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Critique de Stellabloggeuse


Après avoir chroniqué le diptyque "Bienvenue au club", me voici aujourd'hui pour vous présenter le tout dernier roman de Jonathan Coe, dans lequel il renoue avec l'humour un peu grinçant que j'aime particulièrement chez lui.

Dans « La vie très privée de Mr Sim », il met en scène Maxwell, un presque quinquagénaire solitaire, dépressif depuis que sa femme, Caroline, est partie 6 mois plus tôt. Max est assez doué dans son métier de vendeur, mais, en ce qui concerne les relations humaines, il a plus de mal. Il a perdu un certain nombre d'amis, et ne parvient pas à nouer de véritables liens avec son père.

Cependant, sa vie va être bouleversée par une série de rencontres : une chinoise et sa petite fille à la complicité fascinante dans un restaurant australien, la jeune Poppy qui exerce l'étonnant métier de facilitratrice d'adultère, Miss Erith, qui pleure la disparition de l'Angleterre de son enfance, mais aussi Emma, le GPS de la Toyota Prius qu'il conduit pour aller vendre des brosses à dents écologiques à l'autre bout de l'Angleterre.

Ce livre est une introspection très réussie du personnage principal. Pour nous aider à mieux le comprendre, Jonathan Coe promène le lecteur entre passé et présent, et met petit à petit le puzzle en place. Il met le doigt sur ses failles, les épisodes du passé qui le hantent, mais il le traite avant tout avec humour et tendresse. Voilà pourquoi Maxwell Sim, qui a pourtant tout raté ou presque dans sa vie, est extrêmement attachant. Au fil des rencontres, Max apprend lui aussi à se connaître, et sans aller jusqu'à s'aimer, à s'accepter.

Jonathan Coe rend le roman agréable à lire en distillant régulièrement des touches d'humour, notamment en faisant dialoguer le personnage principal et son GPS, Max se félicitant d'avoir enfin trouvé une femme qui reste calme et constante en toutes circonstances ! Certains passages sont ainsi très drôles. L'auteur reste également fidèle à lui-même en menant un certain nombre de réfléxions sur le devenir de la société anglaise, et sur la situation difficile de la jeunesse :

« J'en ai marre d'entendre dire que ma génération a perdu ses repères, qu'elle est matérialiste, qu'elle n'a plus de projet politique. […] C'est la faute de votre éducation si nous sommes des zombies consuméristes. Vous avez bazardé toutes les autres valeurs, non ? le christianisme, rien à foutre. La responsabilité collective, on voit où ça mène. Produire, fabriquer ? C'est bon pour les losers. Ouais, on n'a qu'à aller les chercher en Asie ; ils vont tout faire à notre place et on n'aura plus qu'à rester le cul devant la télé pour voir le monde partir en vrille, le tout sur grand écran et avec la HD, bien sûr ».

Enfin, Jonathan Coe nous fait réfléchir sur le travail de l'auteur, la construction d'une fiction, et n'hésite pas à se moquer de lui-même :

« Fabriquer des contes pour gagner sa vie, vous ne trouvez pas que c'est une activité peu reluisante ? Il faut voir les choses en face, vous n'êtes plus un perdreau de l'année. Pourquoi ne pas écrire quelque chose de plus sérieux ? de l'histoire, des sciences… »

Je vous laisse sur ces bons mots, en vous recommandant chaudement cette lecture !
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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