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Critique de jeranjou


Décidément, cuisiner en anglais, j'adore…

Les mets concoctés par la famille Cook, quel délice !

Avec une sauce couleur rouge sang, l'anglais Robin nous livrait «J'étais Dora Suarez » comme un uppercut que vous prenez au foie insufflant une douleur qui ne disparaitra jamais complètement.

Toujours dans le Commonwealth, l'australien Kenneth nous surprenait magnifiquement avec « À coups redoublés » dans une sauce très alcoolisée dont la victime et l'auteur du meurtre nous étaient inconnus jusqu'à la toute fin du roman.

Désormais, dans « Les feuilles mortes », je découvre le troisième larron de la famille Cook, Thomas H., un auteur américain natif d'Alabama qui me susurrait à l'oreille pendant le récit :

« Oh! je voudrais tant que tu te souviennes
Des jours heureux …

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Tu vois, je n'ai pas oublié
Les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Les souvenirs et les regrets aussi »

Je ne sais pas si Thomas H. Cook a écrit ce livre en pensant au poème de Prévert mais l'éditeur français en a assurément tenu compte en traduisant ainsi le titre original « Red leaves ».

Toujours est-il qu'autour de sa jolie maison à Wesley, Eric Moore s'accommode très bien de ces feuilles mortes qui tombent, notamment de ce magnifique érable du Japon aux couleurs rouges, un des plus beaux arbres qui existent (ce n'est que mon avis). Propriétaire d'un magasin de photos, Eric vit en pleine quiétude avec Meredith travaillant dans un collège et leur fils Keith, un adolescent de quinze ans plutôt solitaire reclus la plupart du temps dans sa chambre fermée à clef.

Un soir, des amis du couple demandent à Keith de venir garder leur fille de huit ans Amy pour la soirée. Malheureusement, la petite fille a disparu le lendemain matin. A-t-elle été kidnappée ? A-t-elle fuguée ? Est-elle déjà morte enterrée sous un tapis de feuilles mortes à l'heure où j'écris ces quelques lignes ? A vous de vous jouer au Sherlock Holmes…

Thomas H. Cook, que je lis pour la première fois, possède un style d'écriture pas commun pour brosser son roman. En effet, il se met complètement dans la peau d'Eric du père de Keith, et nous livre complètement ses sentiments et ses doutes après la disparition d'Amy.

"Le soupçon est un acide. Il ronge tout ce qu'il touche. Il s'attaque à la surface des choses en y laissant une marque indélébile."

Si vous êtes père d'un jeune fils comme moi, il est impossible de ne pas transposer ce récit à sa propre situation. Peut-on un jour douter de son propre fils ? Faut-il défendre son fils à tout prix même s'il semble mentir ? Quelle serait ma part de responsabilité dans une telle situation ?

Vous l'aurez compris, plonger dans ce genre de situation revient à ouvrir la boite de pandore dont les déflagrations peuvent être immenses et incontrôlables.

Pour tous ceux qui ne sont pas des habitués du polar, je leur conseillerai vivement ce roman qui se révèle être à la frontière du genre. « Les feuilles mortes », très loin d'un roman policier, souligne comment un père peut perdre confiance en sa famille proche et faire resurgir comme une arme d'autodéfense les événements du passé.

Si l'on ramasse les feuilles mortes à la pelle, je peux vous assurer que l'on pouvait me ramasser, à la fin de ce roman, à la petite cuillère. Dur, dur, mais sans islandais cette fois… A ne manquer sous aucun prétexte !

Ps : pour ceux n'auraient pas lu ma dernière critique d'indridason, les prénoms islandais comme Arnaldur ou Erlendur sont dur, dur à prononcer et à retenir.
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