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Critique de mariecesttout


J'ai découvert Marcel Cohen il y a peu de temps en lisant ce qui est le quatrième volume de ses écrits intitulés Faits , Sur la scène intérieure, Faits.
Plus qu'un témoignage ou un livre de souvenirs sur sa famille décimée, il parlait de détails, objets, sensations, et autres qui constituaient pour lui ce qui lui restait de cette famille. Très peu, mais de telle importance.
Est-ce que les volumes antérieurs de Faits préparaient Sur la scène intérieure?
Sans doute, peut être?

Dans un entretien accordé en 2011 à remue.net, il explique plus sa démarche:
"J'en suis venu à me dire, et de manière parfaitement empirique une fois encore, que le travail de l'écrivain peut aussi consister à écrire le moins possible, voire à ne pas écrire du tout. En d'autres termes, j'en suis venu à me dire que je pouvais me contenter de montrer du doigt et de mettre en forme des « faits » observés autour de moi, ou qui retenaient mon attention dans mes lectures, dans les journaux ou à la télévision.

Des sortes de citations, en somme, ou de photographies instantanées, qui ne prétendraient nullement recréer un tout cohérent. Ces textes seraient accompagnés de notes, comme dans les ouvrages savants, pour signaler mes emprunts et bien prouver qu'il ne s'agit, en aucune façon, de fictions. Pour des livres de ce type, qui me ressemblent, alors même que je donne l'impression d'être si peu présent, le titre n'avait pas besoin d'être cherché très loin. Ils s'appelleraient tout naturellement « Faits ».

Dans ces livres, tout pourrait donc entrer, dans n'importe quel ordre, et il appartiendrait au lecteur, et à lui seul, de trouver un sens. Et, de même, le lecteur pourrait, tout aussi bien, juger l'entreprise parfaitement absurde."

Est-ce à dire que les "faits" relevés ne sont ni personnels ni écrits? Bien sûr que si, d'abord c'est sa sélection personnelle, tout autre en aurait eu une autre, et l'écriture est très travaillée.
Mais, effectivement, dans ce premier volume sous-titré:" Lecture courante à l'usage des grands débutants", il faut accepter de se promener comme on le souhaite, d'une histoire à l'autre, sans qu'il y ait-apparemment- aucun lien entre elles. Elles parlent de beaucoup de choses qui retiennent ça et là son attention, vues, lues, pensées. Et nous invitent bien sûr à y mêler notre propre imaginaire, ou à compléter les connaissances délivrées.

J'en ai recopié quelques extraits, certains chapitres m'ont bien sûr, pour une raison ou une autre, plus émue ou simplement intéressée que d'autres.
Ayant également le goût des détails , je ne peux qu'aimer ceux qui déjà, simplement les regardent, et parviennent à retranscrire des choses , pensées, évènements..faits , d'une vie humaine, aussi minimes soient-ils.

"Angoisse de l'homme qui se lave les dents, le soir, dans sa salle de bain, tout en observant les efforts d'une araignée incapable de gravir seule les parois de la baignoire où elle est tombée. Pour la tirer de là, l'homme déploie, cinq minutes durant, des trésors de patience et d'ingéniosité, s'aidant notamment d'un mouchoir en papier et d'une boîte en carton ayant contenu des pastilles contre la toux.
C'est pourtant avec l'image d'une patte arrachée, malgré tous ses soins, et qui continua longtemps à s'agiter, coincée entre le fond de la baignoire et le bouchon d'évacuation en dépit des cataractes de la douche, que l'homme doit maintenant tenter de s'endormir."

En exergue:
" Il court après les faits comme un patineur débutant" Franz Kafka

Lien : http://remue.net/spip.php?ar..
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