L’humain juge sans savoir. Il se base sur ses valeurs, son éducation, ses croyances. Il a toujours un avis sur tout et le plus souvent sur rien. Il ne peut s’empêcher de dire et de médire. Mais quand il passe de spectateur à acteur, les certitudes s’effondrent. Le doute s’installe.
Verre vide, je te plains. Verre plein, je te vide.
L’espoir est traître. D’abord, il nous enrobe de douceur, soigne nos blessures. Il nous prend par la main en nous promettant que demain, tout ira mieux. Il éclaire nos nuits sans lune. On se laisse porter. On y croit très fort. On s’y accroche parce que toute notre vie en dépend. Puis ce traître, nous lâche. Et c’est le plongeon.
Vertigineux.
Constant.
Dans un puits sans fond.
Il m'a serrée si fort contre sa poitrine qu'il aurait pu recoller tous les éclats de moi, disséminés au vent de mes souffrances. Il était près de moi et je me suis endormie, épuisée.
Apaisée.
Je me sentais perdue au milieu de ces boîtes roses et bleues. Quelle idiotie d’attribuer aux tests de grossesse la même couleur que les layettes. Cliché bicolore d’une société où tout doit entrer des cases.
Mais qui pourrait me comprendre, sans me juger ? L’humain ne peut s'empêcher de critiquer son prochain. S'il excelle dans l'autocentrisme, il est aussi titulaire d'une mention «condamnation». Combien de fois avais-je entendu mes pairs donner leur avis sur la manière de vivre de leur entourage ? Des bouches de vieilles ragoteuses qui ne peuvent se retenir de critiquer, étiqueter, cataloguer, mettre cases les moindres comportements allant à l'encontre de leur propre vision de la vie.
Malgré la pauvreté et les maladies, les Sénégalais que je côtoyais étaient heureux et reconnaissants. Alors qu’en Europe la consommation de masse avait créé des décennies de générations en dépression, je découvrais que la clef du bonheur était sans doute dans le dénuement. Ces femmes et ces hommes qui n’avaient rien mais offraient tout.
Rien n’était pire que les promesses non tenues et les espoirs vains. Et lui justement, me proposait la seule chose à laquelle je ne m’attendais pas. Une « non-promesse
Héloïse parce que cela signifie « bois robuste » en germanique et que je ne voulais pas crever.
Le temps était aussi maussade que mon moral. La pluie tombait en fines gouttes glacées. De celles qui s'immiscent en vous comme de petits parasites vicieux, pour vous glacer de l'intérieur.