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sur 265 notes
Pour venir à bout de son projet, qu'était celui de réaliser un document-fiction en bandes dessinées, Pascal Croci aura eu besoin de cinq années. Cinq années pendant lesquelles il a interviewé plusieurs témoins/survivants/rescapés du camp d'Auschwitz-Birkenau. Cinq années pendant lesquelles il a réalisé des recherches minutieuses. Cinq années pendant lesquelles il a travaillé sur le graphisme de l'histoire qu'il voulait nous présenter. le résultat, sinon splendide (impossible d'utiliser ce terme pour évoquer ce pan de l'Histoire) est en tout cas efficace et nécessaire.

Pascal Croci s'est donc basé sur les différents témoignages qu'il a récoltés pour pouvoir nous raconter l'histoire de Kazik et Cessia, qui débute et se termine en 1993, en ex-Yougoslavie. le parallèle fait entre les conflits de cette période et ceux cinquante ans plus tôt est là comme une évidence, un rappel... Accusés tous deux de trahison politique, Kazik et Cessia n'ont pas oublié, se rappellent et nous racontent ce qu'ils ont vécu dans le camp d'extermination d'Auschwitz il y a un demi-siècle de ça...

Kazik, séparé de sa femme et sa fille à leur arrivée à Auschwitz, se porte "volontaire" pour faire partie des Somderkommando. Il sait que sa femme n'a pas survécu à la haine des nazis, mais il y voit une chance de revoir une dernière fois Ann, sa fille. Pour rappel, les Somderkommando sont un commando spécial formé uniquement de juifs chargé d'évacuer les cadavres de la chambre à gaz...
Cessia, quant à elle, a été admise dans le camp des femmes. Elle a pris sous son aile une jeune fille de treize ans qui a miraculeusement survécu à la chambre à gaz... À quelques jours de la libération du camp, cette dernière tombe malade...

Les dessins en noir et blanc, réalisés au fusain, sont fins, détaillés, très réalistes. Tout est gris, plombant, en totale adéquation avec le récit. Terriblement sombre et sans espoir mais terriblement efficace. Les expressions des visages, tantôt ternes, horrifiés, emplis de lassitude, fatigués, ou encore haineux, sont éloquentes. La grandeur des yeux et la perspicacité des regards surtout sont marquantes, mettant en avant la maigreur des visages et la force de l'émotion éprouvée du moment.

En voulant contribuer au devoir de mémoire, Pascal Croci nous livre ici une histoire percutante qui relie les deux protagonistes principaux, à nouveau persécutés presque cinquante ans après. À moitié fiction, à moitié documentaire, ce n'est qu'à la fin, dans les pages consacrées à l'entretien de l'auteur, qu'on arrive à faire la part entre faits réels et faits fictifs, entre personnages de fiction ou non. Ces dernières pages sont en fait aussi nécessaires que la bande dessinée elle-même. Elles se complètent et sont en mesure de pallier aux petits manquements de l'autre.

Le tout forme un ensemble percutant, saisissant, efficace. Je n'ai pas été totalement embarquée, les pages en effet se tournent bien trop vite car c'est bien trop vite que les événements se déroulent : les dialogues, bien que puissants, sont peu nombreux, ou plutôt trop courts, et de ce fait pas assez immersifs. Mais je ne pense pas que là était l'objectif de l'auteur de toute façon. Celui de nous rappeler de ne surtout pas oublier est atteint en tout cas, là est l'essentiel.

Est-ce un livre à conseiller ? Difficile à dire, mais à lire, oui, incontestablement.
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« A l'aube des temps, les chrétiens avaient déclaré : vous ne pouvez pas vivre parmi nous comme juifs. Au Moyen-Age, les chefs séculiers décidèrent: vous ne pouvez plus vivre parmi nous. Enfin, les Nazis décidèrent : Vous ne pouvez plus vivre ».

Comme ça , d'entrée de jeu , ça peut plomber l'ambiance . Mais d'ambiance de fin d'année , shampomy à gogo , rires gras et cotillons à la con plein les fringues , il n'en est jamais question dans cet album volontairement écrit pour les plus jeunes que la lecture pourrait rebuter . Prix jeunesse de l'Assemblée Nationale en 2001 – le prix jeunesse du Sénat , dont la moyenne d'âge avoisine les 124 ans , ayant été attribué à Michel Drucker pour l'ensemble de son oeuvre - , ce récit initié par la série de Claude Lanzmann , Shoah , se focalise sur Auschwitz , camp emblématique de la solution finale Nazie , et ses rouages mortifères .

Auschwitz : le 27 janvier 1945 , l'armée soviétique prend possession du camp libérant ainsi un peu plus des 7000 prisonniers restants . Plus d'un million n'aura pas eu cette chance...
Croci se lance dans la BD didactique . Aucune volonté de sa part d'exorciser un passé familial délicat puisque l'auteur ne possède aucune filiation judaique .
Il se pose en observateur fidèle qui , après avoir étudié le sujet en long , en large et en diagonale bisautée et avoir recoupé une multitude de témoignages d'anciens prisonniers concentrationnaires , évoque sur papier glacé un univers qui le fût tout autant .

Ex-Yougoslavie , les époux Kazik se souviennent et se racontent...
De leur arrivée , entassés comme des bestiaux dans les trains de déportation , à leur libération , Croci retranscrit précisément le processus d'éradication alors mis en place par leurs bourreaux nazis . Un trait bicolore précis accentue l'abomination des lieux et des corps décharnés aux yeux hagards . Croci préfère suggérer que montrer et en cela , il fait - bzzzz - mouche . Les anecdotes plus sordides les unes que les autres pullulent accentuant , si besoin était , ce sentiment d'enfer sur terre .
Le camp et son abject fonctionnement est une réussite totale . le scénario , lui , pêche par omission . Quid des moments marquants qu'étaient le tatouage , la tonte , j'en passe et des moins sympathiques .
Et que dire des acteurs qui auraient du susciter une empathie immédiate plutôt qu'une vague sympathie de situation . Dommage...
Plus qu'à me ruer sur Maus de Spiegelman et son incontournable monstrueux bestiaire animalier . Nouvelles grosses barres de rire en perspective...

Auschwitz : quelqu'un dit un jour , cheveux longs , tongs , tunique négligée , un hippie sans doute : " tu aimeras ton prochain comme toi-même ". Blague inégalée à ce jour...
http://www.youtube.com/watch?v=S6qv2ZAjpSs
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Je dois avouer que lorsque j'ai reçu cette bande dessinée, j'ai eu peur de l'ouvrir en sachant ce que j'allais y trouver. Mais devoir de mémoire oblige, j'ai fini par m'y plonger pour y trouver des illustrations terribles et effrayantes, certes, mais ô combien réalistes et soignées !

La première planche nous emmène en ex-Yougoslavie en 1993 : Kazik et Cessia se souviennent et racontent l'enfer du camp de concentration. L'arrivée des déportés, la terreur en guise d'accueil, les exécutions pour l'exemple, la façon dont on fait plier ces hommes et ses femmes assimilés à du bétail, le quotidien du camps qui n'existait pas, on n'était jamais sûr d'être vivant le lendemain, les SS s'arrangeant pour assurer une insécurité permanente en changeant les lieux de travail, comment on fournit un confort tout relatif aux déporté Tchèque en ne séparant pas les familles et en ne prenant pas leur bagages, pour les voir ensuite basculer dans l'horreur, sans omettre une certaine solidarité existant entre déportés.

Côté Allemand, on côtoie des personnages impulsifs et montrant une violence extrême, où pondérés et affichant un certain calme, mais qu'importe, ce sont tous des tortionnaires qui semblent jouir de la souffrance d'autrui.

Cet ouvrage semble bien être le fruit d'un long travail de recherche, l'auteur ayant rencontré des membres de l'amicale d'Auschwitz qui avaient organisé une exposition sur la shoah et qui ont accepté de témoigner, ainsi que certainement un énorme travail d'illustration qui montre parfaitement la terreur et la violence tout en évitant le voyeurisme et qui montre un lieu fermé, au milieu de nulle-part ou le temps semble s'être arrêté, un enfer plongé dans le brouillard.

Le personnage principal, Kazik, personnage de fiction, est né en hommage au principal témoin de Pascal Croci, Mr Kazimierz Kac qui perdra son épouse et sa fille durant leur déportation.

L'auteur établit clairement le lien entre l'ex-Yougoslavie et Auschwitz afin de rappeler que les camps de concentration n'appartiennent pas au passé, des images de la guerre entre 1991 et 2001 lui ont rappelé que ce passé peut ressurgir.

Cet ouvrage n'expose pas seulement un travail parfaitement documenté sous la forme d'une bande dessinée, il comporte une interview très intéressante de l'auteur au sujet de son travail.

Cette bande dessinée devrait passer entre les mains d'une majorité de lecteurs !
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Quel album ! C'est avec des frissons que je l'ai refermé. On connait tous l'Histoire, malheureusement, d'Auschwitz et des camps. Aucune surprise à ce niveau-là. Mais la façon dont Pascal Croci rappelle tous ces événements, en prenant appui sur des témoignages ou ses lectures, met en relief l'horreur. Les dessins également, en noir et blanc, aux traits âpres, au couteau, viennent s'ajouter au scénario.
Une BD à mettre entre toutes les mains afin de ne pas oublier !
Lien : https://promenadesculturelle..
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C'est le bandeau apposé sur la couverture "Prix jeunesse Assemblée Nationale" qui m'a poussée à emprunter cet ouvrage à la médiathèque avant mon départ pour ce confinement. Même si je me doutais bien, au vu du titre, que l'histoire serait loin d'être des plus marrantes, elle aurait au moins le mérite de me faire réfléchir et de m'instruire par la même occasion car à ce sujet, celui des camps de concentration, l'on n'en sait jamais trop.

L'histoire débute en 1993 quelque part en ex-Yougoslavie alors quel rapport avec le camp d'Auschwitz me direz -vous . Eh bien tut simplement Kazimierz Kac Kazic et sa femme Cessia (personnages ayant réellement existé) y étaient et se souviennent. Ils y étaient avec leur fille et ce n'est que plus de trente ans après que certaines révélations à son sujet ressortent. Pourquoi maintenant ? Nul ne le sait mais ce qui est admirable dans cet ouvrage (que je n'ai réellement compris qu'en lisant l'interview de l'auteur se trouvant en fin d'ouvrage) que je n'ai pu que comprendre toute la portée et m'éclairer sur certains passages de l'histoire. L'histoire ? Est-il besoin de vous la raconter ? Je ne pense pas... Vous avez tous et toutes entendus parler de la sélection et de l'extermination du peuple juif mais pas que lors de leur entrée dans ces camps ? Nul besoin pour l'instant de vous en dire plus alors si ce n'est que cet ouvrage est dune grande justesse, de par les témoignages recueillis par l'auteur (malgré quelques écart notamment sur l'uniforme des nazis de l'époque) mais cela étant rectifié en fin d'ouvrage par un témoignage à vous glacer le sang par l'un des rescapés, l'on peut bien pardonner cela à l'auteur-illustrateur qui a agit en toute connaissance de cause.
Un dessin extrêmement bien travaillé, gris (est-ce pour rappeler la couleur des cendres ou simplement pour donner à cette ambiance quelque chose d'étouffant et d'oppressant, peu importe, l'effet est immédiat, l'on sent très bien l'odeur de la mort qui hante chacune de ces pages), des visages qui parlent d'eux-mêmes tant on peut y lire l'horreur.

Alors, la grande question est : peut-on parler de tout à tous et ce, surtout en bande-dessinée ? La réponse apportée par Pascal Croci est "oui" et d'ailleurs, il le démontre parfaitement bien ici. Bande-dessinée suivie d'un entretien avec ce dernier et de quelques témoignages, cet ouvrage est bien plus qu'une simple bande-dessinée : c'est avant tout un ouvrage de mémoire que je ne peux, encore une fois, que vous recommander de lure et ce, quel que soit votre âge !
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Délicat de dire que l'on a aimé ou pas une oeuvre sur la Shoah. Mon billet porte bien évidemment uniquement sur la façon dont est traité ce drame horrible qu'on vécu les Juifs et toutes les autres victimes du nazisme.
Les dessins sont violents et interpellent le lecteur. Les grands yeux creusés, apeurés horrifiés ou encore méprisants agrippent le lecteur qui ressent instantanément un malaise. le noir et blanc pour seules " couleur" renforcent cette atmosphère d'horreur. En revanche, le scénario reste pour moi trop succinct, nébuleux et je me suis parfois perdue. Les réflexions me paraissent parfois en décalage avec la réalité.
J'ai lu il y a peu un roman graphique sur ce thème "seules contre tous" de Myriam Katin autrement plus poignant et bouleversant, peut-être moins dans les images chocs mais plus dans la réflexion.
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Très bonne BD, un style sombre qui se prête bien au sujet. L'auteur a largement mérité ses prix, les dessins sont criants de vérité.
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L'action débute en ex-Yougoslavie en 1993. Kazik et son épouse, Cessia, font face à la répression du gouvernement et, dans un dernier moment d'intimité, ils se souviennent avec émotion de leur passé et constatent avec regret et amertume que, depuis leur retour, ils ont fait « semblant de vivre ». Débute alors un récit rétrospectif pris en charge par Kazik qui plonge le lecteur en mars 1944 au moment où son épouse et lui sont entassés dans un wagon à bestiaux avec d'autres Juifs et conduits à Auschwitz II-Birkenau…
Parlons d'abord du graphisme : les illustrations sont très convaincantes et donnent à voir toute l'horreur du centre de mise à mort. Présentée comme la première bande dessinée réaliste sur la Shoah, Auschwitz se caractérise par des dessins en noir et blanc, ou plutôt en nuances de gris, froids, où les visages émaciés et les yeux fatigués et hagards sont légion. Il y a dans les traits des personnages quelque chose de relativement uniforme, les rendant difficilement identifiables, l'absence d'individualisation conduisant à l'annihilation progressive. Ensuite, le contenu : je ne suis pas sûre que le fait d'avoir introduit et clos l'histoire par la mention d'une autre période historique soit la meilleure idée, même si, bien sûr, on peut comprendre le choix de l'auteur. Au-delà de cet élément, j'ai trouvé l'ensemble très parcellaire et, de fait, un peu confus. Il m'a semblé qu'il manquait des transitions ainsi que des informations essentielles pour comprendre parfaitement le fonctionnement du camp, mais il faut reconnaître qu'il est difficile voire impossible de viser l'exhaustivité avec un tel format. Malgré mes réserves, je recommande cette bande dessinée de Pascal Croci car certaines planches peuvent véritablement marquer les esprits, et c'est finalement l'essentiel.

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Le confinement est l'occasion de relire certains ouvrages. C'est le cas de cette bande dessinée qui avait marqué mon adolescence.

Quelques années après les purges d'ex-Yougoslavie, Pascal Croci imagine un récit dans lequel il met en parallèle ces deux massacres d'hommes par d'autres hommes, motivés par la haine de la différence et un discours identitaire féroce.

A la relecture j'ai été frappée par violence et la brutalité sans filtre qui est illustrée ici, sans la moindre tentative d'esthétisation ni tabou.
En lecteur adulte, on reconnaît les références littéraires ou cinématographiques (avec le Shoah de Claude Lanzmann notamment).
Une lecture sombre et choc, accentuée par les visages taillés à la serpe des personnages et les regards très expressifs.
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Finir son dimanche après midi ensoleillé à lire une BD dont le thème est la vie dans les camps d'extermination Nazis, c'est un peu rude. Mais en même temps, quelque soit le moment où choisi, j'aurais de toute façon trouvé cette histoire rude.
Oui c'est rude à lire mais je n'ai pas de mot pour décrire ce que ça a été à vivre. Cette histoire s'appuie sur les témoignages de survivants. C'est très documenté. Et le dossier de fin de tome explique la démarche de l'auteur.
Son objectif, perpétuer la mémoire.
Parfois il faut se bousculer un peu, même un dimanche sous le soleil.
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