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EAN : 9782848100005
76 pages
Emmanuel Proust (01/04/2005)
3.88/5   265 notes
Résumé :
C'est une bande dessinée pour témoigner. Elle raconte la vie quotidienne au camp d'Auschwitz-Birkenau. L'auteur, Pascal Croci, a consacré cinq années à cette entreprise ambitieuse et délicate. Très marqué par Shoah, le film de Claude Lanzmann, puis par une exposition de dessins de déportés organisée à Paris en 1993, il a éprouvé le besoin d'apporter sa contribution au devoir de mémoire. Avant lui, Art Spiegelman avait déjà abordé le même sujet avec Maus. Dans son li... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (64) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 265 notes
Pour venir à bout de son projet, qu'était celui de réaliser un document-fiction en bandes dessinées, Pascal Croci aura eu besoin de cinq années. Cinq années pendant lesquelles il a interviewé plusieurs témoins/survivants/rescapés du camp d'Auschwitz-Birkenau. Cinq années pendant lesquelles il a réalisé des recherches minutieuses. Cinq années pendant lesquelles il a travaillé sur le graphisme de l'histoire qu'il voulait nous présenter. le résultat, sinon splendide (impossible d'utiliser ce terme pour évoquer ce pan de l'Histoire) est en tout cas efficace et nécessaire.

Pascal Croci s'est donc basé sur les différents témoignages qu'il a récoltés pour pouvoir nous raconter l'histoire de Kazik et Cessia, qui débute et se termine en 1993, en ex-Yougoslavie. le parallèle fait entre les conflits de cette période et ceux cinquante ans plus tôt est là comme une évidence, un rappel... Accusés tous deux de trahison politique, Kazik et Cessia n'ont pas oublié, se rappellent et nous racontent ce qu'ils ont vécu dans le camp d'extermination d'Auschwitz il y a un demi-siècle de ça...

Kazik, séparé de sa femme et sa fille à leur arrivée à Auschwitz, se porte "volontaire" pour faire partie des Somderkommando. Il sait que sa femme n'a pas survécu à la haine des nazis, mais il y voit une chance de revoir une dernière fois Ann, sa fille. Pour rappel, les Somderkommando sont un commando spécial formé uniquement de juifs chargé d'évacuer les cadavres de la chambre à gaz...
Cessia, quant à elle, a été admise dans le camp des femmes. Elle a pris sous son aile une jeune fille de treize ans qui a miraculeusement survécu à la chambre à gaz... À quelques jours de la libération du camp, cette dernière tombe malade...

Les dessins en noir et blanc, réalisés au fusain, sont fins, détaillés, très réalistes. Tout est gris, plombant, en totale adéquation avec le récit. Terriblement sombre et sans espoir mais terriblement efficace. Les expressions des visages, tantôt ternes, horrifiés, emplis de lassitude, fatigués, ou encore haineux, sont éloquentes. La grandeur des yeux et la perspicacité des regards surtout sont marquantes, mettant en avant la maigreur des visages et la force de l'émotion éprouvée du moment.

En voulant contribuer au devoir de mémoire, Pascal Croci nous livre ici une histoire percutante qui relie les deux protagonistes principaux, à nouveau persécutés presque cinquante ans après. À moitié fiction, à moitié documentaire, ce n'est qu'à la fin, dans les pages consacrées à l'entretien de l'auteur, qu'on arrive à faire la part entre faits réels et faits fictifs, entre personnages de fiction ou non. Ces dernières pages sont en fait aussi nécessaires que la bande dessinée elle-même. Elles se complètent et sont en mesure de pallier aux petits manquements de l'autre.

Le tout forme un ensemble percutant, saisissant, efficace. Je n'ai pas été totalement embarquée, les pages en effet se tournent bien trop vite car c'est bien trop vite que les événements se déroulent : les dialogues, bien que puissants, sont peu nombreux, ou plutôt trop courts, et de ce fait pas assez immersifs. Mais je ne pense pas que là était l'objectif de l'auteur de toute façon. Celui de nous rappeler de ne surtout pas oublier est atteint en tout cas, là est l'essentiel.

Est-ce un livre à conseiller ? Difficile à dire, mais à lire, oui, incontestablement.
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« A l'aube des temps, les chrétiens avaient déclaré : vous ne pouvez pas vivre parmi nous comme juifs. Au Moyen-Age, les chefs séculiers décidèrent: vous ne pouvez plus vivre parmi nous. Enfin, les Nazis décidèrent : Vous ne pouvez plus vivre ».

Comme ça , d'entrée de jeu , ça peut plomber l'ambiance . Mais d'ambiance de fin d'année , shampomy à gogo , rires gras et cotillons à la con plein les fringues , il n'en est jamais question dans cet album volontairement écrit pour les plus jeunes que la lecture pourrait rebuter . Prix jeunesse de l'Assemblée Nationale en 2001 – le prix jeunesse du Sénat , dont la moyenne d'âge avoisine les 124 ans , ayant été attribué à Michel Drucker pour l'ensemble de son oeuvre - , ce récit initié par la série de Claude Lanzmann , Shoah , se focalise sur Auschwitz , camp emblématique de la solution finale Nazie , et ses rouages mortifères .

Auschwitz : le 27 janvier 1945 , l'armée soviétique prend possession du camp libérant ainsi un peu plus des 7000 prisonniers restants . Plus d'un million n'aura pas eu cette chance...
Croci se lance dans la BD didactique . Aucune volonté de sa part d'exorciser un passé familial délicat puisque l'auteur ne possède aucune filiation judaique .
Il se pose en observateur fidèle qui , après avoir étudié le sujet en long , en large et en diagonale bisautée et avoir recoupé une multitude de témoignages d'anciens prisonniers concentrationnaires , évoque sur papier glacé un univers qui le fût tout autant .

Ex-Yougoslavie , les époux Kazik se souviennent et se racontent...
De leur arrivée , entassés comme des bestiaux dans les trains de déportation , à leur libération , Croci retranscrit précisément le processus d'éradication alors mis en place par leurs bourreaux nazis . Un trait bicolore précis accentue l'abomination des lieux et des corps décharnés aux yeux hagards . Croci préfère suggérer que montrer et en cela , il fait - bzzzz - mouche . Les anecdotes plus sordides les unes que les autres pullulent accentuant , si besoin était , ce sentiment d'enfer sur terre .
Le camp et son abject fonctionnement est une réussite totale . le scénario , lui , pêche par omission . Quid des moments marquants qu'étaient le tatouage , la tonte , j'en passe et des moins sympathiques .
Et que dire des acteurs qui auraient du susciter une empathie immédiate plutôt qu'une vague sympathie de situation . Dommage...
Plus qu'à me ruer sur Maus de Spiegelman et son incontournable monstrueux bestiaire animalier . Nouvelles grosses barres de rire en perspective...

Auschwitz : quelqu'un dit un jour , cheveux longs , tongs , tunique négligée , un hippie sans doute : " tu aimeras ton prochain comme toi-même ". Blague inégalée à ce jour...
http://www.youtube.com/watch?v=S6qv2ZAjpSs
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Je dois avouer que lorsque j'ai reçu cette bande dessinée, j'ai eu peur de l'ouvrir en sachant ce que j'allais y trouver. Mais devoir de mémoire oblige, j'ai fini par m'y plonger pour y trouver des illustrations terribles et effrayantes, certes, mais ô combien réalistes et soignées !

La première planche nous emmène en ex-Yougoslavie en 1993 : Kazik et Cessia se souviennent et racontent l'enfer du camp de concentration. L'arrivée des déportés, la terreur en guise d'accueil, les exécutions pour l'exemple, la façon dont on fait plier ces hommes et ses femmes assimilés à du bétail, le quotidien du camps qui n'existait pas, on n'était jamais sûr d'être vivant le lendemain, les SS s'arrangeant pour assurer une insécurité permanente en changeant les lieux de travail, comment on fournit un confort tout relatif aux déporté Tchèque en ne séparant pas les familles et en ne prenant pas leur bagages, pour les voir ensuite basculer dans l'horreur, sans omettre une certaine solidarité existant entre déportés.

Côté Allemand, on côtoie des personnages impulsifs et montrant une violence extrême, où pondérés et affichant un certain calme, mais qu'importe, ce sont tous des tortionnaires qui semblent jouir de la souffrance d'autrui.

Cet ouvrage semble bien être le fruit d'un long travail de recherche, l'auteur ayant rencontré des membres de l'amicale d'Auschwitz qui avaient organisé une exposition sur la shoah et qui ont accepté de témoigner, ainsi que certainement un énorme travail d'illustration qui montre parfaitement la terreur et la violence tout en évitant le voyeurisme et qui montre un lieu fermé, au milieu de nulle-part ou le temps semble s'être arrêté, un enfer plongé dans le brouillard.

Le personnage principal, Kazik, personnage de fiction, est né en hommage au principal témoin de Pascal Croci, Mr Kazimierz Kac qui perdra son épouse et sa fille durant leur déportation.

L'auteur établit clairement le lien entre l'ex-Yougoslavie et Auschwitz afin de rappeler que les camps de concentration n'appartiennent pas au passé, des images de la guerre entre 1991 et 2001 lui ont rappelé que ce passé peut ressurgir.

Cet ouvrage n'expose pas seulement un travail parfaitement documenté sous la forme d'une bande dessinée, il comporte une interview très intéressante de l'auteur au sujet de son travail.

Cette bande dessinée devrait passer entre les mains d'une majorité de lecteurs !
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C'est le bandeau apposé sur la couverture "Prix jeunesse Assemblée Nationale" qui m'a poussée à emprunter cet ouvrage à la médiathèque avant mon départ pour ce confinement. Même si je me doutais bien, au vu du titre, que l'histoire serait loin d'être des plus marrantes, elle aurait au moins le mérite de me faire réfléchir et de m'instruire par la même occasion car à ce sujet, celui des camps de concentration, l'on n'en sait jamais trop.

L'histoire débute en 1993 quelque part en ex-Yougoslavie alors quel rapport avec le camp d'Auschwitz me direz -vous . Eh bien tut simplement Kazimierz Kac Kazic et sa femme Cessia (personnages ayant réellement existé) y étaient et se souviennent. Ils y étaient avec leur fille et ce n'est que plus de trente ans après que certaines révélations à son sujet ressortent. Pourquoi maintenant ? Nul ne le sait mais ce qui est admirable dans cet ouvrage (que je n'ai réellement compris qu'en lisant l'interview de l'auteur se trouvant en fin d'ouvrage) que je n'ai pu que comprendre toute la portée et m'éclairer sur certains passages de l'histoire. L'histoire ? Est-il besoin de vous la raconter ? Je ne pense pas... Vous avez tous et toutes entendus parler de la sélection et de l'extermination du peuple juif mais pas que lors de leur entrée dans ces camps ? Nul besoin pour l'instant de vous en dire plus alors si ce n'est que cet ouvrage est dune grande justesse, de par les témoignages recueillis par l'auteur (malgré quelques écart notamment sur l'uniforme des nazis de l'époque) mais cela étant rectifié en fin d'ouvrage par un témoignage à vous glacer le sang par l'un des rescapés, l'on peut bien pardonner cela à l'auteur-illustrateur qui a agit en toute connaissance de cause.
Un dessin extrêmement bien travaillé, gris (est-ce pour rappeler la couleur des cendres ou simplement pour donner à cette ambiance quelque chose d'étouffant et d'oppressant, peu importe, l'effet est immédiat, l'on sent très bien l'odeur de la mort qui hante chacune de ces pages), des visages qui parlent d'eux-mêmes tant on peut y lire l'horreur.

Alors, la grande question est : peut-on parler de tout à tous et ce, surtout en bande-dessinée ? La réponse apportée par Pascal Croci est "oui" et d'ailleurs, il le démontre parfaitement bien ici. Bande-dessinée suivie d'un entretien avec ce dernier et de quelques témoignages, cet ouvrage est bien plus qu'une simple bande-dessinée : c'est avant tout un ouvrage de mémoire que je ne peux, encore une fois, que vous recommander de lure et ce, quel que soit votre âge !
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Quel album ! C'est avec des frissons que je l'ai refermé. On connait tous l'Histoire, malheureusement, d'Auschwitz et des camps. Aucune surprise à ce niveau-là. Mais la façon dont Pascal Croci rappelle tous ces événements, en prenant appui sur des témoignages ou ses lectures, met en relief l'horreur. Les dessins également, en noir et blanc, aux traits âpres, au couteau, viennent s'ajouter au scénario.
Une BD à mettre entre toutes les mains afin de ne pas oublier !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
La politique que nous menons est nécessaire pour le bien de l'humanité ! Nous répandons des idées nouvelles qui, comme la neige, purifient l'air... Combattre la peste juive ! Les anéantir tous ! Sans exception !
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A l'aube des temps, les chrétiens avaient déclaré : « Vous ne pouvez pas vivre parmi nous comme juifs. » Au Haut Moyen-Age, les chefs séculiers décidèrent : « Vous ne pouvez plus vivre parmi nous. » Enfin, les nazis décrétèrent « Vous ne pouvez plus vivre. »
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Nosferatu ( 1922 ) - Le film de Murnau est vu par certains critiques comme une forme de pré-propagande nazie. Les rats répandent la peste, le rat symbole du Juif...
En 42, à Varsovie, les enfants s'échappaient des ghettos pour trouver de quoi ravitailler leurs familles. Les Allemands s'amusaient à les abattre, ils appelaient ça « la chasse aux rats ».
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"Qu'est-ce qui les pousse à agir ainsi ?
_LA HAINE.
_Ne pourrait-on pas se haïr en paix ?"
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Ici , on entre par la porte et on sort par la cheminée...
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Vidéo de Pascal Croci
"Fan de...Michael JACKSON" de Pascal Croci - EMMANUEL PROUST EDITIONS .La BD "Fan de... Michael Jackson", le nouvel album de Pascal Croci en librairie le 8 septembre 2011
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