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EAN : 9781434630261
120 pages
BiblioLife (11/10/2007)
3.2/5   5 notes
Résumé :
François Édouard Joachim Coppée, né le 26 janvier 1842 à Paris où il est mort le 23 mai 1908, fut le poète populaire et sentimental de Paris et de ses faubourgs, des tableaux de rue intimistes du monde des humbles. Extrait : Comme il l'aimait, dans ce moment-là ! Comme il l'aimait bien ! Sans désirs. Deux nuits d'ivresse les avaient éteints. Mais il était plus tendre encore dans son accablement. Devant le lit préparé, qui embaumait la lavande, devant les deux oreill... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il faudrait avoir un coeur de pierre pour ne pas aimer ces contes rapide de François Coppée, certes il n'est pas un OVNI dans la galaxie de la littérature de contes, mais nous pouvons le qualifier d'honnête et laborieux train régional, se moquant des vals et des ruisseaux de sa campagne, gravissant les côtes pentues avec allégresse, lâchant des jets de vapeur enjoués aux passages à niveau sous le regard dubitatif de quelques frisonnes, les mamelles vidées et la tête pleine de ce bon ray-grass que l'on rumine avec plaisir.
Vous aimerez :
- Vous endormir avec le petit garçon de « l'invitation au sommeil »
Tout à coup, – il faisait presque nuit dans la chambre, – le père s'apercevait que son petit garçon venait de s'endormir, la tête sur son bras replié, parmi l'écroulement du dernier château de cartes.
« Ah ! ah ! disait joyeusement le brave homme, le marchand de sable a passé. »
– les paroles qui lui rappellent les heures excellentes de sa vie, les paroles qu'il n'a entendu prononcer que par sa mère bien aimée et par sa maîtresse la mieux chérie :
« Maintenant, il s'agit de faire dodo ! »

- Frissonner avec ce soldat enrôlé malgré lui et devenu un vagabond rejeté de ferme en ferme
« Un instant d'ivresse, de folie, avait suffi pour le perdre. Il commençait un nouveau congé ; il venait d'être nommé sergent-major. Un jour qu'il avait dans sa poche l'argent de la compagnie, trois verres d'absinthe, bus coup sur coup, par bravade, et un caprice bestial pour une fille aux yeux méchants, avaient fait de lui un voleur, un criminel. À partir de là, tout dans sa vie redevenait horrible. Dans un éclair de pensée, il se revoyait, le dos voûté par la honte, devant les épaulettes et les croix d'honneur du conseil de guerre. »
- Pleurer votre jeunesse perdue en entendant l'orgue de barbarie jouer cette polka sur laquelle vous dansiez autrefois
« Quelle olympienne créature vous étiez alors, comtesse ! Dix-sept ans, et les jambes de la Vénus du Capitole. La force et la grâce ! Une de ces beautés parfaites, comme il ne s'en obtient plus guère qu'avec les croisements de sang et les amalgames de races du Nouveau-Monde. Un murmure circulait : « C'est la belle Adah ! l'Américaine ! » Et, grisée par ce vent du triomphe, vous redoubliez vos audacieuses pirouettes. »
- Douter de votre guérison avec Félix Travel le jeune compositeur de génie et finalement trouver l'amour pendant votre convalescence
« le voici donc, s'écrie-t-il avec un cordial accent méridional, le voici donc, ce jeune malade qui vient demander sa guérison à notre soleil... Il fera son devoir, n'en doutez pas, mon cher enfant, et vous pourrez bientôt vous remettre au travail, nous charmer de nouveau par vos belles compositions... Mais le dîner est servi. À table ! »
- Rendre justice à la mémoire de ces hommes tombés au mur des Fédérés, lâchement assassiné et rendre justice à leurs veuves dans le besoin :
« Agricol Mallet ! À ce nom, mon esprit fut traversé par un tourbillon de souvenirs. Je le revis, tel qu'il m'était apparu pour la première fois, au café de Lisbonne, à cette table des « politiques », où le fameux Michel Polanceau, aujourd'hui député, chef de groupe, et désigné pour présider le prochain cabinet radical, prophétisait tous les soirs, à l'heure de l'absinthe, la chute des Bonaparte et l'imminente révolution. Agricol Mallet ! Parbleu ! ce brun à tête de romain, le plus violent et le plus exalté disciple de Polanceau, celui qui, à chaque motion incendiaire du tribun, secouait, d'un geste héroïque, sa lourde chevelure et faisait frissonner les verres et les dominos en frappant du poing la table de marbre. Un naïf et généreux coeur, ivre de mots sonores ! Je me rappelais... »
- Soupire d'aise devant un dîner somptueux et, comme le Rêveur, vous laissez aller au charme d'une conversation de beaux esprits aussi futile que vaine :
« Dès le potage, – un consommé tout ensemble onctueux et énergique, qui vous emplissait l'estomac de force et de jeunesse, – les causeries entre voisins avaient commencé. Sans doute, ce furent d'abord des banalités qu'on échangea à demi-voix. Mais quelle politesse dans les sobres gestes ! Quelle bienveillance dans les regards et dans les sourires ! D'ailleurs, aussitôt après le Château Yquem, l'esprit flamba. Ces hommes, vieux ou très murs pour la plupart, tous remarquables par la naissance ou par le talent, ayant beaucoup vécu, pleins d'expérience et de souvenirs, étaient faits pour la conversation, et la beauté des femmes présentes leur inspirait le désir de briller, excitait leurs intelligences courtoisement rivales. »
- Jouer avec le coeur de vieux hommes lubriques comme Sylvandire la belle actrice et préférer les pommes cuites à tous les plaisirs de la vie :
« Comment, Sylvandire, tu aimes tant que cela les pommes cuites ! Toi, une actrice ! »
« Et, comme elle se hâtait d'agrafer son corsage :
« À propos, et les pommes cuites de la rue de Seine ? demanda-t-il.
– Eh bien, elles sont très bonnes, répondit Sylvandire, et j'en mange tous les jours, en revenant de la répétition. »
« Sylvandire avait dit vrai. Maugé était mauvais, naturellement. À ces propos de femme amoureuse, il éprouva la rage envieuse de l'homme fatigué avant l'âge, éreinté, fini.
Mais la comédienne s'était mise à rire. »
- Sourire à la lecture des Poèmes Béarnais de Marius Cabannes :
« Marius Cabannes souffrit beaucoup, sans doute, de cet insuccès ; mais il eut l'adresse de s'en servir, de s'en faire même une parure. Il alla plus que jamais dans le monde, où il affectait la fière mélancolie du poète méconnu et où il accusait la société moderne d'une cruelle indifférence pour le grand art. Souriant avec amertume quand on lui demandait de dire quelques vers, il se faisait beaucoup prier, cédait toujours néanmoins, et grâce à son admirable organe et à son talent d'acteur, il animait un de ses froids poèmes, lui « faisait un sort », comme on dit dans l'argot des coulisses, et forçait les applaudissements. de cette façon, Marius finit par se constituer un groupe d'admirateurs, peu nombreux, mais enthousiastes, composé de ceux qui n'avaient pas lu ses vers et les lui avaient seulement entendu réciter. »
- Rire des sentiments mêlés des deux célibataires le narrateur et son ami Dulac, ils ont laissé flétrir les sourires sur les lèvres de Blanche, Simone et Mathilde, et pense maintenant au mariage pour des raisons moins nobles que l'amour :
« La difficulté où se trouve la Chambre d'équilibrer nos finances va remettre à l'ordre du jour l'impôt sur les célibataires. On nous assure que M. Écorcheboeuf, le sympathique député de la gauche radicale, a l'intention de soulever de nouveau cette question dans la prochaine séance de la Commission du budget. »
- Vous émouvoir du sacrifice amoureux du mari de Marguerite :
« Je serai libre, et je pourrai encore être heureux ; car Marguerite, pour qui j'ai commis ce vol, me jure dans sa lettre d'hier qu'elle m'aime toujours et que nous vivrons ensemble comme mari et femme, ainsi qu'autrefois. »
- Brûler de haine pour la société des hommes avec Michel Guérard le peintre de talent qui retrouve son modèle d'autrefois la petite Fernande dans un bouge des plus vils :
« Il la reconnaissait maintenant. Oui ! la jolie petite fille que sa pauvre sainte femme de vieille maman avait fait sauter sur ses genoux et cette créature perdue, qui sentait le vice et la pommade, c'était bien la même personne. Elle le regardait d'un air ému et craintif ; l'eau d'une larme retenue faisait briller ses yeux cernés au crayon noir, et sa bouche, sa navrante bouche tordue comme par une nausée, essayait piteusement de sourire. »
Les contes rapides se terminent par un conte de Noël, les sabots du petit Wolff, tradition oblige, et qui se déroule dans « …une ville du nord de l'Europe, – dont le nom est si difficile à prononcer que personne ne s'en souvient…». Un orphelin du nom de Wolff subit les aigreurs de la vieille tante qui l'élève bon gré mal gré, une femme chiche et peu généreuse qui cache sa fortune aux yeux des gens.
L'enfant saura par sa générosité, lui qui n'a rien, sauver l'âme endurcie de sa tante. Un conte moral qui ne se hausse certes pas au niveau des Christmas Carol de Dickens, mais qui vous fera sourire d'aise quand vous en aurez fini la lecture.
Contes rapides, Coppée ne nous a pas menti sur la marchandise, contes rapides mais plein d'émotion, écrit avec conscience et persévérance, de la belle ouvrage pour cet auteur que l'on a trop souvent tendance à oublier et qui n'en fait pas moins partie de notre patrimoine littéraire.










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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Comme il pleuvait à verse, ils s’étaient attardés devant la cheminée de la cuisine, lui, séchant ses gros souliers de chasse, elle, arrangeant la gerbe de fleurs des champs qu’elle voulait rapporter à Paris. Puis, ils étaient remontés dans leur chambre, où ils avaient fourbancé quelque temps, en riant d’entendre, dans la salle basse, traîner la jambe boiteuse de l’aubergiste, qui fermait ses volets. Enfin tout s’était tu ; la pluie avait cessé, et ils s’étaient sentis tout à coup environnés par le grand silence et la profonde solitude de la campagne nocturne.
Sans rien dire, elle prit l’unique bougeoir, le posa sur la cheminée, devant la glace sombre et tachée par les mouches, et elle commença sa toilette de nuit. Lui, plongé au fond du grand fauteuil, les jambes croisées, la regardait, tout engourdi de bonheur et de fatigue.
Elle avait retiré sa robe et son jupon, et, gardant seulement son corset de satin noir qui étreignait sa taille mince, elle levait gracieusement, pour tordre son chignon, ses bras un peu grêles au-dessus de sa tête, quand elle vit dans la glace son amant qui lui souriait, et elle lui rendit son sourire.
Comme il l’aimait, dans ce moment-là ! Comme il l’aimait bien ! Sans désirs. Deux nuits d’ivresse les avaient éteints. Mais il était plus tendre encore dans son accablement. Devant le lit préparé, qui embaumait la lavande, devant les deux oreillers jumeaux, il savourait d’avance la volupté délicate de s’abandonner à l’étreinte de son amie, de lui dire bonsoir dans un baiser sans fièvre et de s’endormir sur ce cœur simple, qui ne battait que pour lui.
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Par une de ces soirées tristes et vides comme il y en a trop dans l’existence des vieux garçons, nous nous acoquinions au coin de mon feu, mon ami le commandant Dulac et moi. Assis dans le grand fauteuil, Dulac assujettissait de temps en temps son monocle et ne quittait pas du regard la fournaise de charbon de terre, comme s’il eût aperçu quelque chose de très intéressant au fond de ses grottes ardentes ; moi, j’étais sur la chaise basse, à l’autre angle de la cheminée, et je parcourais distraitement le journal du soir, que mon domestique venait d’apporter.
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Le vagabond est effrayant, et la campagne est magnifique.
C’est un de ces rôdeurs comme on en rencontre assez souvent au temps des moissons, et celui-ci a si mauvaise mine qu’on a dû le repousser de toutes les fermes où il est entré pour demander du travail. Le pied de frêne sur lequel il s’appuie a moins l’air d’un bâton de voyageur que d’une trique de meurtrier ; et, sous le revers de sa veste de toile, encrassée de sueur et de poussière, il doit y avoir un ignoble numéro, imprimé à l’encre grasse, une matricule de bagne ou de prison.
Quel âge a-t-il ? Le malheur n’en a pas. Grand et sec, il marche avec la souplesse d’un jeune homme, et pourtant la rude moustache jaune qui traverse sa face boucanée grisonne déjà. En tout cas, il n’a pas honte de sa misère. Il a crânement campé en arrière son vieux feutre rongé par le soleil ; dans son visage couleur de cuir ses durs yeux bleus étincellent d’audace ; et il va pieds nus pour ménager sans doute la paire de gros souliers à clous bouclée sur son sac de soldat. Le pas ferme et la tête haute, ayant dans toute sa personne on ne sait quoi d’effronté et de militaire, l’homme suit un sentier très étroit entre deux grandes pièces de blé, et les hauts épis lui viennent presque jusqu’à l’épaule.
Il ne sait pas où ce chemin le conduit.
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Quand il n’était qu’un tout petit garçon, autrefois, chez ses braves gens de père et mère, c’était le meilleur moment de la journée.
Le dîner était fini ; la maman, après avoir donné un coup de serviette à la toile cirée, servait la demi-tasse du père, – du père qui, seul, prenait du café, non par luxe et gourmandise, mais parce qu’il devait veiller très tard à faire des écritures. Et tandis que le bonhomme sucrait son moka, – un seul morceau, bien entendu ! – devant toute la famille assise autour de la table ronde, la maman, – une boulotte de quarante ans, encore fraîche, tournant sans cesse vers son mari de tendres et intelligents regards de chien fidèle, – la maman apportait le panier à ouvrage. Les trois sœurs, nées à un an de distance, se ressemblant, chastement jolies, avec les robes taillées dans la même pièce d’étoffe et les honnêtes bandeaux plats des filles sans dot qui ne se marieront pas, commençaient à ourler des mouchoirs ; et lui, le gamin, le dernier-né, le Benjamin, exhaussé sur sa chaise haute par une Bible de Royaumont in-quarto, édifiait un château de cartes.
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La première fois que le jeune compositeur Félix Travel, avec la permission de son médecin, le docteur Damain, se regarda dans la glace, il poussa un cri de surprise épouvantée.
Comme il était changé, grand Dieu ! Quelle maigreur ! La peau collée aux pommettes ! Et ce teint jaune, et ces yeux meurtris ! Sans doute, il savait bien qu’il avait été très malade. Il avait eu la fièvre, le délire, tout le tremblement. On lui avait brûlé le dos et la poitrine avec des vésicatoires. Une pleurésie, c’est toujours grave. Mais il n’aurait jamais cru que quinze jours de souffrances l’eussent à ce point ravagé. Et puis, comme il se sentait faible ! C’était inquiétant aussi, ce point douloureux qui le brûlait, là, au-dessous de l’omoplate, du côté droit. Oh ! non, il n’était pas guéri. Qui sait ? Devait-il jamais guérir ? Le docteur ne cherchait-il pas à le tromper, quand il lui avait dit, le matin même, d’un air joyeux, trop joyeux : « Allons ! essayez de vous lever un peu aujourd’hui. Vous voilà tiré d’affaire. » Tiré d’affaire ? Avec cette mine de déterré ? Ah ! il en était loin.
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