44 avant J.-C. La République romaine s'éteint dans ses derniers soubresauts. C'est l'époque rêvée pour que la malédiction de la statue du Palladium se manifeste à nouveau. Jules César veut rétablir la monarchie à son bénéfice. Il est soutenu par Cléopâtre à qui il promet d'envoyer la fameuse statue en Égypte. Les familles Leo et Aquilia, détentrices maudites du secret du Palladium, savent que ce geste provoquera la fin de Rome. Encore une fois elles se déchireront et leurs actes se mêleront à l'assassinat de César aux Ides de Mars.
La réalité historique est à nouveau pliée aux commandements imposés par le scénario de la série, qui veut que la statue du Palladium doit rester à Rome sous peine de destruction définitive de la Ville. L'interprétation est ici de très bonne qualité. Cela tient largement à la personnalité des personnages historiques invoqués, Jules César en tête, dont l'intelligence, le goût du pouvoir, le courage face à son funeste destin aussi, explosent carrément. Cicéron est quelque peu parodié en tourne-casaque érudit manquant de bravoure. Quant à Cléopâtre, son portrait est aussi fort que celui que lui donna Liz Taylor dans le film de Mankiewicz. Deux absents : Marc-Antoine et Octave, mais il est vrai que leur rôle historique est postérieur à l'assassinat De César.
Le rôle des Leo et Aquilia est parfaitement intégré dans les évènements, déchirant à nouveau ses membres entre ceux qui suivent aveuglément la déesse prisonnière du Palladium, de peur de son courroux, et ceux, plus humanistes, qui ont foi en les hommes puissants de leur temps ou qui s'opposent à eux. L'affrontement final entre Furius Leo et Nautius Aquilia est cependant un peu trop théâtral de mon point de vue.
Le dessin d'Annabel est impressionnant, aussi à l'aise sur les structures latines que l'exotisme égyptien. Les scènes de combat naval dans les arènes m'ont particulièrement plu. Et on ne peut que compatir au devoir de dessiner toutes les ombres des plis de capes et de toges, abondantes à l'époque.
Seule déception véritable : la description de l'empire à venir comme uniquement fondé sur « la guerre, la conquête, la corruption et la lie de sang ». Je l'ai interprété comme un procès en règle : cet empire, c'est donc l'Enfer sur Terre ; rien de bon à en tirer. Si la Rome impériale a effectivement de quoi inspirer une déesse de sang, elle a aussi de quoi satisfaire une déesse de la civilisation. Jeter le bébé avec l'eau du bain est un peu facile.
Un très bon point aussi pour le dossier historique qui rétablit les faits après cette histoire imaginaire
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A l'heure où les études antiques étaient menacées par des bobos hispters persuadés que les vieux et les morts n'avaient plus leur place dans le monde moderne compétitif (sic), le regretté Gilles Chaillet s'était lancé dans une entreprise démesurée : sur le modèle de l'oeuvre de Denys d'Halicarnasse, réaliser l'histoire totale de la ville éternelle d'Enée à Mussolini ! Cet amoureux de l'Histoire, de l'Antiquité et de Rome en particulier, nous a malheureusement quitté trop tôt pour l'accomplir… Et c'est les éditions Glénat, décidément portées sur l'Histoire ces temps-ci, qui ont confié la tâche à l'expérimenté trio Eric Adam, Pierre Boisserie et Didier Convard qui ont fait du Palladium le Faucon Maltais de l'entreprise…
Ce tome 3 de la saga "Roma" est consacré aux Ides de Mars, mais ce n'est pas à travers les yeux de Jules César que nous revisiterons l'événement…
La malédiction de Nyx continue, et sa fille Ker enfermée dans sa statue d'orichalque cherche encore et toujours à étancher sa soif de sang ! César, par ambition, par amour et par défi, souhaite transférer le Palladium à Alexandrie dont il compte faire sa nouvelle capitale. Furius Leo et Nautia Aquila vont tout mettre en oeuvre pour l'assassiner alors que Laena, fille du premier, et Nautius Aquilius, frère de la seconde, vont tout mettre en oeuvre pour le sauver. Comme nous marchons dans les traces des grandes tragédies de l'Antiquité, tout va fatalement se finir dans le sang et dans les larmes !!!
L'ambitieux César, l'ambitieuse Cléopâtre et l'innocent Césarion sont mis en avant en même temps que la dévouée mais bafouée Calpurnia, que Brutus le fils prodigue/indigne et Cicéron, le beau parleur persuadé d'être le parangon de la République Romaine alors qu'il n'en est que le bouffon… L'ombre du maître du fantastique italien Mario Bava plane toujours sur la saga, mais ici elle emprunte la forme des "Oiseaux" d'Alfred Hitchcock (ou de Daphne du Maurier, c'est selon en fait ^^).
Entre 3 et 4 étoiles, mon cœur balance 'donc ne soyez pas surpris si un jour la note change) : à l’image du tome 2, les graphismes du tome 3 bien que satisfaisants restent en deçà d’un scénario lui excellent : quelque part l’alchimie visuelle manque de vista malgré les bonnes intentions. Néanmoins il y a quelque chose de Guillaume Sorel chez Annabel, ici assistée aux couleurs de Filippo Rizzu, donc quelque chose d’un vrai potentiel et à l’avenir il faudra garder un œil sur elle…
Et il ne faudrait pas faire l'impasse sur le cahier historique de Bertrand Lançon, Historien et professeur émérite d'Histoire romaine à l'université de Limoges, véritable mine d'information tant pour l'amateur que pour le passionné !
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S’il semblait inenvisageable de passer outre le personnage emblématique de César, Gilles Chaillet parvint évoquer avec justesse les sentiments de l’homme de pouvoir à la fin de sa vie.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
L’album est, comme les précédents volets, riche, très bien travaillé et servi par un excellent graphisme.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Après l’excellent premier volume dessiné par Régis Penet et un second album signé Luca Erbetta, c’est Annabel, jeune dessinatrice découverte avec la trilogie « Magus » qui propose la mise en images de cet éblouissant troisième volet. Un dessin élégant et lumineux, une parfaite maîtrise de la documentation, des séquences de foule époustouflantes : bref, une grande BD historique en cinémascope dont il faut saluer les couleurs de Filippo Rizzu.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Une très intéressante lecture que je vous recommande !
Lire la critique sur le site : Sceneario
[Calpurnia] Tu ne dors pas suffisamment, tu es bien pâle et même un peu fiévreux.
[César] Je te remercie de t’inquiéter pour moi, ma chère femme. L’Empire impose des sacrifices à ses serviteurs. Tous les sacrifices…
- Tu décides donc d’ignorer l’avertissement de l’haruspice qui t’a exhorté de pendre garde aux ides de mars.
- Nous sommes y sommes aux ides de mars, pourtant il ne m’est rien arrivé.
- Les ides sont bien arrivées, mais point passées… Cette nuit, un rêve m’a visité. Le toit de notre maison s’écroulait et je t’ai vu percé de coups entre mes bras.
- Tu as dû passer une bien mauvaise nuit, ma pauvre.
- Je t’en supplie, écoutes les présages.
- Aucun présage ne m’empêchera de bâtir un empire aujourd’hui. Je ne gouvernerai pas avec des superstitions.
-- Je vois. Tu me considères aussi comme un jouet entre les mains de Cléopâtre. Tu me connais bien mal, Furius Léo. Avec le temps, j'aurais cru que ton jugement à mon égard se serait affiné.
-- Tu m'a demandé un conseil, et je te l'ai donné franchement. Devrais-je te plaire à chaque fois que je te parle, tel un vulgaire courtisan?
- Il bafoue la République.
- Mais la plèbe l’adore. Elle a besoin d’un héros qui lui fait croire à l’éternité de Rome. Il se proclame descendant des dieux. A présent, il se comporte une divinité ! Il est bien le vrai maître de Rome, il faut s’en accommoder.
- Jamais ! Puisse-t-il brutalement disparaître…
- Allons mes amis, il faut vivre avec son temps. Et puis, seul un dément pourrait forger le dessein d’attenter à la vue de César !
- Le grand Cicéron et le sénateur Brutus demandent à être reçu, ma reine. Ils sont à la porte du palais.
- Le grand Cicéron, la girouette du Sénat ? Vient-il chez moi pour prendre le sens du vent ? Je croyais pourtant que sa haine de la putain égyptienne l’éloignerait des murs de ce palais à tout jamais…
- Sur le forum, tout le monde dit que c’est un grand orateur…
- Mais de sa bouche ne coule que du fiel ! Cependant j’aurai grand plaisir à clouer le bec de la plus célèbre concierge de Rome. Et si je m’offrais toute nue à ce vieux barbon ? Avec l’épouse acariâtre qu’il se traîne, il ne doit pas bander tous les jours, ce pauvre Cicéron ! Cela lui donnerait enfin une bonne raison de me traiter de putain…
[Cicéron] Dis-moi ; qu’est devenue l’égyptienne, qui a causé tous ces désordres ?
[Herennius] De retour dans son pays, elle s’est empressée de faire assassiner son frère pour régner sans partage sur l’Egypte.
- Quel caractère !...
- Ce n’est pas tout : elle a aussi envoyé tout une flotte soutenir Octave et les partisans de César.
- Elle ne l’a donc pas oublié. Peut-être s’aimait-t-il vraiment après tout… ? Mais a-t-on déjà vu l’amour diriger le monde ?
Adaptation du célèbre roman de Gilles Legardinier entremêlant fiction et faits historiques, le Premier Miracle, est une aventure ésotérique qui s'inscrit dans la continuité des oeuvres de Didier Convard, maître du genre en bande dessinée. Un diptyque hors du commun pour une enquête fascinante dans les arcanes de l'histoire, mis en scène par le dessin élégant et précis d'Olivier Brazao.
Découvre la série le Premier Miracle : https://www.glenat.com/bd/series/le-premier-miracle
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