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3,63

sur 80 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Mais quelle bonne idée , de la part des Editions Belfond ,de ressortir des romans oubliés ou méconnus de nous autres Français, sous l'appellation "roman vintage" !
Mrs Bridge (et Mr Bridge) , une oeuvre en diptyque , sortie en 1959 , raconte les tribulations d'une mère au foyer américaine , entre les deux guerres .
Adapté au cinéma avec dans les rôles titres , Paul Newman et (son épouse dans la vie ) , l'actrice Joanne Woodward en 1990 , ces deux romans sont très estimés par les écrivains américains .

Madame Bridge n'a jamais compris pourquoi ses parents lui avait donné un prénom aussi original qu'India , elle qui est si conventionnelle . Jamais un mot plus haut que l'autre , la politesse jusqu'au bout des ongles , Madame Bridge , pur produit de son éducation, va traverser sa vie sans que rien ne l'atteigne vraiment . Elle ira de tâtonnement, en hésitations, interrogations , désoeuvrement, sans que jamais , elle ne mette un coup de pied dans la fourmilière .
Ayant épousé jeune fille , un avocat promis à un bel avenir , elle se contentera de ce que son mari lui donne comme affection oubliant son désir à elle et son insatisfaction en cours de route ...
Trois enfants plus tard , elle les regardera grandir, dubitative, ne remettant jamais en question leur éducation, sans vraiment les connaitre, sans vraiment les comprendre .
D'ailleurs, c'est cela le drame de sa vie . Comprend -t-elle sa vie ? A quoi sert-t'elle ?
Perdue dans une grande maison, où la bonne effectue toutes les taches, elle s'ennuie ...
La fille du jardinier noir joue avec la sienne , jusqu'à ce qu'elle s'arrange pour les séparer. On ne se mélange que jusqu'à un certain âge et que jusqu'à un certain point .
La société change , évolue : ce sera sans elle .
Racisme bien pensant , nazisme qui pointe son nez , féminisme , sexualité . Madame regarde sa vie mais ne la vit pas . ♫Madame rêve ♫, madame Bridge est à coté de la plaque , mais Mrs Bridge est une bonne épouse, une bonne citoyenne, Mrs Bridge ne fait pas de vagues ..
Une exquise esquisse d'une femme d'une certaine classe sociale, d'une certaine époque, dans un certain pays ...

♫Madame rêve♫ , élégante chanson au rythme lancinant pourrait être la BO de ce livre . Un charme suranné, désuet, une plume ciselée , précise . Une espèce de distance dans l'ironie . Un roman d'une classe aristocratique .

Hum ... maintenant que j'ai fait la connaissance de Madame , j'aimerais que les éditions Belfond me présente rapidement Mr Bridge ...
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Splendeur ! Merveille infiniment triste, mais aussi drôle et légère ! Mrs Bridge, petite soeur coincée de Madame Bovary, petite soeur innocente, sourde, aveugle...
India (beau prénom recherché auquel elle n'a jamais pu s'habituer ) vit à Kansas City dans l'entre-deux-guerres, avec son mari Walter Bridge, et ses trois enfants Ruth, Carolyn et Douglas. Son portrait est dressé avec génie par l'auteur en cent-dix-sept touches, à la fois impressionnistes et chronologiques, qui nous mènent de la jeune fille à la vieille dame. Tout est extraordinaire dans ce texte :
-le temps qui passe sans bruit, détruit silencieusement, et l'esprit qui reste identique à lui-même jusqu'à se dire avec surprise que la vie est passée...Cela fait encore penser à Flaubert et Un coeur simple.
-La distance, la solitude de Mrs. Bridge face à son mari, ses enfants qu'elle ne comprend pas, de moins en moins, enfermée qu'elle est dans des conventions qu'elle ne peut pas remettre en question.
-Le poids des conventions sur un esprit normal, peu aventureux, qui mène au déni du réel, presque à la folie tant le monde de Mrs Bridge est restreint, superficiel, immature. Ainsi, quand sa fille Ruth révèle à sa mère qu'elle héberge souvent chez elle, à New York, un ami homosexuel, sa mère lui dit ne pas comprendre ce qu'elle dit. Et en la regardant, Ruth se rend compte avec stupeur, effroi et pitié que c'est la vérité. Mrs Bridge ignore l'existence de l'homosexualité.
-L'ennui, l'inutilité, le vide de son existence qui l'approche d'un profond vertige.
-l'absence de réflexion sur les questions fondamentales du siècle, les guerres, la ségrégation raciale, les crises.
Et la lectrice est profondément choquée et bouleversée que l'on puisse éduquer un être à n'être qu'ignorance et apparence. Mrs Bridge pressent qu'il y a autre chose, mais elle ignore quoi. Et faute de le comprendre, de le chercher, faute qu'on l'aide à le faire, qu'on s'intéresse suffisamment à elle pour lui montrer la voie, elle perd tout, ou bien elle n'a jamais rien eu.
C'est beau, affreux, magnifique.

Et...L'auteur a eu l'idée maîtresse de continuer par la création d'un deuxième tome : Mr. Bridge. La même histoire, côté mari...
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Connaissez-vous la collection des romans vintage de chez Belfond ? Honte sur moi qui suis pourtant une passionnée de romans « vintage » (ou au moins se passant dans les années 20 à 60), je ne connaissais pas. du coup, grâce à cette masse critique, j'ai découvert un peu la collection et me suis rendue compte que j'en avais vu « passer » et que cette collection vintage a un sacré potentiel et qu'il va falloir que je m'y penche pour mes mini chroniques littéraires dans le magazine papier Pure Vintage. Bref, j'ai donc eu l'occasion de lire Mrs. Bridge, premier livre d'un diptyque célèbre, publié pour la première fois en 1959, oeuvre fondatrice de la littérature américaine d'après-guerre à l'écriture précise et redoutable avec une construction de haut niveau. Ici, vous êtes au coeur d'un véritable chef d'oeuvre et chaque mot est pesé, ajusté, chaque phrase a la tournure parfaite pour nous entraîner dans les « tourments » de la vie de Mrs Bridge. En tout cas, moi, lire du classique de ce genre je dis oui. Car j'ai passé un super moment avec Mrs.Bridge.

L'histoire se déroule entre les deux guerres, dans les années 30 pour nous entraîner jusqu'au début de la seconde guerre mondiale. Dans ce tome là, nous allons suivre le quotidien de Mrs Bridge, femme au foyer vivant dans un milieu aisé, porté par les revenus et la situation prestigieuse de Mr Bridge, son mari avec qui elle aura 3 enfants. Nous allons voir Mrs Bridge évoluer au long de sa vie de femme au foyer, d'abord dans les débuts du mariage, puis en élevant ses enfants, puis quand les enfants n'ont plus besoin d'elle. Très vite nous nous rendons compte que son couple est typique des couples américains de leur milieu de l'époque : la femme dans l'ombre de l'homme, la femme qui doit savoir converser et recevoir, la femme qui a des convenances et les inculque à ses enfants, la femme qui chaque jour se doit d'être « quelqu'un » et se composer un masque. Mais surtout nous voyons un couple que ne vit pas ensemble mais plutôt côte à côte. L'amour est là, sans aucun doute, mais il ne s'exprime pas, il est pudique, glacial, conventionnel.

« Une nuit elle réveilla son mari et lui confia son désir. Il lui entoura gentiment la taille de son long bras blanc ; elle, heureuse, tendre, confiante, se tourna vers lui. Mais rien ne se passa. »

De la jeunesse à l'âge mûr nous voyons Mrs Bridge sombrer dans l'ennui, la lassitude et le sentiment d'être inutile. Une fois les enfants autonomes, à quoi peut servir Mrs Bridge ? Alors que sa domestique fait tout à la maison, nous ressentons un profond ennui. Les temps passe, le poids de l'âge, de la solitude et du sens de la vie sont décrits à la perfection par l'auteur à l'aide de mots simples mais parfaitement choisis. Alors que Mrs Bridge mène une vie confortable et sans « problème » on ne peut s'empêcher de compatir et de comprendre son sentiment d'isolement, de trouver les journées longues pour elle. Chaque jour qui passe Mrs. Bridge vit sous la pression des convenances et des apparences : toujours mettre des serviettes dans la salle de bains pour les invités même si personne n'y touchera jamais, toujours porter des bas au cas où quelqu'un viendrait même en cas de canicule, savoir converser, ne jamais contredire son mari, offrir ce qui convenable aux enfants ( des gaines à 14 ans pour les filles, un chapeau au même âge pour le garçon). Mrs Bridge vit derrière toutes ses convenances et en oublie le sens de sa vie, de la vie en général.

Alors qu'elle s'efforce d'enseigner tout ses acquis à ses enfants, ces derniers sont plus réticents, appartenant à une jeunesse plus moderne et qui souhaite se délester de convenances dépassées. Derrière l'éducation de ses enfants et son rôle de parfaite femme d'intérieur, Mrs. Bridge s'oublie et, le jour où elle se retrouve seule, sans enfant à éduquer, elle ne sait plus qui elle est. Qui sont ses amies ? Que partager avec elles ? Où aller à présent ? Quel est le sens de l'existence ?

Chaque chapitre est très court, nous en comptons 117, concis et précis, construits comme des « vignettes » de vie, relatant d'une anecdote de la vie de Mrs Bridge et de ce qui l'entoure et au fond, traitant du monde à travers ses yeux. Aucun mot superflu, pas d'effet de style jubilatoire, mais tout est élégance et direct. La plume est tellement brillante qu'elle vous attrape dès le début et ne vous lâche plus. Il m'est quasi impossible de vous dire ce qui m'a fait aimer ce livre à ce point si ce n'est l'écriture sublime, juste, pertinente, non dénuée d'un certain humour, d'ironie, de compassion et d'un regard parfois sarcastique. Un récit de femme au foyer des années 30, porté par un narrateur qui scrute au fond même du personnage principal, cette femme qui jamais ne cède au vice, qui jamais ne relâche la pression. Cette femme qui agit comme une épouse et mère au foyer se doit d'agir, sans jamais se relâcher et prendre le temps de savoir qui elle est. Un panoramique de la vie américaine des années 30, des personnages typiques de la classe bourgeoise auxquels on finit par s'attacher.

En bref :

Un roman poignant mais aussi ironique sur le quotidien désespéré et terriblement solitaire d'une femme au foyer des années 30 américaines, dans une classe supérieure remplie de convenances. Alors qu'elle est prisonnière de son rôle de parfaite épouse et de parfaite maman, enseignant des valeurs obsolètes à ses enfants, Mrs. Bridge s'en oublie et, les années passant, sombre dans un sentiment de désoeuvrement et de solitude complète. Un couple marié, amoureux mais qui vit l'un à côté de l'autre, jamais ensemble. Un premier volet d'un diptyque célèbre et chef d'oeuvre de la littérature américaine après-guerre qui vous rendra accro.

19/20

Un classique à lire et à relire
Lien : https://bettierosebooks.word..
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Dans la version numérique, on trouve en préface l'analyse complète de cette oeuvre par Joshua Ferris.
J'ai choisi de la lire en dernier pour ne pas découvrir l'histoire avant que j'attaque la lecture.
Divisé en petits chapitres, le livre se lit vite, mais j'ai pris mon temps pour profiter un peu plus de la compagnie de Mrs Bridge. Les situations drôles et sa naïveté m'ont beaucoup amusé.
Mais si on réfléchit plus, on ne peut pas s'empêcher de voir dans ce portrait de femme, une vie sans attrait, de la solitude et une souffrance qui s'accumule avec les années.
Je sais que Mr.Bridge est disponible en numérique. Je vais le prendre en vacances pour faire sa connaissance. Il est très peu présent dans le premier livre.
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Comme j'ai aimé ce roman ! L'auteur nous dépeint très bien la bourgeoisie des années 30 à travers la famille Bridge. La construction de ce livre nous partage des brèves du quotidien de Mrs. Bridge avec ses rencontres, ses discussions avec ses voisines, des petits commérages par-ci par-là, sa difficulté à comprendre ses enfants qui ne suivent pas toujours ses bonnes manières.
Mrs. Bridge est aussi une femme qui n'a pas vraiment d'opinions propres à elle, elle suit celles de son mari et elle se laisse aussi influencer par les nouvelles tendances qu'elle entend, entre autres lors des soirées mondaines et des réunions entre femmes.
L'auteur ne manque pas aussi de faire quelques touches d'humour dans certains passages où il y a parfois contradiction entre ce que souhaite Mrs. Bridge et ce qu'elle fait, ou bien, quand elle ne connaît pas un sujet d'une discussion et qu'elle donne son point de vue un peu au hasard.
Pour conclure, ce petit roman qui se lit très vite, m'a fait passer un très bon moment de détente et m'a bien fait sourire à des moments. C'est vraiment très bien écrit. Bref, une très belle découverte !
Lien : https://meschroniquesdelectu..
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Ce livre est particulièrement terrible à sa manière : selon moi, c'est une sorte de drame domestique ordinaire (mais je suppose que ça pourrait juste s'appeler : "la vie quotidienne des femmes il y a plusieurs décennies"). Mrs Bridge n'a pas d'avis, pas de personnalité, si jamais elle fait preuve de jugement, elle en est épouvantée. Son mari doit penser à sa place, prendre les décisions, et surtout, il est inenvisageable qu'elle aille à l'encontre de ça ! Quelle horreur ! Mais comme je le disais, il s'agit là sans doute d'une condition ordinaire en 1930.
Le drame réside dans ce vide qu'est la vie de Mrs Bridge, une espèce de vacuité de l'existence qui, personnellement, m'a glacé jusqu'aux os. Vers la fin, elle commence d'ailleurs sérieusement à désespérer de son désoeuvrement, nostalgique des années où elle avait un rôle, c'est-à-dire celui de mère, puisque c'est visiblement la seule chose importante pour une femme.
On pourrait penser que lire l'ennui d'une femme sur 300 pages est forcément ennuyeux, mais l'écriture est suffisamment fine et intelligente pour qu'au contraire, on y trouve un électrochoc, une critique acerbe de ce statut de potiche domestique, justement par cette absence de jugement formulé : il s'agit juste d'une succession de scènes, qui prennent partie par leurs nombres et leurs apparente banalité. On y trouve également, histoire de faire les choses bien, des petites piques de racisme, et un côté très conservateur qui va avec le reste.
Bref, c'est à la fois terrible et passionnant, mais ça fait surtout réaliser qu'on est bien mieux à notre époque !
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Merci aux editions Belfond et à Babelio.
Le chef d'oeuvre annoncé par le 4ème de couverture est bien là. En revanche, je trouve difficile de le décrire et de le critiquer...Car il ne se passe rien, du moins en surface. Mrs Bridge épouse Mr Bridge, avocat talentueux. Alors que son époux se consacre entièrement à sa carrière d'avocat, elle remplit avec docilité et application le rôle de l'épouse dévouée et de la mère exemplaire de leurs trois enfants, depuis les années trente jusqu'aux années 1960. Les jours et les années passent, son époux travaille sans cesse, les enfants grandissent, quittent la maison, et elle reste là, en apparence immuable et solide. Mais les failles et les blessures affleurent, révélant sa terrible solitude et la névrose qui guette.
Le récit est très rythmé grâce à de très courts chapîtres, s'enchainant comme des sketches. le ton est ironique, doux-amer voire mordant, le style précis, brillant et étonnament moderne.
Je me suis régalée confirme la mention "chef d'oeuvre".
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Mrs Bridge et son pendant, Mr Bridge, constituent un phénomène de l'édition américaine d'après-guerre, resté pendant de longues décennies presque complètement inconnu en France.

Incroyable le manque de porosité entre l'édition outre-atlantique des années 50 à 70 et son pendant français ! Que de grands romans à succès restés alors quasiment coincés entre les deux continents !

Heureusement, les éditeurs français comme Belfond et 10/18 (pour le format poche) ressuscitent depuis peu nombre de ces best-sellers qui sont aussi d'excellents romans...

Mrs Bridge a été publié en 1959 et constitue certainement un des romans les plus remarquables que j'ai pu lire au cours de ces dernières années. Remarquable, car il ne ressemble à rien de comparable.

Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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Comme son pendant masculin, ce livre est un petit bijou! A travers le personnage de la très conservatrice Mrs Bridge, Connell y livre une critique de l'esprit petit-bourgeois, pleine d'humour, de légèreté, de cocasserie parfois, mais aussi d'une grande acuité. On rit souvent, mais plus le livre progresse, plus on est touché par le désarroi de Mrs. Bridge, ému de la voir peu à peu perdre pied dans un monde où elle a perdu presque tous ses repères.
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quel excellent roman ! exquise lecture !
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