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Critique de hashtagceline


“Je peux le faire, il dit, je sais que j'en suis capable, je sais, capable et il vérifie si les larmes sont dans ses yeux mais c'est fini, il le sait, il ne pleurera plus jamais.”

Paru en 2009, je n'avais jamais vu passé ce roman et j'ai eu le nez fin de m'y arrêter cette fois-ci.
Je ne m'attendais clairement pas à trouver autant de noirceur, de violence et de sang en démarrant ma lecture.
Rachel Corenblit va au bout des choses, au bout de l'enfer. Et honnêtement, c'est génial. Sur le site du Rouergue, ce texte est rapproché de l'excellentissime Je ne mourrai pas gibier de Guillaume Guéraud. Oui, effectivement, il y a de ça. J'y ai aussi retrouvé une ambiance à la Robert Cormier, en plus trash, avec ce héros désabusé et complètement à la dérive ainsi que cette tension intolérable de bout en bout.

Un petit bout d'enfer nous raconte donc l'histoire de Juliette et ses "quatorze ans qui sentent le moisi" qui voudrait en avoir seize. Alors, elle ment. Et ça fonctionne. Avec ses airs de jeune fille sérieuse, elle fait des bêtises. La dernière en date l'a envoyée en vacances forcées chez sa grand-mère où elle s'ennuie ferme.

Ce roman nous raconte aussi l'histoire de Jules, qui après seize ans de vie commune, se retrouve seul. Sa femme l'a quitté. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne sait pas comment le gérer, lui qu'on a toute sa vie rabaissé...

La narration donne la parole alternativement à Jules, ce mari délaissé, ce père de famille manqué mais aussi à Juliette, cette adolescente apparemment sans histoire à qui il va en arriver une terrible.

Le récit se découpe en quatre parties. Les deux premières mettent en place l'histoire et font monter la pression. La troisième, par fragments, nous donne quelques explications sur le passé et les traumatismes de Jules, cet homme en détresse totale, en mode déconnecté. Et la quatrième, c'est l'apothéose, le dénouement funeste.

Les deux personnages principaux sont liés par ce nombre d'années : seize. Tout un symbole pour l'un et pour l'autre. Juliette, tout comme Jules, m'a déstabilisée. C'est une ado qui veut grandir trop vite. Et elle ne semble pas tirer leçon de ses erreurs.

“Et il m'a demandé, pourquoi, Juliette, pourquoi et j'ai soufflé, je ne suis pas un ange. Moi.”

Jules, lui, va franchir la limite. Dès le départ, sans retour en arrière possible. On ne lui pardonnera pas ce qu'il a fait, mais on aura des éléments pour saisir ce qui l'a fait passer à l'acte...

"Je m'appelle Jules. La moitié de toi. Jules et Juliette."

Rachel Corenblit jongle avec nos sentiments et nous fait tour à tour aimer, détester, avoir pitié, puis comprendre ses deux héros.

Il y a de très beaux passages également, malgré l'horreur.
Mais la violence est là. Omniprésente. de nombreuses scènes sont insoutenables. Je m'en suis étonnée sans le récriminer. Sans toute cette brutalité, le récit aurait été tiède. Ici, la violence ne se cautionne pas mais donne sa force au roman.

Rachel Corenblit, je l'ai dit, va au bout des choses. Et elle n'épargne pas ses lecteurs. Elle a raison car le résultat est là : ce roman est captivant, original et hyper réaliste.
Lien : https://www.hashtagceline.co..
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