Citations sur J'ai un tel désir (17)
Marie Laurencin et Nicole Groult se sont créé un univers féminin bien à elles, un havre de douceur. Leur complicité tendre et rieuse n'inquiétait personne. Et puis, quelle importance la sentimentalité entre femmes.
André Groult adorait Marie... Il ne l'a jamais prise au sérieux, même quand elle a gagné des fortunes avec ses toiles.
Ce n'est pas parce que Nicole aimait Marie qu'elle se masculinisait, elle portait d'élégantes robes, des escarpins, adorait les hommages venant des hommes.
Nicole admettait qu'il était difficile d'être toujours la plus forte : il ne faut pas croire que ce soit la meilleure place, disait-elle à ses filles. Les faibles, ce sont eux qui vous bouffent.
Pour ne pas la détester de faire tourner le monde seulement autour d'elle, je lui cherche des excuses. Je crois qu'elle est profondément en deuil, un deuil pathologique. Toute sa vie à éclaté avec le basculement créé par la mort de sa mère Elle est dans son fantasme, dans une vue imaginaire, dans son monde... Elle tente de se soigner en changeant les places de chacun. Elle s'identifie à Pauline, en épousant Otto. Cet homme étranger devient une image de son père Un peu comme si son père épousait enfin sa mère.
Quant à Nicole, elle devient son double. La question de l'autre sexe importe peu. Pour survivre, Marie inventé une autre scène, pas celle de la réalité.
La force de la jeune femme réside dans son indépendance, elle sait ce qu'elle veut. Restant fidèle à elle-même, elle suit son chemin de peintre, associée à l'avant-garde, à l'envolée cubiste, certes, mais elle est Marie Laurencin. Libre de ses choix amoureux ou artistiques, elle n'imite personne, tient à sa place, avec la difficulté d'être femme et artiste dans un milieu d'hommes
Poiret souffle aux femmes une façon différente d'être, une allure. Elles abandonnent les chapeaux démesurés qui dictent la démarche et le port de tête, cols rigides, dentelles, baleines, rigueur, inconfort, pesanteur, pour se complaire dans des tissus légers simples et souples. Somptuosité et simplicité éclairée se côtoient
Les faibles, ce sont eux qui vous bouffent.
Elle a le goût de la vie, enflammée, tendre, pétulante, audacieuse, mais aussi injuste, parfois cruelle. Elle ne laisse personne insensible.
Fernande, forte, splendide, pleine de vie, est une jeune femme désirable. Elle a de l’allure, poitrine généreuse et arrogante, elle porte des chapeaux emplumés et éblouissants. Elle n’est pas seulement belle extérieurement, elle est aussi pleine d’humour, fine et perspicace. Picasso et elle forment un couple insolite, lui plus petit qu’elle, trapu, mèche noire sur un œil noir, lèvres charnues.
Les filles savent coudre, broder, elles sont gaies, vivantes, drôles, elles aiment les fêtes.
À une époque où les femmes sont censées rester à la maison, vivre à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur, où il leur est demandé d’être des figurantes décoratives, les sœurs Poiret travaillent, créent, s’amusent.
Le mariage est la norme impérieuse, toute femme convenable doit en passer par là, sinon elle est une « séductrice », pour ne pas dire prostituée ou courtisane. Une autre possibilité est d’être « muse », une femme imaginaire, romantique, en dehors de la réalité.