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Critique de Bellonzo


Adaptation impossible

Florence Colombani déjà auteur d'un très bon essai sur Elia Kazan(voir ce blog,cinéma américain) vient de publier un ouvrage érudit mais clair et passionnant sur l'un de mes cinéastes préférés.Proustienne convaincue comme Visconti elle s'est penchée sur les oeuvres du metteur en scène et de l'écrivain.On sait que Luchino a toute sa vie couru après l'adaptation de Proust,sans succès pour différentes raisons que Florence Colombani explique d'ailleurs.Mais surtout dans Proust-Visconti,histoire d'une affinté élective(Philippe Rey) elle démontre l'étroitesse des liens entre les deux oeuvres et comme quoi l'influence de Marcel est tangible dans tous les films de Luchino y compris les premiers,encore pourtant très néoréalistes et éloignés apparemment du style proustien.

En plusieurs chapitres très joliment intitulés le narrateur,Les multiples visages du baron de Charlus,Elégantes proustiennes Florence Colombani nous initie à ces calmes mystères quoiqu'inquiétants où les images du Duc semblent comme dans une "correspondance suspendue et fleurie" avec les mots et le style de Proust.Bourgeoisie,décadence,saphisme et désir drôlant le morbide,décors somptueux comme vacillant et plongeant vers la fin d'un monde,du monde non pas selon Proust ou Visconti,mais du monde qu'ils ont contribué à recréer.On comprend très vite l'association entre Balbec et Venise,entre les viellissants Professeur(Violence et passion),Prince(Guépard),ou Compositeur(Mort à Venise,pourtant d'après Thomas Mann?Mais Mann lui-même n'est-il pas étonnamment proustien?) et les Swann, Charlus, etc...

Thème commun aux deux que cette déstructuration des dynasties come celle des Damnés ou de la famille de Rocco et ses frères pourtant très socialement éloignée par rapport aux Guermantes.Enfin la Sérinissime visitée par le narrateur d'Albertine disparue est bien soeur de la Venise de Senso ou de Mort à Venise,vieille catin mal maquillée et que l'on désire malgré tout sans être exagérément fier de soi.Mais quiconque a contemplé la Beauté à la mort est déjà voué.Le narrateur chez Proust contemple l'Ange d'or du Campanile de Saint Marc comme Aschenbach contemple Tadzio,"rutilant d'un soleil qui le rendait impossible à fixer".

Ce ne sont là que quelques traces de ce magnifique jeu de piste que nous propose Florence Colombani.Il y en a bien d'autres.A lire pour qui veut ne pas rester en dehors de cette rencontre irréelle entre deux génies.Visconti n'a donc jamais réussi à adapter La recherche...Détrompez vous.Il n'a fait que cela et plutôt bien.

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