L'appât

- Combien payait-il par séance pour avoir le plaisir de votre compagnie ? demanda Rouche.
Baxter s'étonna de la tournure de la question qui faisait presque passer le psychiatre pour une pute de luxe.

Son trouble augmenta en découvrant le hall d'entrée de Time Square Church, de style année trente. Des phrases aux murs affirmaient que Dieu était tout ce dont on avait besoin dans la vie. Les visages traumatisés des policiers sur place laissaient pourtant penser que Dieu venait de prendre un jour de congé...

Ce sont les risques du métier… On se retrouve dans des situations pourries, et tout ce qu’on peut faire, c’est faire un choix, en espérant que ce soit le bon.
(…)
J’ai pris des décisions dont je ne sais pas si elles étaient justes, et je ne le saurais probablement jamais. Il faut accepter de vivre avec, c’est tout.

- Et voici l'agent spécial…
- En quoi sont-ils si spéciaux ? la coupa Baxter, histoire de la ramener. Je veux dire, s'ils sont là, dans ce cagibi qui me sert de bureau, c'est qu'ils ne doivent pas être si important que ça, si ?

Petit silence. L'homme guettait la réaction de Rouche qui était à deux doigts de lui expliquer qu'il n'était pas télépathe.

Comment on arrête un tueur qui est déjà mort ?

Le ciel s’effondre.

Tout ça parce que l'être humain, quoi qu'on en dise, aime le goût du sang.

Elle avait toujours pensé que ce genre de béquille était bon pour des gens plus faibles qu'elle, incapables de gérer les épreuves de la vie, mais elle s'était trompée. Il lui avait été bien plus aisé d'exprimer ses sentiments auprès d'un parfait étranger qu'auprès d'un de ses amis, qui aurait pu la juger.

Un moyen très malin de capter l’attention en instrumentalisant des personnes fragiles pour faire péter de grosses bombes. Tout ça parce que l’être humain, quoi qu'on en dise, aime le goût du sang. Les gens n’ont pas été aussi captivés par des meurtres depuis l’affaire Ragdoll. C’est d'une intelligence rare. Parce qu'on ne pense pas à surveiller ses arrières quand on est trop occupé à se combattre les uns les autres. lIs nous font nous entretuer pour mieux réaliser leur but ultime.