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Citations sur Pour qui s'avance dans la nuit (26)

La nuit, j'empêchais désormais Orphée de rejoindre ma mère. Nous nous cachions dans l'armoire et observions à travers la fente des battants en bois Bérénice, hagarde, retournant le lit et fouillant les draps. Orphée plongeait son visage dans mon cou. Son petit corps contre le mien, je l'enveloppais de mes bras et nous transpirions, nous suffoquions, pris au piège. Je passais mes doigts dans ses boucles, je le berçais très légèrement, le regard toujours rivé sur ma mère qui grognait. Pleurait. S'allongeait dans le lit d'Orphée, désespérée de devoir affronter ses monstres seule.
Peu à peu, elle s'est éloignée de nous. Elle nous évitait, se réfugiait chez Anouk ou dans la mer. Orphée déclinait, malade de la laisser dériver ainsi, mais incapable, désormais, de la suivre dans sa folie. Aux heures d'inquiétude, celles durant lesquelles elle s'absentait, succédaient des jours d’insouciance et le sentiment d'avoir retrouvé un paradis perdu. Orphée m'accompagnait dans mes expéditions, mes grandes explorations de l'île. Je nageais avec lui jusqu'à la dépouille d'une torpille dormant au fond de l'eau. Elle pouvait contenir un homme, même deux. p. 120
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L'obscurité, c'est de la matière. La nuit, c'est un monde.
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L'élégance est un parfum exaltant et délicat. C'est le murmure d'une confidence et le silence courtois qui s'ensuit. L'élégance est un grand regard rêveur, une clarté dans la pupille. Elle est puissante et fragile : de la porcelaine peut-être, ou de la soie plutôt. L'élégance est citadine, elle ne prospère pas seule. Elle s'impose, se voit, s'entend mais avance discrètement. L'élégance est sensuelle, insaisissable. Elle captive, elle envoûte, elle fait toutes les promesses du monde sans jamais se donner absolument. En cela, l'élégance est irrésistible et cruelle. L'élégance s'ennuie. [..]
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Orphée devant la mer calme, pareille à un lac immobile béni par la montagne, chantait. C'était une voix pure qui, au petit matin, ressuscitait ce que la nuit avait défait. Les rêves et les cauchemars soudainement accordés par sa musique. Les eaux étaient calmes, d'un bleu inquiétant. À l'aube, elles laissaient apparaître la roche puissante à laquelle s'accrochaient depuis des siècles les oursins inertes. Tout à sa place, tel qu'ordonné par un poète des premiers âges.
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《 Tu as sauvé Orphée》.Ce sont les dernières paroles de ma mère.
Mon frère s'est pourtant endormi.De la folie ,je ne l'ai pas sauvé.De la mort ,alors? Peut-être....Je ne l'ai jamais revu .Anouk est restée sur l'île. Aleksandar s'occupe des morts.Le prêtre est un songe.
On raconte que Bérénice danse encore.
On raconte qu'un petit poète habite l'église au choeur déchiré. ( Page 187).
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Telle est la ligne de crête sur laquelle danse un compositeur, fin équilibriste tenant entre ses mains le cœur des hommes : il console autant qu’il blesse.
Et nous autres qui écoutons, qui sommes-nous ? Le réceptacle passif de l’hésitation du compositeur. Ceux qui ne savent pas s’il faut pleurer de joie ou de désespoir. Et nous autres qui écoutons, nous lui pardonnons cette cruauté car elle s’entremêle d’espérance.
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Ma mère danse sur un lac de glace,enlacée par une épaisse forêt noire.Seule,elle glisse sur des eaux immobiles ,les bras en croix et la poitrine offerte à un ciel nu,sans relief ni nuages.Depuis le rivage,je la regarde triompher de ce paysage mort ,de ce qui ,en dessous, gronde.Le sol ,bien que gelé,est trop mince.Bellei imprudente ,ma mère avance pourtant.( Page 11).
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De telles histoires ne mouraient pas, elles hantaient les lieux de leur tragédie.
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J'oublie que je suis un être de chair. Comment faire, sinon, pour écarter la peur ? a-t-elle poursuivi. Il faut quitter nos corps comme on se débarrasse d'un vêtement encombrant, et longer les plages sèches. Pieds nus, il faut gravir la côte rocheuse, il faut que la pierre cisaille notre peau. Il faut voir les yeux des chats sauvages. Tout est inquiétant, tout est admirable.
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C'est ainsi que nous nous aimions, tous les trois : Orphée et son coeur de feu, ma mère ballerine et moi, spectateur enchanté par ce joli désordre, moi, le grand frère chargé de porter le souvenir. Car le jour déclinait.
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