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Citations sur Six fourmis blanches (123)

Quelle horrible impression, celle de nos propres limites : jamais, dans la vie ordinaire, nous n'avons besoin d'aller aux frontières de ce dont nous sommes capables, à l'extrême de nos forces. Le sentiment d'arriver au bout nous est étranger. Nous nous croyons invincibles, quand nous n'avons simplement pas à utiliser nos réserves. Nous sommes des protégés, des assistés qui s'ignorent. Des faibles. (..) Devant l'immensité des éléments, dans des situations extrêmes, nous ne sommes plus rien.
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Le mal suinte de ce pays comme l’eau des murs de nos maisons tout le long de l’hiver. Enraciné en nous, telle une sangsue fossilisée sur une pierre. C’est ce que disait mon grand-père, et avant lui son père, et le père de son père : depuis toujours ces montagnes sont maudites. Qui se souvient que quelque chose de beau y ait été conçu, s’y soit développé ? Que de contreparties à notre présence ici, que de compromis pour nous donner, parfois, le sentiment de bien vivre. Les vieux répètent à l’envi que les mauvais esprits ont choisi cet endroit pour venir mourir ; qu’ils y agonisent des années durant, crachant des imprécations sur nos roches et nos forêts malingres. Nous sommes de trop dans ces vallées ; nous en payons le prix fort. Nous aurions dû abandonner ces terres où nous n’avons jamais été les bienvenus. Si seulement nous étions raisonnables. Mais nous sommes faits de la même caillasse, refusant de céder une once de terrain, acharnés à faire pousser les tubercules qui nous permettent de tenir amaigris jusqu’au printemps suivant. Heureux d’un rien, aussi.
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On ne vaut pas grand-chose face à la nature, ses déchainements incompréhensibles, et notre réflexion stupide de chercher une explication.
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Mais rien n’y fait, chaque année me retrouve glacé et persuadé que l’hiver est éternel; convaincu que jamais rien ne ramènera un peu de chaleur dans mes bras et dans mes jambes. Chaque année je me trompe.

(p.11-12)
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Comment meurt-on de faim ? Au fond, je n'en n'ai pas idée. Je viens d'un pays où cela n'existe pas.
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Aujourd'hui nous avons trente mille pas devant nous. Si tu ne vois que ces trente mille pas, autant t'asseoir et abandonner tout de suite. Mais si, quand tu fais un pas, tu conçois qu'il n'en reste plus que vingt-neuf mille neuf cents quatre-vingt-dix-neuf, puis vingt-huit mille, vingt-cinq, et qu'à un moment il en restera moins à faire que tu en as déjà fait, alors tu comprendras que cela vaut la peine d'avancer.
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Le ciel, nous y sommes. Quand nous tendons les bras, que nous ouvrons les doigts, que touchons-nous sinon le ciel ? Pourquoi est-ce que ce serait toujours loin par-dessus nous ? Nous avons les pieds sur terre, mais tout ce qui est au-dessus baigne dans le ciel. Il est là, tout près, qui nous entoure et nous enveloppe. Nous avons les mains dedans, nous le respirons chaque seconde.
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En ce début de journée du mois de mars 2013, nous ressemblons à une courte file de fourmis montant à l’assaut des montagnes, sages et ordonnés bien en ligne, et peut-être les autres se demandent-ils comme moi pourquoi ils ont plongé dans cette escapade, à quoi cela leur sert, et si le plaisir de raconter ce qu’ils auront vécu là-haut vaut la peine que nous avons à enchainer un pas après l’autre, inlassablement, entre les pauses pour boire, respirer, boire encore. Vigan nous a prévenus : nous perdons un litre d’eau par tranches de cinq heures en altitude, et nous perdons aussi le sentiment de la soif, à cause du froid.
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Je me souviens de reportages à la télévision, des témoignages de randonneurs perdus dans la montagne, dont la plus grande peur est de s'endormir sans s'en rendre compte. C'est ainsi que la mort prend les hommes dans le froid: en douceur, sans heurt, comme un sommeil éternel. Juste le cœur qui s'arrête. Ça ne fait même pas mal.
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Je crie, je siffle, mais il est trop loin, dans des songes que je préfère ne pas connaître, et il faut que je lui pose une main sur l'épaule pour qu'enfin il revienne en sursautant, et qu'il braque sur moi ce regard qui devrait me faire fuir, ce regard blanc et vide des aveugles et des fous.
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