Comme souvent en (bonne) littérature jeunesse, ce roman permet plusieurs niveaux de lecture.
La première des thématiques les plus évidentes est évidemment la pollution chimique à grande échelle qui menace la fertilité humaine : c'est hélas une menace avérée, qui avait déjà été analysée en 2010 par le docteur
Pierre Duterte et
Gérald Messadié dans le Krach du sperme aux éditions L'Archipel. Avec la recherche sur le clonage et ses dérives, on aborde la bioéthique, et les collusions néfastes entre industrie, politique et recherche. Enfin, c'est toute la notion de « famille » qui est repensée, puisque la « mère » de Malou et ses soeurs est l'être qui a été cloné pour leur donner naissance.
Toutefois, l'autrice ne s'en tient pas là : avec cet « effet Ricochet », elle nous fait réfléchir à la notion de transmission du traumatisme entre les générations et sur la définition de destin personnel. Qu'est-ce qui constitue la singularité d'une personne ? Comment sa vie peut-elle être influencée par les événements qui ont marqué ses parents avant même sa naissance ? Quelle part ce « poids » originel peut-il laisser au libre arbitre ? le traumatisme profond qui a modifié la psychologie de la mère peut-il peser également sur ses filles ? Cette dernière thématique constitue un sujet de recherche contemporain, développé notamment par Florence Calicis dans La transmission transgénérationnelle des traumatismes et de la souffrance non dite. Dans le roman, cette question est au coeur de l'enquête de Malou sur l'histoire de sa mère et de sa grand-mère.
L'écriture est soignée, comme toujours chez
Nadia Coste. le récit au passé ne confond pas, contrairement à ce qu'on trouve désormais trop souvent en « littérature générale » ou « contemporaine », le passé simple avec le passé composé… On a beau être plongé dans un monde où écrans et réseaux sociaux sont partout, on n'en oublie pas d'être attentif au vocabulaire.
Le jury des Utopiales ne s'y est pas trompé, qui a sélectionné ce titre pour son prix Utopiales jeunesse.
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