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3,6

sur 849 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voilà un mois que Clémence, jeune trentenaire, a tout quitté et laissé derrière elle son compagnon et son travail à la boulangerie. Sa relation avec Thomas, bien que parfaite, presque idéale, au début, s'est peu à peu envenimée, devenant toxique pour elle. Elle a préparé, en cachette, son maigre déménagement, a logé chez une cousine quelques jours avant de trouver une maison. Une vieille petite maison moche avec un grand jardin mais qu'importe. Clémence veut écrire une nouvelle page de sa vie, repartir de zéro et tenter d'oublier Thomas. Mais, ce n'est pas si simple. La peur au ventre, toujours. le vide, devant elle. Et cette impression tenace de s'être perdue en route. Isolée, seule son amie Manon est toujours là. Elle ne devra compter que sur elle-même pour reconstruire et se reconstruire...

Comment se défaire de l'emprise d'un manipulateur qui, aux yeux de tous, apparaît comme l'homme idéal ? Comment se reconstruire après avoir réussi à le quitter ? Comment avancer quand la peur ne nous quitte pas ? Comment ne pas être tentée de retrouver son bourreau lorsqu'un mur infranchissable semble se dresser contre vous ? Emprisonnée de ce qu'elle pensait être de l'amour, éloignée et isolée des gens qui l'entouraient, Clémence ne vivait que par et pour Thomas. Jusqu'à ce que sa véritable personnalité ne surgisse. Pour son dernier roman, Sandrine Collette s'intéresse à l'emprise psychologique, ses effets néfastes sur la victime et la tentative de reconstruction. Sur ce dernier point, essentiellement abordé, l'auteure fait, une nouvelle fois, appel à notre part animale. L'écriture, sèche, clinique parfois, tendue, oppressante, sied parfaitement à ce sentiment d'urgence. Urgence de dire non. Urgence de vivre...
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C'est parce que je ne voulais pas rester sur ma petite déception avec "On était des loups" que je tente à nouveau Sandrine Collette. J'ai choisi "Ces orages-là" pour deux raisons : sa couverture pour commencer, que j'adore, et le sticker "Coup de coeur" collé sur la couverture par ma bibliothécaire. Il me semble également l'avoir vu passer chez quelques Babelpotes, dont j'irai (re)lire les retours après. En tout cas, je suis bien contente que mon choix se soit porté sur lui, j'ai dévoré ce livre en moins de deux.

Et c'était pourtant mal parti, ayant compris rapidement qu'il y était question d'un pervers narcissique, de relations toxiques, et des dégâts qu'il a engendrés. Comme d'habitude, je n'avais pas lu la quatrième de couverture. Sans quoi, il est clair que j'aurais choisi autre chose, ce sujet étant souvent rédhibitoire dans mes choix de lecture. Je me félicite de ne pas l'avoir fait, je n'aurais pas su à côté de quoi j'étais passée jusqu'à présent.

Clémence vient d'emménager dans une vieille maison, pas des plus jolies. Elle a pris ce qu'elle pouvait se permettre. Boulangère de profession, elle a également quitté son ancien poste pour une autre boulangerie. C'est pour elle le moment de repartir de zéro : s'étant enfuie loin de Thomas, voulant s'échapper de son emprise, elle a tout quitté dans l'espoir de se reconstruire, de recoller les morceaux de son être et de son âme qu'elle a égarés quelque part dans une forêt sombre... Avec Gabriel, son voisin lui-même abîmé, et Flo, son collègue avec qui elle se lie d'amitié, Clémence essaie de trouver le moyen de devenir enfin "grande et forte". Mais le monstre la recherche, il rôde car il ne veut pas abandonner sa proie, sa chasse n'est pas terminée...

Le gros plus de ce roman, c'est le travail psychologique effectué sur les personnages, et plus particulièrement sur Clémence. Pourtant transparente, voire même invisible, effacée, toute maigrichonne et totalement cassée à l'intérieur, l'autrice lui octroie une telle consistance qu'on ne se rend compte qu'après coup qu'il ne s'est en fait pas passé grand-chose entre le moment où elle emménage dans sa vilaine maison et celui qui la délivrera de son bourreau (je ne m'en aperçois que maintenant à vrai dire), si ce n'est un travail sur soi-même, et les débuts difficiles d'une reconstruction de soi.

Pas d'action donc, tout se passe à l'intérieur d'êtres en mal de guérison, essentiellement autour d'un travail psychologique et introspectif. Et le tout est subtilement bien mené, puisque les pages se tournent d'elles-mêmes à la vitesse grand V.

Roman noir oblige, l'atmosphère se veut inconfortable. Les peurs et angoisses de Clémence, sa solitude, la tension provoquée par un face-à-face qu'on sait inéluctable entre le chasseur et sa proie, nous enveloppent, nous enserrent pour mieux nous emprisonner dans la lecture.

Et que dire de la fin, et surtout de son épilogue ? Carrément jouissif oui !

J'y ai bien reconnu le style d'écriture de l'autrice, quelque peu décousu, cuisant, mais d'une manière bien mieux structurée (et ponctuée !), ce qui m'aura valu de pouvoir apprécier aussi bien la forme que le fond.
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Clémence, une petite chose toute frêle, presque transparente, du moins c'est ainsi qu'elle se perçoit, vient d'échapper enfin à son persécuteur au bout de trois années de terreur. Ce tortionnaire, c'est Thomas, son mari, qui aux yeux du reste du monde offre un visage charmeur et charmant d'homme idéal, entourant Clémence d'attentions et d'amour. Mais ça, c'est pour la façade, parce qu'une fois seuls tous les deux, c'est une autre histoire qui se joue. Et justement, Clémence devient le jouet de Thomas, qui s'organise de petites parties de chasse privées dans la forêt qui entoure leur maison isolée, en guise de divertissement le week-end. le gibier, c'est elle, lâchée en petite culotte de soie blanche, montre au poignet, en pleine nuit. Elle doit tenir trois heures sans qu'il la rattrape, et si elle perd...je ne vous dis pas ce qui lui arrive. Bien sûr personne ne la croira si elle raconte ça, Thomas est siii amoureux, si prévenant ! Et comme elle n'a presque plus de contact avec ses propres relations, excepté son amie Manon, elle ne pourra compter que sur elle-même pour se sortir de là.
On sait dès le début de l'histoire qu'elle a réussi à s'enfuir et à emménager dans une petite maison sinistre, comportant un petit jardin à l'arrière, avec un bassin et ses quatre poissons rouge et demi. le demi, il est comme elle : un rescapé de la vie, plein de cicatrices, et qui s'est battu pour survivre. Elle retrouve un emploi dans une boulangerie, et tente de se reconstruire. Mais l'emprise de Thomas est telle qu'elle vit dans la crainte constante de le voir surgir, et surtout de ne pas savoir résister, de retomber dans ses filets. Parce qu'elle l'a dans la peau, son bourreau, elle ne parvient pas à se défaire de ce besoin presque animal d'être dans ses bras, qu'il la réconforte après l'avoir traumatisée.
Elle trouvera des alliés qui chacun à sa manière vont tenter de l'aider à sortir de son marasme existentiel. Son voisin Gabriel, quinquagénaire malmené par la vie également, qui s'est donné pour mission d'aider ceux qui lancent des SOS, lui qui n'a pas toujours su les entendre à temps.
Son collègue Flo aussi, qui voudrait l'entraîner dans son projet d'ouvrir une boulangerie à son compte. Mais elle sait bien que c'est à elle d'échapper à ces orages-là, ces traumatismes qui font qu'elle n'ose même pas s'aventurer dans son jardinet dès que le soir tombe...
Cette lente remontée à la surface, cette reconstruction d'une estime de soi détruite m'ont beaucoup touchée, surtout que le personnage de Thomas m'a rappelé quelqu'un que j'ai bien connu, que tout le monde prenait pour quelqu'un d'admirable au point que des centaines de personnes sont venues lui rendre hommage à son enterrement. Et en entendant les louanges, j'étais stupéfaite de constater à quel point il avait réussi à gruger son monde. Car nous, nous savions bien à quel point il avait été tyrannique et violent avec sa famille... Nous n'avions tout simplement pas connu la même personne. J'ai parfaitement compris les difficultés de Clémence, ses "rechutes", ses envies de retourner à ce qu'elle avait quitté parce qu'au moins, elle savait à quoi s'attendre. Par contre je me suis étonnée qu'elle ne parte pas plus loin, qu'elle ne change pas de boulot (seulement d'endroit où elle travaille), bref qu'elle facilite tant les choses à Thomas.
Gabriel ne m'a pas trop convaincu en tant que psychothérapeute amateur, j'ai trouvé qu'il n'était pas vraiment d'une grande aide. J'ai préféré l'attitude de Flo, plus réaliste. Je n'ai pas vraiment adhéré à l'écriture non plus, très saccadée, avec des passages où je me suis un peu perdue.
Et surtout, je n'ai pas retrouvé l'ambiance que j'avais tant appréciée dans les romans de Sandrine Collette lus précédemment, que ce soit "Les larmes noires sur la terre", "Et toujours les forêts", ou encore "Juste après la vague". Il m'a manqué un vrai récit, des personnages attachants, un peu de suspense... Par contre la noirceur était bien là, pas de doute !
Pour les nouveaux lecteurs de cette auteure, peut-être vaudrait-il mieux commencer par ce roman, moins intense à mon avis que les autres précédemment cités.
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Dans la série auteur pas fun, mais alors pas fun du tout, je demande Sandrine Collette.

Habitué à ses récits légèrement anxiogènes, Ces orages-là tape dans la catégorie de façon bien plus contemporaine.

Clémence est une jeune femme cabossée.
Libre mais prisonnière d'un passé traumatique.
Nouvelle maison, nouveau voisin, nouveau taf, nouvelle vie.
Oui, mais non, car se reconstruire n'est point aisé lorsque l'ombre de son bourreau se veut omniprésente au point d'annihiler toute éventuelle et infime embellie.

Parfaitement ancré dans l'air du temps, Ces orages-là se veut ramassé, nerveux, taillé à la serpe.
Il évoque l'emprise, perfide, violente.
Celle qui détruit socialement, puis physiquement.
Déchéance sur tous les tableaux, y compris celui d'une liberté chimérique qui vous renvoie sans cesse à ce que vous étiez, ruinant de fait tout ce que vous pourriez être une fois les chaînes de la maltraitance brisées.
Défaillance à tous les niveaux, celui des institutions n'étant pas en reste.

Collette écrit sur la femme en souffrance, en perdition, sans autre espoir que celui de revivre ses pires tourments, d'évoluer dans un monde d'épouvante à l'idée que son tortionnaire puisse la retrouver.

Puis il y a Gabriel.
Petite lumière au fond du jardin.
Voisin discret aux habitudes enracinées.
Ange gardien qui s'ignore, parfait sosie d'une résilience qui ne demande qu'à grandir.

Ces orages-là peut paraître convenu.
Il est pourtant de ces récits qui marquent, même s'il y en a pléthore.
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J'ai pris tant de plaisir à lire « Et toujours les forêts » que j'ai replongé illico dans « Ces orages-là ».
Toujours là l'écriture au scalpel de Sandrine Colette qui happe le lecteur, mais pour une histoire totalement différente.
On entre tout de suite dans la traque, celle de Clémence qui fuit l'emprise d'un mari pervers narcissique. C'est effrayant de noirceur, et à chaque page, l'auteure sait nous faire frissonner avec l'évocation de ce prédateur qui ne veut pas lâcher sa proie. On entre vraiment dans la tête de Clémence, suivant pas à pas ses affres, ses doutes et sa peur pour cet homme qui la terrorise au point de l'empêcher de vivre sa vie. Même loin de lui, elle continue à douter d'elle-même et à se replier sur sa dépression, car l'emprise psychologique de l'homme tout-puissant poursuit sa sape destructrice.
En filigrane, il y a aussi une histoire mère fille avec une révélation en fin d'histoire.
J'ai aimé le personnage de Clémence, si fragile, mais aussi décidée à s'en sortir par tous les moyens.
Seul bémol, la rencontre avec le voisin Gabriel, un homme fragilisé par un drame personnel, que j'ai trouvé un peu forcée et racontée avec beaucoup de longueurs.
A part ce détail, j'ai apprécié ce roman noir de Sandrine Colette qui excelle à décrire l'enfer.

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Et un pas de plus pour Sandrine Collette vers la Littérature et son l'majuscule.
A vrai dire je ne sais même plus si je la lis pour ses histoires ou sa façon de remodeler notre langue, de nous inventer une grammaire encore plus belle.
Ou plus asphyxiante.
Par le jeu des ponctuations.
Par cette façon de mettre certains mots en relief, entre deux virgules, entre deux tirets, après un point.
"Elle le répète dans sa tête, tant qu'on souffre,c'est qu'on n'est pas mort. Aujourd'hui, elle est anesthésiée. Pas mal, pas peur : juste le vide. le rien du tout. Au fond, c'est pire que tout."
Est-ce cette façon chirurgicale d'écrire qui donne tant de tension à ses récits ?
Indiscutablement.
Même si elle écrivait "Oui-Oui se perd dans la forêt", les lecteurs les plus aguerris en auraient les tripes nouées.

Mais c'est Clémence cette fois qui a tendance à se perdre la nuit dans la densité des arbres, à demi-nue. Juste revêtue d'une culotte et d'une montre.
Pouvoir lire l'heure pour triompher si elle parvient à tenir trois heures sans être rattrapée par le monstre.
Mais qu'elle gagne ou qu'elle perde, ce sera toujours elle le gibier. Toujours elle qui sera frigorifiée, écorchée, terrorisée, humiliée.
Par son mari Thomas.
"Comme s'il y avait marqué proie sur son visage."

Amateur de thrillers psychologiques, j'ai été très surpris que Sandrine Collette s'aventure sur le terrain miné du pervers narcissique, de la façon dont celui-ci éloigne l'être prétendument aimé de ses amis et de sa famille, de l'illusion qu'il donne toujours en société d'être quelqu'un de charmant et bienveillant. Alors que derrière ce masque ne se cache que le visage abject et cruel d'une bête qui a piégé sa proie.
"Pourtant, il a l'air d'un gentil garçon. Il est bien élevé, il est calme, il est souriant."
Le plaisir de faire souffrir, de dominer, tout en étant vénéré par la femme qu'il a tellement détruite que même ses insultes deviennent, si ce n'est une musique, du moins un repère.
Des romans sur ce thème, j'en ai déjà lu beaucoup.
Je pense par exemple à Derrière les portes de BA Paris où l'idylle romantique cachait à l'héroïne les pires cauchemars. Mais aussi à Les blessures du silence de Natacha Calestrémé qui dissèquait à la façon d'un documentaire comment des femmes dont le seul défaut est de croire au grand amour peuvent en arriver à vivre recluses sous le joug du pire des salopards.

Alors oui, l'Auteure ( avec un A majuscule, j'insiste ) s'est éloignée cette fois de la nature. Pas de raz de marée, pas de vignobles, pas de steppes argentines ou de paysages volcaniques.
Juste un jardin de 350 mètres carrés, sinistre, que les arbres, fleurs et plantes se sont totalement appropriés. Celui de la nouvelle maison de Clémence.
Et toujours les forêts.

Oui également, le thème semble avoir été vu et revu et pourtant rarement avec ce postulat de départ.
L'enfer au quotidien, la manipulation, la victimisation sont bien sûr évoqués puisque ce sont les raisons qui l'ont poussé à s'enfuir.
"Elle est partie parce qu'elle n'en pouvait plus. Elle a compris que cela irait plus mal encore que ça n'allait."
Et non, elle ne va pas rencontrer un beau maître nageur à la piscine ni reprendre ses études pour devenir bibliothécaire.
Pas plus qu'elle ne va reprendre contact avec sa mère qu'elle n'a pas su protéger, plus jeune, de son salaud de beau-père.
Autrement dit, aller de l'avant lui est psychologiquement impossible.
Il lui reste le présent : Son travail de boulangère et une infinie solitude, une irréparable souffrance.
"Thomas a détruit en elle chaque parcelle de gaieté, traquant la moindre étincelle, le moindre espoir."
"Etre mal tout le temps. Encore et encore."
Sandrine Collette n'est pas réputée pour la luminosité de ses écrits, même si certains de ses romans laissent filtrer un mince rayon d'optimisme.
Et même si Clémence est enfin libre, en fin de compte elle est toujours aussi prisonnière de son passé.
Toujours enchaînée.

Elle n'a plus rien. Plus de repères, plus de famille, à peine une amie, un simulacre de vie qui n'a aucun sens.
"Elle le sent, qu'elle est aussi petite et aussi minable que ce qu'il lui a mis dans le crâne."
Elle a fui son tortionnaire de mari mais ce qu'il lui a inculqué est toujours là. Elle n'est bonne à rien.
Il l'a lobotomisée à force de la rabaisser, de lui dire les pires insanités ou l'obliger à respecter son bon vouloir.
Sous peine d'une punition pire encore que les choses dégradantes demandées.
"La passion de Thomas, c'était cela. Détruire."
Alors certes, elle l'a quitté.
Mais il est toujours là, omniprésent.
La terreur de le recroiser également parce qu'elle est certaine qu'il la recherche.
Alors elle souffre en continu. de ses peurs, de sa solitude, de son invisibilité.
"A elle, il ne reste que cette fichue saloperie de transparence."

Et le plus affreux ce ne sont pas ces symptômes de stress post-traumatique. Ce sont ces pulsions qui la poussent à retrouver Thomas.
Comme s'il y avait entre eux un cordon ombilical impossible à couper tout à fait.
Comme si elle était victime du syndrome de Stockholm. Après tout, si Thomas était tel un ravisseur de rêves romantiques, ils ont aussi partagé quelques rares bons moments. Et même dans les mauvais elle avait au moins le sentiment d'exister.
Il vaut mieux être seul que mal accompagné ? Pour Clémence la question se pose réellement.
"Si seulement elle était sûre de ne pas vouloir qu'il la trouve."
Sandrine Collette nous décrit avec Talent ( avec un T majuscule ) ce phénomène d'emprise.
Malgré tout ce qu'il lui a fait subir, Thomas continue à agir sur Clémence comme un aimant.
Et même si la maltraitance est psychologique ( qui est à mon sens aussi répugnante si ce n'est plus que la violence domestique, bien plus vicieuse également ), on comprend en entrant dans la tête de l'héroïne à quel point il est difficile voire insurmontable pour certains conjoints ( des femmes le plus souvent ) de quitter le domicile conjugal, de demander de l'aide, de sortir de cette spirale infernale. D'autant plus quand il y a des enfants. C'est plus compliqué que le simple déni ou le repli sur soi.
Etre mal accompagné est tout simplement préférable dans certaines circonstances.

Ces orages-là narre avec beaucoup de justesse le quotidien et les pensées de cette femme vieille avant l'âge, perdue entre un passé presque rassurant malgré son aspect ignoble et des espoirs de vie meilleure, de projets qui n'aboutiront jamais, ce qui la rend à fleur de peau.
L'histoire ne s'arrêtera pas à ces simples aspects moraux et de nombreux évènements donneront une tournure progressivement différente à la vie de Clémence. On n'est pas dans un thriller avec des rebondissements incessants mais la situation va évoluer parfois de façon surprenante.
Jusqu'à la fin, amorale ou on ne peut plus normale, chaque lecteur sera libre de se faire son opinion.

Les oeuvres de Sandrine Collette revisitent parfois les contes ou se veulent des fables modernes. Je n'ai pas du tout eu cette impression avec celui-ci même si le hasard fait parfois un peu trop bien les choses. On est ancré dans une bien triste réalité. Je n'ai qu'un regret, c'est ce passage où elle fuit, hagarde et terrorisée, et où elle va trouver refuge chez un parfait inconnu. Vu sa situation et son passé avec la gente masculine, j'ai pour ma part trouvé ce moment charnière totalement Incohérent. Avec un I majuscule.
Mais c'est une goutte d'eau dans un livre somptueusement écrit, riche en émotions et en réflexions, qui ne devrait laisser personne insensible.


( Avec une petite pensée pour feu mon arrière-grand mère, qui elle aussi se prénommait Clémence. )

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Chaque roman de Sandrine Colette est un beau récit d'une lutte intérieure, mais également d'un compagnonnage d'un être et de son chagrin.

En ouvrant un nouvel ouvrage de l'auteure française, même sans avoir épluché la 4ème de couverture, la magie opère.
La recette incollable est toujours la même: un être cabossé nous est présenté et en à peine quelques lignes nous embrassons son histoire, nous partageons ses peines, nous rentrons tête la première dans ce nouvel univers instable et oppressant.

Parce que Sandrine Colette sait saisir l'absurde des relations, la grande farce dont les humains se font les héros avec constance, dans les rires mais très souvent dans les larmes.

Dans Ces orages-là elle dissèque la violence domestique, la violence faite aux femmes, son impact, son onde de choc, sa force de destruction massive.
Et avec une plume merveilleuse qui ne cesse de s'épaissir, elle crée une langue en ébulition à l'intérieur de laquelle explosent des images crues et inconfortables.
Et lorsque le tragique s'approche, cette langue de toute beauté malgré les horreurs qu'elle raconte, se gonfle comme pour transcrire au mieux les cris intérieurs du personnage principal.

De chaque roman de Sandrine Colette j'en tire des leçons de vie. 
Si je devais résumer celle-ci en une phrase cela donnerait:

Les émotions non exprimées ne meurent jamais. Elles sont enterrées vivantes et libérées plus tard de façon plus laide, beaucoup plus laide…

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Clémence , une jeune femme de trente ans court , court dans les bois.

Elle court à moitié nue, c'est l'été , il fait chaud , elle a peur, son sang est comme glacé à l'intérieur, poursuivie par un homme ses nerfs sont à vif, elle écoute , écoute ….il faut que ça s'arrête ….
Un mois plus tard , elle quitte le domicile , démissionne de son travail .

Elle s'est enfuie …délivrée du monstre , du chantage, de la peur atroce, des soirées abruties d'insultes , des tremblements, de la panique , de la traque, de l'emprise , de la crainte , de l'humiliation, de la sensation d'être une proie ,son cerveau constamment en alerte .
,Elle signe dans une agence ,tente de se reconstruire dans une maison fissurée , petite et laide ,étroite , moche…..
Comme sa vie, petite , rabougrie , elle est meurtrie ..

Qui peut comprendre cela? .

Est- elle capable de pardonner? .

C'est un thriller glacial ,oppressant , qui mêle intense approche psychologique et symbolisme, il sonde la part animale de chacun de nous.
Le lecteur est plongé au coeur du cerveau de cette femme sous emprise , au bout du rouleau , un désespoir sans nom, une noirceur extrême , roman introspectif , vertigineux , éclairé tout de même par le jardin paradisiaque qui entoure la maison , pendant lumineux de la forêt très sombre du début mais surtout par la présence du vieux voisin , au prénom prédestiné , Gabriel , Clémence , libre en apparence , évolue dans une cage mentale , étroite où elle se sent piégée , même Gabriel n'imagine pas de quoi est capable Clémence , sa rage intérieure, cette petite chose fêlée , transparente, persuadée comme toutes les victimes de harcèlement , convaincues de leur insignifiance coupable, de leur faiblesse à cause de leur relation toxique .
Gabriel est une bouée , un rocher pour Clémence .

Il prend cette petite maigrichonne sous son aile , devinant la rupture ,l'emprise quelque chose de terrible ….

Elle porte en elle les violences psychiques qu'elle a subies et dont elle ne parvient pas à se défaire , une terreur sans nom ….

L'écriture est tendue , clinique , brute , parfois minimaliste,, le récit vertigineux , noir , aux allures de catastrophe m'a souvent mise mal à l'aise ….
J'avais lu un autre roman de cette auteure et beaucoup aimé ….
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Et si le plus dur dans une relation toxique n'était pas de partir mais de se reconstruire … ???

Bien qu'inconditionnel de Sandrine Collette depuis plusieurs années, je suis resté sur un avis mitigé et plutôt déçu avec ce nouveau roman qui aurait pu rester au stade d'une simple nouvelle vu la taille du roman (235 pages). Tout compte fait, dans ce roman, elle nous dévoile toute l'horreur vécue par une femme trentenaire et toute menue, maltraitée et rabaissée, sous l'emprise de son compagnon, Thomas, en permanence. Son salut est d'avoir organisé sa fuite pour se libérer une fois pour toutes de cet être tentaculaire et opprimant. S'il n'y a pas eu de coups portés ni d'actes de violence physique à son encontre, Clémence garde en elle un traumatisme psychologique colossal et perturbant. Et les premiers pas (et les efforts entrepris en ce sens, bien que difficiles à assumer et réaliser) vers une nouvelle vie vont lui être précieux ...

Cependant , "Ces orages-là" est un livre-témoignage et récit introspectif poignant qui a pour mérite d'aborder les violences sexistes et conjugales ainsi que les relations toxiques différemment, un sujet de société hélas bien réel.
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Sandrine Collette est de ces auteurs qui possèdent un style bien particulier. Une écriture percutante, des thématiques anxiogènes et le tout vous prend à la gorge et vous étreint jusqu'à la fin.

Cette fois, elle traite de la violence conjugale, de l'emprise que le pervers narcissique a sur sa victime, sa proie.

Clémence est une jeune femme fragile, peu sûre d'elle. Lorsqu'elle rencontre Thomas, elle ne voit pas que le piège se referme sur elle. Isolée, privée de ses proches, il la rabaisse, l'humilie, la terrorise. Jusqu'au jour où elle fuit. Mais elle emmène avec elle ses angoisses, ses doutes et c'est ça que Sandrine Collette explore dans son roman. Clémence finira t-elle par trouver la paix ? A vous de voir ;-)

Pour ma part, je me suis laissée emporter par la plume magnifique de l'auteure et par la manière dont elle a décortiqué les pensées de sa jeune héroïne.
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