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Critique de Sachenka


Juan, Clara et leurs amis, la veille d'un examen universitaire, se promènent dans les rues de Buenos Aires. Ils sont jeunes, probablement beaux, et ils ont la nuit devant eux. Évidemment, ils ne la passeront pas à étudier (comme d'autres de leurs confrères, par exemple Andres Fava qui aura droit à son propre roman). Leurs déambulations dans la capitale argentine du milieu du siècle sont entrecoupées de rencontres fortuites, d'événements cocasses et insolites. Néanmoins, ils n'ont pas oublié leurs études. En marchant, ils discutent littérature, politique, histoire, etc. le roman est truffé de références, de citations d'auteurs célèbres : Pérez Galdos, Stendhal, Rousseau, Freud, Virginia Woolf, etc. Y passent également des compositeurs comme Tchaïkovski et Rachmaninov ainsi que des grands noms du théâtre et du cinéma. La culture populaire n'est pas en reste, on retrouve aussi des chansons empruntant à l'argot sud-américain.

Ça peut sembler touffus, aller dans toutes les directions (pour tout dire, c'est effectivement le cas!) et, incidemment, déplaire à plusieurs. D'autant plus que le style n'aide pas non plus avec ses paragraphes drôlement découpés, ses phrases détachées. Indéfinissable et déroutant. Mais, en même temps, étrangement dynamique, attirant. Juvénile? Est-ce là un signe de maladresse de la part de Julio Cortazar, dans une oeuvre de jeunesse longtemps demeurée inédite (cachée dans un tiroir)? Ou plutôt le signe d'un roman plein de vie, de verve, à l'image de ses protagonistes? Ou les deux?

En trame de fond, il y a le régime de Juan Perron. J'y ai été peu sensible. Peut-être parce que je le connais peu et que je n'ai pas porté attention aux indications. Surtout parce que les errances et les élucubrations vertigineuses du groupe de jeunes gens m'ont un peu déstabilisé. J'en perdais mes repères. Par moment (comme ces jeunes), mon esprit était ailleurs, vagabondait. J'en ai indubitablement manqué des pans de leur histoire. Mais quelle histoire? Leur aventure est semblable à celle de n'importe quel groupe de jeunes gens mordant dans la vie. le décor ne m'était pas important. Peut-être l'était-il et que je suis passé à côté de quelque chose. Tant pis.

Néanmoins, je ne regrette pas la lecture de L'examen. D'abord, elle a rappelé à ma tête mon intérêt pour Julio Cortazar, pour l'Argentine et les auteurs sud-américains que j'ai un peu négligé dernièrement. Surtout, elle m'a fait replonger dans mes propres souvenirs. Moi aussi, jadis (comme une puis deux décennies passent vite!), j'ai déambulé dans les rues de ma métropole avec mes camarades d'université à échanger sérieusement sur des sujets aussi saugrenus et sérieux que les réactions cognitives des bovins et la réelle importance du thème du souvenir dans l'oeuvre de Proust. Bref, une lecture un peu complexe et déroutante mais rafraichissante et étrangement moderne.
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