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Citations sur Traversée de la Mangrove (14)

- Tu vois, j’écris. Ne me demande pas à quoi ça sert. D’ailleurs, je ne finirai jamais ce livre puisque, avant d’en avoir tracé la première ligne et de savoir ce que je vais y mettre de sang, de rires, de larmes, de peur, d’espoir, enfin de tout ce qui fait qu’un livre est un livre et non pas une dissertation de raseur, la tête à demi fêlée, j’en ai déjà trouvé le titre : « Traversée de la mangrove ».
- On ne traverse pas la mangrove. On s’empale sur les racines des palétuviers. On s’enterre et on étouffe dans la boue saumâtre.
- C’est ça, c’est justement ça.
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Ce mort-là est à moi. Ce n'est pas par hasard si c'est moi qui l'ai trouvé, déjà boursouflé, dans la trace à l'heure où le ciel saignait derrière la montagne. Je suis devenue sa maîtresse et sa complice. Je ne le quitterai qu'au moment où les premières pelletées de terre tomberont sur le bois de son cercueil.
Et pourtant, de son vivant, je ne le portais pas dans mon cœur, cet homme-là, et j'étais bien de l'avis de ceux qui s'apprêtaient à envoyer une lettre recommandée au maire pour qu'on l'expulse comme les Haïtiens et les Dominicains qui transforment les terrains de football de Petit Bourg en terrains de cricket. Vraiment, ce pays-là est à l'encan. Il appartient à tout le monde à présent. Des métros, toutes qualités de Blancs venus du Canada ou de l'Italie, des Vietnamiens, et puis celui-là, vomi par on ne sait quel mauvais porteur, qui s'est installé parmi nous. Oui, notre pays a changé, c'est moi qui vous le dis. Dans le temps, nous n'avions pas connaissance du monde et le monde n'avait pas connaissance de nous. Les chanceux bravaient la mer jusqu'à la Martinique. Fort-de-France était de l'autre côté du monde et l'on rêvait de l'or jaune de Guyane. Au jour d'aujourd'hui, pas une famille qui n'ait sa branche en métropole. On visite l'Afrique et l'Amérique. Les Zindiens retournent se baigner dans l'eau de leur fleuve et la terre est aussi microscopique qu'une tête d'épingle.
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Mais le bonheur n'est jamais qu'une parenthèse dans l'océan sans mesure du malheur.
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Seul celui qui a vécu entre les quatre murs d'une petite communauté connaît sa méchanceté et sa peur de l'étranger.
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Prends patience. Bientôt, je serai dans tes bras. Tout contre ta poitrine, à me gorger de ton bon lait blanc. Et au fur et à mesure que je grandirai, je te consolerai de chaque coup d'épine de la vie.
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Je me suis rendu compte que mon coeur était resté un oignon fragile, fragile, enveloppé de couches de peaux que je croyais coriaces, mais qui laissaient passer sans difficultés la lame du couteau de la souffrance.
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Nos peaux étaient de la même couleur. Nos cheveux du même grain. Et pourtant, je vivais dans l'opulence sans souffrance dans une maison à galerie et à galetas. Je faisais écailler mon poisson par une servante qui me servait deux repas par jour. A leurs yeux, j'étais une traitresse ! Je souffrais de cet isolement, car j'aurais voulu qu'on m'aime, moi. Je ne savais pas que le Nègre n'aime jamais le Nègre.
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Je regardais finir ma jeunesse. Comme elle avait passée! Elle avait coulé comme un cierge devant l'hotel de la Sainte Vierge et il ne restait plus qu'une petite mare tiède de rêves fondues.
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Il rêvait. A quoi ressemblait son île avant que l'avidité et le goût du lucre des colons ne la mettent à l'encan ? Au Paradis que décrivait son livre de catéchisme. Oui, c'est Loulou qui avait planté en lui cet amour des arbres, des oiseaux. Hélas, à présent la forêt était une cathédrale saccagée. Il fallait se contenter de piètres prises...
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Toi aussi, je parie, tu veux défendre les opprimés ? Mais quoique tu fasses les opprimés te haïront. Ils flaireront d'où tu sors et te haïront pour cela. Et puis sais-tu que rien n'est plus féroce, plus foncièrement abject qu'un opprimé qu'on libère de ses chaînes... ?
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