L'iconographie traditionnelle des ouvrages scientifiques, des manuels et des textes de vulgarisation de la Préhistoire a représenté la femme préhistorique de manière conventionnelle : soit victime des débordements de violence témoignant de la barbarie de ces "âges farouches", et de son statut d'objet sexuel sans défense ; soit pour la situer dans une structure familiale semblable à la famille nucléaire et monogame judéo-chrétienne, telle la mère nourricière, entourée d'enfants et de nourrissons, le regard baissé vers la terre et vers sa progéniture, vêtue de haillons laissant apercevoir des formes luxurieuses, tandis que l'homme à ses côtés regarde vers les lointains.
Ce parcours de la Préhistoire au présent nous fait ainsi mesurer la capacité des femmes, depuis l'aube des temps, de lutter non seulement pour leur survie, mais aussi pour leur dignité, de contribuer à la perpétuation et à l'épanouissement des populations auxquelles elles appartiennent, et de façonner le devenir de l'humanité.
[...] "les femmes ont plus de pouvoir qu'on ne s'y attendrait pour choisir leurs partenaires et rejeter les prétendants qui leur déplaisent." [Darwin] En témoigne les femmes de l'Arctique quittant leurs maris pour celui qu'elles aiment ; les jeunes filles Abipone qui annulent la transaction entre leurs parents et le fiancé si celui-ci leur déplaît ; celles de la Terre de Feu qui se cachent dans les bois si le prétendant ne leur convient pas ; la course chez les Kalmuks où la jeune fille n'est rattrapée que si le fiancé est à son goût.
Entre les "instincts" et les comportements sociaux, il y a un abîme : c'est la culture.
« Si la stature des hommes comme des femmes devient généralement moins robuste aux temps néolithiques, l’accentuation du dimorphisme sexuel et la gracilité des femmes constatée dans certaines populations néolithiques et jusque dans les société actuelles n’aurait rien de naturel ni d’originel. Elle résulterait, d’une part de la sélection par les hommes de femmes qui leur sont inférieures en taille et en carrure, d’autre part d’une pression sélective constituée par un inégal acc!s aux ressources. »
Avec ses fontanelles non soudées, son crâne trop lourd pour son corps, le nourrisson reste longtemps incapable de se déplacer, de se nourrir seul, d'exprimer ses besoin autrement que par des pleurs. Nous savons que cet "inachèvement" de l'enfant est très ancien, qu'il est une conséquence de la bipédie, qui rend le canal pelvien plus étroit et oblige une naissance précoce.
(...) c'est parce que leur sang coule de façon périodique, que les femmes ne peuvent avoir accès à certaines activités de production. C'est pour cela qu'elles ne doivent pas verser le sang, et particulièrement le sang animal. Les gestes techniques consistant à couper, à percer, leur sont interdits. Pour l'anthropologue, ce tabou doit être situé au fondement de la culture, des structures sociales, et aux racines mêmes de la division du travail.