Je ne suis pas du tout un connaisseur en super héros, je n'avais encore jamais entendu parler des Minutemen, ni des Watchmen, et je n'ai d'ailleurs toujours pas compris la différence entre ces deux termes.
Cela ne m'empêche pas d'apprécier certaines de ces histoires.
Cet album, une intégrale, est constitué de plusieurs épisodes réalisés par des auteurs différents, avec des personnages qui ne se retrouvent pas d'une série à l'autre. Mes avis sont d'ailleurs très contrastés.
Première série : Minutemen, en six chapitres, par
Darwyn Cooke.
Formidable, note, 4,5/5
Le graphisme est un peu rétro, colorisé avec finesse, le trait est dynamique, vif, le design s'inspire de la mode des années 40 à 60. L'auteur joue aussi habilement des mentalités de l'époque, évoquant certains thèmes en n'hésitant pas, pour resituer l'action de faire comme s'il n'y avait pas de recul, le racisme anti japonais, l'homophobie culturelle des personnages, c'est plein d'ironie, de subtilités, sur la notion même de héros, sur la culture américaine, j'ai beaucoup ri, c'est très subtil, jusque dans les scènes de baston les plus bourrins, pétillant à souhait, un vrai régal de lecture, une excellente surprise.
Deuxième série, Bill Dollar, 1 seul chapitre, par
Len Wein et Steve Rude
Pas mal, note 3,5/5
On retrouve le ton ironique de la première série, avec un héros franchement pathétique. le graphisme est plus classique, la colorisation pas ouf, mais heureusement, l'histoire est drôle, elle se moque des stéréotypes de la culture américaine, iconoclaste avec la série originale, un bon moment savoureux de lecture.
Troisième série : le Comédien, 6 chapitres, par
J.G. Jones et
Brian Azzarello
Pfff, note 0,5/5
Là, franchement, j'ai eu beaucoup de mal. le graphisme photographique, ce n'est pas du tout ma tasse de thé, on ne reconnaît pas les personnages, il y a beaucoup d'effets de mise en page qui brouillent la lisibilité, la couleur n'est qu'un simple coloriage chiadé mais sans caractère, les pages sont confuses, surchargées. le scénario, ce n'est pas mieux, peut-être même pire, il y a beaucoup de flashback de saut dans le temps, mais comme je ne reconnaissait pas les personnages, je m'y suis totalement perdu. Les dialogues sont d'une lourdeur pénible, chargé de grossièretés, d'un virilisme caricatural, mais je n'y ai pas senti la moindre ironie, le moindre second degré, j'ai fini par le lire en diagonale, sans doute que quelque chose m'a échappé, mais le problème, c'est que rien ne m'a donné envie de faire le moindre effort. La complexité, c'est bien, mais il faut des arguments pour donner envie de s'y plonger, ici, je ne les ai pas trouvés.
Quatrième série : le Hibou, 4 chapitres, par
Andy Kubert et
Joe Michael Straczynski.
Sympathique, note, 3/5
Ici, on reprend le thème classique de la rédemption du héros. le graphisme est assez vif et dynamique, le colorisation n'en fait pas trop, les caractères sont bien travaillés. le thème de la rédemption est aussi bien évoqué, mettant en parallèle celui de l'individu avec celui du peuple, celui de la culture américaine. On va rencontrer la pute de luxe, le pasteur évangéliste de TV, le héros mu par une certaine vengeance.. La lutte du bien contre le mal n'est pas si lisse. Ces quatre chapitres sont une lecture assez consistante et attrayante, classique dans le genre, mais vraiment plaisante.
Cinquième série : Rorschach, 4 chapitres, par
Lee Bermejo et
Brian Azzarello
Bof, note 2/5
Ici encore, on retrouve un style de graphisme photographique, il colle mieux au récit, dans un ton plus glauque, plus crade, comme l'histoire, mais le récit se contente d'une surenchère à la violence et à l'ambiance glauque et morbide, franchement pas agréable à lire, l'esthétisme du dégueulis, pour les amateurs de morbide, pourquoi pas, c'est un genre, mais me concernant, ce n'est pas du tout des sensations que je recherche. le petit clin d'oeil à Taxi Driver apporte quand même une légère étincelle dans ce récit.
Pour conclure, je suis sorti de ma zone de confort en m'attaquant à un genre qui souvent me déplait, et je suis bien content d'avoir découvert ce Minutemen de
Darwyn Cooke qui est un vrai régal. Mais l'ensemble est très inégal.