Aulus-les-Bains est une petite station thermale, qui, chaque été, reçoit ses sept cents curistes, des habitué.e.s ; le reste de l'année, un calme sédatif règne dans ce village humide où l'eau est partout.
La narratrice y vient depuis son enfance dans un hôtel désaffecté que son père tente de remettre en état, sans grand succès. Depuis ce point d'observation et à l'aide d'un album photo trouvé dans une brocante, elle dresse le portrait d'une communauté villageoise rude et enracinée, vivotant autour de vieilles haines recuites dont personne ne sait plus où elles ont pris racine.
Sans régionalisme outrancier (
Aulus est dans les Pyrénées, ce pourrait être ailleurs...), l'auteure réussit à montrer des paysages grandioses propices à la randonnée, où la montagne est célébrée avec des mots du cru : la soulane, le gispet, le Pouech ; elle montre aussi combien les préoccupations contemporaines et les choix de société séparent les habitant.e.s : produire de l'électricité massivement ou choisir d'autres modes d'énergie, protéger l'ours ou l'éradiquer, célébrer la mine qui a fait la richesse de la vallée ou s'en rappeler comme d'une source de pollution...
Ce roman est une belle réussite grâce à une écriture équilibrée entre tendresse et lucidité, tantôt précise tantôt poétique, avec de magnifiques pages sur la nature qui n'est pas toujours consolatrice mais renvoie immanquablement chacun à sa condition de mortel.le.
Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyage auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure