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Critique de oiseaulire


Dans cette autobiographie romancée que Colette écrivit à 56 ans, elle évoque successivement sa mère Sido, sorte de déesse omnisciente, le Capitaine, son père, homme tendre et distant, cachant sa mélancolie sous des fredonnements enjoués, ses deux frères "les sauvages" et sa demie-soeur, isolée au sein de la famille, probablement malheureuse, sans doute mal aimée, qui s'évadera dans un mariage désapprouvé.

On connaît l'importance du personnage de Sido dans la généalogie de l'oeuvre de Colette, mère recréée, sublimée, toute-puissante et inspiratrice. Je l'ai ressentie comme une présence incontournable, se mêlant de tout, surveillant tout, sachant tout, écrasante. Elle apparaît plus dévouée à ses fils qu'aimante envers ses filles, oublieuse de l'aînée et alternant mots tendres et rosseries envers la plus jeune. Bien sûr, le personnage est puissant et solaire, mais ridiculement sentencieux et extrêmement conventionnel malgré les efforts de l'auteure pour lui conférer une tournure d'esprit originale. Cette femme que Colette a voulu nous montrer comme cosmique et en fusion avec la nature pour en faire sa source de création, était, on peut le supposer aussi, et cela transparaît à travers les évocations, une femme piquante tenant son entourage sous sa férule.

Son époux au contraire, le Capitaine attire aussitôt la sympathie : il est un mutilé de la grande guerre où il perdit une jambe, décoré et devenu percepteur de sa commune, politicien raté, écrivain fantasmé, médiocre gestionnaire de ses affaires ; mais adroit de ses mains, excellent nageur malgré son handicap, un être doux et secret, époux probablement fidèle, jouant patiemment le jeu de la paternité sans y paraître vraiment investi tant le véritable centre de son univers était son épouse, Sido. Malgré tout aimant ses enfants, et valorisant surtout sa cadette : ayant remarqué très tôt ses capacités intellectuelles, il lui soumettait ses discours de politicien local pour avis.

Les portraits des deux frères de l'auteure sont remplis de tendresse et dignes de la grande littérature. Que dire enfin de sa pauvre soeur aînée, mal aimée, mal mariée, et dont on sait qu'elle finira pas se suicider ?

Voilà donc en plus des bois et du terroir bourguignon qu'elle aimera à la folie, le terreau humain où Colette assoira sa création.

Un grand style sert cette oeuvre clé : Sido est l'un des plus beau livre de Colette, et aussi l'un des plus courts.
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