol » est aussi un roman de guerre : Pablo le héros, porte en lui « sa » Guerre d'Espagne, avec entre autres drames, la mort de sa femme. Et l'autre guerre est là, avec son cortège d'horreurs, de trahisons, d'engagements et de renoncements. La guerre n'est pas seulement un décor, elle déclenche les évènements privés aussi bien que ceux liés à l'Histoire. Avec bien entendu, toutes les conséquences qu'on peut en redouter…
Et ce serait négliger un grand pan du roman, si l'on omettait de parler de l'amour. Il ne s'agit pas ici de passion, les circonstances font qu'il y a une fatalité qui pousse les êtres à se rejoindre, mais l'amour reste sincère, l'attachement de Pablo pour Germaine, pour Jeannette (surtout pour Jeannette, si fragile), pour ces gens de la vigne, durs, mais pleins de bon sens, pour cette terre d'adoption, enfin, qui devient sa deuxième patrie.
« L'Espagnol » c'est Pablo Sanchez. Avec son ami Enrique, tous deux réfugiés de la Guerre d'Espagne, ils échouent dans un vignoble du Jura, où ils travaillent chez Lucien Bichat, sa femme Germaine, et leur fille Jeannette, un peu simple d'esprit. le travail est dur et éprouvant. Enrique repart. Pablo reste et finit par s'attacher à cette terre et à ces gens qui lui font oublier les horreurs qu'il a laissées derrière lui, en particulier la mort de sa femme. Mais les évènements se précipitent : Lucien meurt, victime d'une attaque, la guerre arrive à grands pas. Les liens se resserrent entre Pablo, Germaine et Jeannette. Mais Enrique revient et entraîne Pablo au maquis… Quand il revient, le fils de Germaine est revenu et veut vendre la ferme. C'est la fin du rêve pour Pablo et Germaine, ainsi que pour Jeannette, placée dans un « établissement spécialisé ».
Un grand roman, où le souffle de l'Histoire bouscule les destinées individuelles. Où on en revient toujours à l'essentiel, la terre, et les gens. C'est un humanisme écologique que prône Bernard Clavel (comme dans la plupart de ses livres), il se place constamment au niveau de ses personnages : ceux-ci n'ont pas d'autre ambition que d'avoir une terre à eux, pour y vivre heureux et en paix. le bonheur et la paix, n'est-ce pas notre souhait à tous ?
Pour les téléphiles, rappelons cet excellent téléfilm réalisé par Jean Prat en 1967, avec Jean-Claude Rolland et Dominique Davray (disponible sur le site de l'Ina).
Commenter  J’apprécie          14-3



Ont apprécié cette critique (9)voir plus




{* *}