AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dandine


Apres Mendiants et orgueilleux j'ai eu envie de relire un autre Cossery. Encore une pepite, relativement courte cette fois.

Albert Cossery, le plus francais des egyptiens, le citoyen de St Germain des pres, l'homme qui n'a jamais voulu posseder quoi que ce soit, nous offre un texte hilarant, et se sert de l'humour pour faire passer sa critique de la societe.

Ca se passe au Caire, ville ou la chaleur n'a de concurrent que la poussiere. Cossery peint le paysage: "La vetuste de ces habitations evoquait l'image de futurs tombeaux et donnait l'impression, dans ce pays hautement touristique, que toutes ces ruines en suspens avaient acquis par tradition valeur d'antiquites et demeuraient par consequent intouchables". Il evoque la population qui y deambule: " Ouvriers en chomage, artisans sans clientele, intellectuels desabuses sur la gloire, fonctionnaires administratifs chasses de leurs bureaux par manque de chaises, diplomes d'université ployant sous le poids de leur science sterile, enfin les eternels ricaneurs, philosophes amoureux de l'ombre et de leur quietude".
C'est une histoire de resistance. Resistance et debrouillardise du petit peuple, ici incarne par un voleur a la tire, face au "systeme". Cossery nous le presente: "Ossama etait un voleur; non pas un voleur legaliste tel que ministre, banquier, affairiste, speculateur ou promoteur immobilier; c'etait un modeste voleur aux revenus aleatoires, mais dont les activites – sans doute parce que d'un rendement limite – etaient considerees de tous temps et sous toutes les latitudes comme une offense a la regle morale des nantis".

Ossama est un hedoniste. Son pays peut tourner au desastre, mais lui, bien habille pour ne pas se faire arreter a chaque coin de rue sur sa mise, est convaincu que "rien sur terre ne peut etre tragique pour un homme intelligent". Il rode dans les beaux quartiers, humant ses proies. Par un heureux hasard, il s'empare du portefeuille d'un gros bonnet. Qui ne contient pas que de l'argent, mais comme son nom l'indique, une feuille aussi, une lettre qui compromet le gros bonnet (un promoteur vereux) et des membres du gouvernement.

Comment Ossama va tirer parti de la lettre comprommettante? Pour le savoir il faut lire le livre. J'ai promis aux manes de Cossery de ne rien devoiler. Un indice quand meme: c'est hilarant. Bon, ce n'est pas vraiment un indice, tout le livre est hilarant.

Et je ne peux m'empecher de penser que Cossery s'est mire dans la glace de son hotel pour decrire Ossama: un homme qui ne possede rien, mais toujours tire a quatre epingles.
Commenter  J’apprécie          590



Ont apprécié cette critique (55)voir plus




{* *}