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EAN : 9781798632581
130 pages
Auto édition (03/03/2019)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
L’année de mes 20 ans, je lisais dans « Le canard enchainé » du 03 juillet 1974 :« (..) A Gentioux, en Creuse, le monument aux morts présente un orphelin qui lève le point sur l’inscription lapidaire : « Maudite soit la guerre ».Le monument de Gentioux n’a jamais été apprécié par les autorités recueillies, les traineurs de sabre, et autres bourreurs de crâne. Si on maudit la guerre, comment exalter les vertus de l’armée ? Aussi le monument aux morts de Gentioux n’a-... >Voir plus
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
"Préface de Rodolphe DALLE

Si nécessité il y a, c’est la guerre, qui est chose commune, et la justice, qui est discorde, et tout ce qui se fait suivant la discorde et toutes les choses qui, suivant elle, sont des nécessités.
Héraclite

On entend dans les médias, dans la vie courante, ici ou là, que telle chose ou telle parole est poétique ; comme c’est poétique, un peu de poésie dans ce monde de brutes. Mais qu’est-ce que cette poésie là ?
Dans bien des cas, « poétique », c’est d’ailleurs une caractéristique que partage cet adjectif avec un autre, « romantique », est devenu ce qui désigne dans un mélange de naïveté et de mièvrerie une forme inhabituellement esthétique. Comme le romantisme s’est replié sur la fleur bleue, la poésie s’est laissée enfermer dans une gentille image de récitation de classe de l’école primaire et a été exilée dans des contrées insipides. C’est pourtant oublier un peu vite qu’en Arcadie aussi se cache la mort et que la poésie n’est ni le gazouillement guilleret des petits oiseaux dans un ciel éclatant de printemps, ni la musique des angelots de l’amour affadi des contes de fées revus et attiédis par un studio hollywoodien.
La poésie se teinte toujours de noir, comme la mélancolie qui la suscite. Chargé de fabriquer le monde comme un bon artisan, le poète qui doit à cette funeste humeur noire son inspiration ne se contente pas de produire le vers le plus parfait, ni de trouver le mot le plus juste, il voit et fait voir ; il décille les yeux sans quoi il ne saurait être que le plus froid des versificateurs, l’auteur d’une cadence vaine.
Chante, ô déesse, le courroux du Péléide Achille , au commencement, la poésie et la guerre ont célébré leurs terribles noces de sang. Mais à la gloire des héros, aux morts d’Arès rendent honneur, les dieux et les hommes, s’est substitué le dégoût moderne et lyrique de Polémos. C’est aussi que la guerre a changé, s’est muée en une barbarie qui ne répond à aucune règle ni aucun code. L’art que les traités anciens voulaient décrire a disparu avec sa technique et son langage pour ne plus devenir qu’un bruit et une banalité.
L’abjection de la guerre réside dans ce que la guerre s’est définitivement séparée de la paix, elle ne se tient plus comme ce qui appartient à la paix, comme la paix n’est plus dans la guerre. Chaque chose, chaque être séjourne dans son contraire et la poésie trace dans son expression le sentier qui distingue le même de l’autre, car l’être est contigu à l’être.
La guerre en Europe s’est effacée et délitée de la société et pourtant reste partout. Sans épopée, cette guerre ne produit plus de mausolée, les mémoriaux ne sont plus érigés dans l’espace public. La guérilla devenue permanente et diffuse donne lieu à la commémoration régulière, reste alors à la poésie la force de maudire la guerre, maudire ce qui est un souvenir qui s’efface au fur et à mesure des générations.
Didier Colpin pose cette question qui semble aujourd’hui anachronique, comment être encore pacifiste quand la guerre a changé de statut ?
Maudite soit la guerre, c’est aussi le cri, une plainte contre tous les dogmatismes, les prétextes qui servent de justification à la violence qui ne saurait en avoir. Poésie de l’allusion, le vers se fait chant. On entend en arrière plan cette musique aux accents de blues, une cadence lyrique qui dans l’alexandrin déplore le sang qui coule et noie l’espace contemporain. Mais le ton est aussi celui du rock ; le rythme plus court, coupé mais dans un balancement où
l’harmonie se donne comme un oxymore et comme le signe farouche d’une volonté de ne pas renoncer à cet idéal pacifique qui apparaît dans l’alternance régulière entre rimes féminines et masculines.
La facture classique du poème chez Didier Colpin est aussi l’expression la plus radicale de cette audace pour faire entendre à une époque où la guerre a changé de visage et le pacifisme est sans voix ce chant profond et indispensable d’un refus de la violence.
Parole salutaire, la poésie de Didier Colpin est une exigence d’intégrité contre toute forme d’intégrisme. Poétique rime toujours avec politique, notre cité ne peut lutter qu’avec cet indispensable inutilité que rappelle Nuccio Ordine en citant Federico Garcìa Lorca qui notait qu’il est imprudent de vivre sans la folie de la poésie. Cette même folie qui inspire le poète est sans doute parfois, comme c’est le cas ici, la trace d’une utopie essentielle, indispensable à toute société.

Rodolphe Dalle est un universitaire nantais titulaire d’un DEA et d’un CAPES en lettres modernes.
Membre fondateur de l’Association des Enseignants de communication en IUT, il enseigne dans les disciplines suivantes : Communication, sémiologie de l'image et Ressources Humaines.

Notons parmi ses thèmes de recherche : la Les théories de l’inspiration et l'imaginaire de la création artistique et littéraire.
Il s'intéresse plus particulièrement aux auteurs du 17ème siècle, aux œuvres de Marcel Schwob, Hervé Guibert et Bernard Noël.

Liste thématique (non exhaustive) de ses travaux et de ses publications :
- « Écriture et émotions à l'âge classique »,
- « Le déploiement de l'écriture chez Boileau »,
- « Discontinuité, plasticité et poétique : pour une herméneutique de la Vie de Morphiel démiurge. Notes sur l'inspiration de Marcel Schwob ».

Rodolphe Dalle est auteur de chapitres dans les ouvrages suivants (entre autres) :
- « Fiction du poétique et imaginaire de la ville »,
- « Littérature et communication ».

Il a également rédigé divers notices dans le
« Dictionnaire international des littératures » (Larousse)."
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Vidéo de Didier Colpin
texte © Didier Colpin, ( https://www.facebook.com/didier.colpi... ), tous droits réservés musique, instruments, voix, mise en images © Franklin Hamon ( https://www.facebook.com/lesrosesveltes ) , tous droits réservés
5° poème mis en musique et en images par Franklin Hamon, qui en est également l’interprète. Travail toujours aussi b e a u . . . Que dire sinon un sincère MERCI ?!
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