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Citations sur Les amours jaunes (100)

Dors : on t’aimera bien
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L’esprit à sec et la tête ivre. Fini, mais ne sachant finir. Il mourut en s’attendanr Vivre. Et vécut s’attendant mourir.
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Matelots (Gens de mer)

Tel qu’une vieille coque, au sec et dégréée,
Où vient encor parfois clapoter la marée :
Âme-de-mer en peine est le vieux matelot
Attendant, échoué… — quoi : la mort ?
— Non, le flot.
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Des essais ? - Allons donc, je n'ai pas essayé !
Étude ? - Fainéant je n'ai jamais pillé.
Volume ? - Trop broché pour être relié.
De la copie ? - Hélas non, ce n'est pas payé !

Un poème ? - Merci, mais j'ai lavé ma lyre.
Un livre ? -... Un livre, encore, est une chose à lire !...
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Vendetta.

Tu ne veux pas de mon âme
Que je jette à tour de bras :
Chère, tu me le payeras !…
Sans rancune – je suis femme ! –

Tu ne veux pas de ma peau :
Venimeux comme un jésuite,
Prends garde !… je suis ensuite
Jésuite comme un crapaud,

Et plat comme la punaise,
Compagne que j’ai sur moi,
Pure… mais, – ne te déplaise, –
Je te préférerais, Toi !

– Je suis encor, Ma très-Chère,
Serpent comme le Serpent
Froid, coulant, poisson rampant
Qui fit pécher ta grand’mère…

Et tu ne vaux pas, Pécore,
Beaucoup plus qu’elle, je croi…
Vaux-tu ma chanson encore ?…
Me vaux-tu seulement moi !…
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Rescousse.

Si ma guitare
Que je répare,
Trois fois barbare :
Kriss indien.

Cric de supplice,
Bois de justice,
Boîte à malice,
Ne fait pas bien…

Si ma voix pire
Ne peut te dire
Mon doux martyre…
– Métier de chien ! –

Si mon cigare,
Viatique et phare,
Point ne t’égare ;
– Feu de brûler…

Si ma menace,
Trombe qui passe,
Manque de grâce ;
– Muet de hurler…

Si de mon âme
La mer en flamme
N’a pas de lame ;
– Cuit de geler…

Vais m’en aller !
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Portes et fenêtres.

N’entends-tu pas ? – Sang et guitare ! –
Réponds !… je damnerai plus fort.
Nulle ne m’a laissé, Barbare,
Aussi longtemps me crier mort !

Ni faire autant de purgatoire !…
Tu ne vois ni n’entends mes pas,
Ton œil est clos, la nuit est noire :
Fais signe – Je ne verrai pas.

En enfer j’ai pavé ta rue.
Tous les damnés sont en émoi…
Trop incomparable Inconnue !
Si tu n’es pas là… préviens-moi !

À damner je n’ai plus d’alcades,
Je n’ai fait que me damner moi,
En serinant mes sérénades…
– Il ne reste à damner que Toi !
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Le naufrageur.

Si ce n’était pas vrai – Que je crève !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
J’ai vu dans mes yeux, dans mon rêve,
La Notre-Dame des brisans
Qui jetait à ses pauvres gens
Un gros navire sur leur grève…
Sur la grève des Kerlouans
Aussi goélands que les goélands.

Le sort est dans l’eau : le cormoran nage,
Le vent bat en côte, et c’est le Mois Noir…
Oh ! moi je sens bien de loin le naufrage !
Moi j’entends là-haut chasser le nuage !
Moi je vois profond dans la nuit, sans voir !

Moi je siffle quand la mer gronde,
Oiseau de malheur à poil roux !…
J’ai promis aux douaniers de ronde,
Leur part, pour rester dans leurs trous…
Que je sois seul ! – oiseau d’épave
Sur les brisans que la mer lave…
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Oiseau de malheur à poil roux !

– Et qu’il vente la peau du diable !
Je sens ça déjà sous ma peau.
La mer moutonne !… – Ho, mon troupeau !
– C’est moi le berger, sur le sable…

L’enfer fait l’amour. – Je ris comme un mort –
Sautez sous le Hû !… le Hû des rafales,
Sur les noirs taureaux sourds, blanches cavales !
Votre écume à moi, cavales d’Armor !
Et vos crins au vent !… – Je ris comme un mort –

Mon père était un vieux saltin,
Ma mère une vieille morgate…
Une nuit, sonna le tocsin :
– Vite à la côte : une frégate ! –
… Et dans la nuit, jusqu’au matin,
Ils ont tout rincé la frégate…

– Mais il dort mort le vieux saltin,
Et morte la vieille morgate…
Là-haut, dans le paradis saint
Ils n’ont plus besoin de frégate.
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Bonsoir.

Et vous viendrez alors, imbécile caillette,
Taper dans ce miroir clignant qui se paillette
D’un éclis d’or, accroc de l’astre jaune, éteint.
Vous verrez un bijou dans cet éclat de tain.

Vous viendrez à cet homme, à son reflet mièvre
Sans chaleur… Mais, au jour qu’il dardait la fièvre,
Vous n’avez rien senti, vous qui – midi passé –
Tombez dans ce rayon tombant qu’il a laissé.

Lui ne vous connaît plus, Vous, l’Ombre déjà vue,
Vous qu’il avait couchée en son ciel toute nue,
Quand il était un Dieu !… Tout cela – n’en faut plus. –

Croyez – Mais lui n’a plus ce mirage qui leurre.
Pleurez – Mais il n’a plus cette corde qui pleure.
Ses chants… – C’était d’un autre ; il ne les a pas lus.
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Au vieux Roscoff.

Trou de flibustiers, vieux nid
À corsaires ! – dans la tourmente,
Dors ton bon somme de granit
Sur tes caves que le flot hante…

Ronfle à la mer, ronfle à la brise ;
Ta corne dans la brume grise,
Ton pied marin dans les brisans…
– Dors : tu peux fermer ton œil borgne
Ouvert sur le large, et qui lorgne
Les Anglais, depuis trois cents ans.

– Dors, vieille coque bien ancrée ;
Les margats et les cormorans
Tes grands poètes d’ouragans
Viendront chanter à la marée…
– Dors, vieille fille-à-matelots ;
Plus ne te soûleront ces flots
Qui te faisaient une ceinture
Dorée, aux nuits rouges de vin,
De sang, de feu ! – Dors… Sur ton sein
L’or ne fondra plus en friture.

– Où sont les noms de tes amants…
– La mer et la gloire étaient folles ! –
Noms de lascars ! noms de géants !
Crachés des gueules d’espingoles…

Où battaient-ils, ces pavillons,
Écharpant ton ciel en haillons !…
– Dors au ciel de plomb sur tes dunes…
Dors : plus ne viendront ricocher
Les boulets morts, sur ton clocher
Criblé – comme un prunier – de prunes…

– Dors : sous les noires cheminées,
Écoute rêver tes enfants,
Mousses de quatre-vingt-dix ans,
Épaves des belles années…
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il dort ton bon canon de fer,
À plat-ventre aussi dans sa souille,
Grêlé par les lunes d’hyver…
Il dort son lourd sommeil de rouille.
– Va : ronfle au vent, vieux ronfleur,
Tiens toujours ta gueule enragée
Braquée à l’Anglais !… et chargée
De maigre jonc-marin en fleur.
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