-- Je vois. Tu me considères aussi comme un jouet entre les mains de Cléopâtre. Tu me connais bien mal, Furius Léo. Avec le temps, j'aurais cru que ton jugement à mon égard se serait affiné.
-- Tu m'a demandé un conseil, et je te l'ai donné franchement. Devrais-je te plaire à chaque fois que je te parle, tel un vulgaire courtisan?
- Il bafoue la République.
- Mais la plèbe l’adore. Elle a besoin d’un héros qui lui fait croire à l’éternité de Rome. Il se proclame descendant des dieux. A présent, il se comporte une divinité ! Il est bien le vrai maître de Rome, il faut s’en accommoder.
- Jamais ! Puisse-t-il brutalement disparaître…
- Allons mes amis, il faut vivre avec son temps. Et puis, seul un dément pourrait forger le dessein d’attenter à la vue de César !
- Isis l’a proclamé : seul un roi pourrait dominer l’Orient !
- Alors, je serai ce roi…
- Tu ne seras jamais roi Caius Julius César, Rome ne te le permettra jamais !
- Et bien, je me passerai de Rome pour m'asseoir sur le siège curule et ceindre la couronne d'or !
Les dieux ont tissé le destin des hommes. Il n’appartient pas aux hommes de défaire leur ouvrage.
[Calpurnia] Tu ne dors pas suffisamment, tu es bien pâle et même un peu fiévreux.
[César] Je te remercie de t’inquiéter pour moi, ma chère femme. L’Empire impose des sacrifices à ses serviteurs. Tous les sacrifices…
- Tu décides donc d’ignorer l’avertissement de l’haruspice qui t’a exhorté de pendre garde aux ides de mars.
- Nous sommes y sommes aux ides de mars, pourtant il ne m’est rien arrivé.
- Les ides sont bien arrivées, mais point passées… Cette nuit, un rêve m’a visité. Le toit de notre maison s’écroulait et je t’ai vu percé de coups entre mes bras.
- Tu as dû passer une bien mauvaise nuit, ma pauvre.
- Je t’en supplie, écoutes les présages.
- Aucun présage ne m’empêchera de bâtir un empire aujourd’hui. Je ne gouvernerai pas avec des superstitions.
-Comme tu le vois, chez César la clémence se double de stratégie! C'est en prenant ses ennemis à son service qu'on les contrôle le mieux!
[Cicéron] Dis-moi ; qu’est devenue l’égyptienne, qui a causé tous ces désordres ?
[Herennius] De retour dans son pays, elle s’est empressée de faire assassiner son frère pour régner sans partage sur l’Egypte.
- Quel caractère !...
- Ce n’est pas tout : elle a aussi envoyé tout une flotte soutenir Octave et les partisans de César.
- Elle ne l’a donc pas oublié. Peut-être s’aimait-t-il vraiment après tout… ? Mais a-t-on déjà vu l’amour diriger le monde ?
- Le grand Cicéron et le sénateur Brutus demandent à être reçu, ma reine. Ils sont à la porte du palais.
- Le grand Cicéron, la girouette du Sénat ? Vient-il chez moi pour prendre le sens du vent ? Je croyais pourtant que sa haine de la putain égyptienne l’éloignerait des murs de ce palais à tout jamais…
- Sur le forum, tout le monde dit que c’est un grand orateur…
- Mais de sa bouche ne coule que du fiel ! Cependant j’aurai grand plaisir à clouer le bec de la plus célèbre concierge de Rome. Et si je m’offrais toute nue à ce vieux barbon ? Avec l’épouse acariâtre qu’il se traîne, il ne doit pas bander tous les jours, ce pauvre Cicéron ! Cela lui donnerait enfin une bonne raison de me traiter de putain…
- Après avoir triomphé des Celtes, César les fait entrer à la Curie !
- Personne n’est dupe ! Ce sont des hommes à sa solde qui ne proviennent pas de la vieille aristocratie romaine !
- Il sera bientôt plus facile d’être sénateur à Rome que de faire partie du conseil municipal de Pompéi !
Rome est partout où vivent ses citoyens.