Ici l'auteure plonge droit dans le stress post traumatique avec un soldat qui est revenu du front et qui combat jour après jour son aversion pour la vie. Réformé depuis dix-huit mois, dix-huit mois de lutte, dix-huit mois de nuits qui sont peuplées des cris et de l'odeur nauséabonde de la souffrance, des pertes qu'il a vécues et depuis il doit garder le cap pour ne pas commettre l'irréparable même si pour ça il manque de courage. Il va se voir proposé par sa psy un travail, il va devoir intégrer un refuge, y travailler bénévolement pour sa réinsertion. Travailler avec les humains est une épreuve pour lui, pour lui les seuls contacts qu'il accepte c'est le plaisir de la chair et encore là c'est fugace, une faible consolation, lui qui dont les cicatrices lui rappellent qu'il est en vie et pas les autres.
« le sexe a cet effet magique. Il fait taire mes démons, donne un coup de gomme à mes souvenirs et me fait redevenir l'enfoiré épanoui que j'étais avant toute cette merde. »
Son air bougon et son sourire en coin ne seront pas ses atouts à l'arrivée à Wolf Rain, lui qui déjà dès le début commet une erreur de débutant en supposant que Sawyer n'est autre qu'un homme alors qu'i est cette fée au regard intransigeant qui montre autant de détermination que de colère, une colère qui la ronge petit à petit.
Cette jeune femme porte à bout de bras son quotidien, la gérance de ce refuge qui ne tient qu'à un fil, une petite fille pour qui elle est tout son monde, des bénévoles ayant besoin d'une seconde chance et des amis qui sont toujours là pour elle. Elle garde pour elle les soucis, les problèmes et les craintes de l'avenir alors quand son ex revient après cinq années d'absence, depuis le moment où il a fui ses responsabilités.
Cette femme a le coeur sur la main mais il ne faut pas non plus prendre sa gentillesse pour acquis car elle sait se montrer intransigeante autant face à ces bêtes maltraités, abandonnés et blessés qu'envers ces hommes et femmes qui arrivent dans son refuge.
C'est pour ça que j'ai aimé ce personnage car elle sait ce qu'elle veut, elle ait se défendre, elle a cette capacité à garder le sourire même si parfois il faut savoir demander de l'aide pour ne pas sombrer. Je me suis retrouvée un peu en elle, voulant réussir ses projets sans l'aide de personne, gardant mes blessures et montrer aux autres ce qu'ils veulent voir uniquement.
La vie n'est pas facile et ce quelque soit le niveau de notre échelle, on a beau afficher de la joie sur nos visages, il faut comprendre que derrière le chaos peut y faire rage.
« C'est à ce moment-là que Wolf Rain est devenu ce qu'il est aujourd'hui : un refuge accueillant les chiens, mais aussi les hommes et les femmes écorchés par la vie, ceux à qui on a volé une partie d'âme ou de chair. »
L'auteure a su nous plonger dans un monde de doute, un monde de remise en question, un monde qui démontre que les vaillants combattants sont souvent mis au rébus une fois leurs tâches accomplies et ça on ne le sait que trop mais pour la plupart des gens ils préfèrent continuer leurs routes sans s'en soucier. Et c'est ce qui fait parti du fléau de ce monde, à mon sens, c'est le coté égoïste des hommes.
Le parallèle entre l'homme et les chiens est une belle image car en ces temps, on trouve effectivement beaucoup d'abondants dans les refuges, sur les routes et bien d'autres encore. L'auteure nous plonge dans un univers touchant, un roman poignant, une immersion brutale dans l'incompétence des dirigeants, dans la douleur humaine, dans la bataille des droits et dans la rédemption.
Elle nous montre que pour tourner la page, pour re-vivre, pour se relever, il faut savoir se pardonner, ne pas avoir peur de révéler nos faiblesses et d'accepter les mains tendues.
Nos deux protagonistes vont avoir du mal à gérer les émotions qui les submergent, ils vont commettre des erreurs, des faux pas et jouer un jeu qui pourrait les détruire mais ils vont comprendre que main dans la main ils seront plus forts, plus combatifs.
« J'ai quitté l'école à 18 ans pour rejoindre la marine, malgré les menaces de mes parents. Puis à la sueur de mon front, je me suis fait une place parmi les meilleurs, j'ai gravi les échelons pour rejoindre ces troupes d'élite qu'on ne voit jamais, mais dont on connait et respecte le nom ainsi que le dévouement. »
Ce roman est une très belle histoire qui véhicule un message très important, un message que tout le monde devrait prendre en considération quand il rencontre un problème dans sa vie, non que chaque tracas sont fades face à celui évoqué dans le livre mais il faut savoir relativiser car dans le monde il existe peut-être une personne qui vit un enfer plus sombre et que relativisé sur les petits tracas rendra notre existence plus lumineuse.
La plume de l'auteure est addictive, elle a su nous happer totalement dans ce récit, on prend peur, on espère, on vit à travers les doutes et la douleur de nos protagonistes. On ne souhaite que leurs bonheurs et on sait que la vie n'est pas toute rose, on rit grâce à cette petite fille qui n'a rien demandé et qui va être le soleil dans cet enfer.
Le seul hic serait peut-être le fait de ne pas avoir plus creusé dans le côté famille de Deacon car on y voit un bref aparté mais j'ai eu un goût d'incompréhension face à son attitude.
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