Citations sur Une déchirure dans le ciel (27)
Il jeta un coup d’œil à Jacobsmeyer, dont l’expression demeurait sévère et patiente. Gene savait que, s’il coopérait, il resterait dans les bonnes grâces de la police. Et que, en retour, on le laisserait accéder à son fils, et par la même occasion maintenir un certain degré de contrôle de la situation, si infime soit-il. Il était déterminé à faire ce qui était préférable pour Tom, à rester intimement impliqué dans le processus.
Je ne peux pas prendre position contre la peine de mort par compassion pour ces hommes parce que je n'ai pas ressenti une once de compassion envers eux à ce stade. Ce serait peut-être le cas si je pensais qu'ils regrettaient - s'ils exprimaient un quel conque remords véritable pour leurs actes. Je peux simplement dire que la peine capitale n'a rien résolu pour moi. Elle ne m'a pas aidée à cicatriser mes plaies, et je ne m'attends pas à ce que cela arrive.
Néanmoins, je suis frustrée par cette éternelle rhétorique. Nous concentrons toujours notre attention au mauvais endroit. Peut-être que la peine de mort est mauvaise, pas uniquement d'un point de vue humanitaire, mais parce qu'elle aliène encore davantage des familles qui ont déjà tant souffert. Parce qu'elle retourne le couteau dans la plaie. Parce qu'elle minimise le rôle des personnes qui devraient avoir le plus d'importance. Parce qu'elle donne aux meurtriers l'opportunité de porter un insigne qu'ils ne méritent pas - celui de la victime.
Saisie d’une de ses humeurs poétiques, Julie leur parla rêveusement du pont, non en tant que simple moyen de rejoindre deux morceaux de terrain, mais plutôt comme outil de communication entre la terre, l’eau et le ciel, comme lieu profondément propice à la paix et à la contemplation. La lune était basse dans le ciel au dessus de l’Illinois, une demi-lune, d’une couleur rouge orangé. Une lune d’automne, commenta Tom, étonné qu’elle soit aussi basse et orangé à cette époque de l’année.
Peut-être Julie était-elle attirée par ce vieux pont parce que, comme elle, il était pétri de contradictions. Certains venaient y chercher paix et sérénité, et d’autres, frissons et danger. C’était un endroit de solitude publique, de grandeur délabrée, de terrible beauté.
La pire chose que peut jamais faire un oppresseur à une victime est de lui inspirer une telle haine que la victime devient capable du même genre de monstruosités que celles qui l'oppressent. Cette menace d'altération de l'âme de la victime en elle-même est bien plus terrifiante à mes yeux que n'importe quelle brutalité physique potentielle. Si je laisse ma révulsion pour les meurtriers de mes cousines me condamner à être assoiffée de sang, les voyous de ce monde ont gagné. Et les Julie et les Robin ont perdu.
Cet après-midi instant de légèreté fut donc bref, même s'ils en avaient tous énormément besoin. Et ils ne tarderent pas à payer ces rires par le terrible sentiment pensant de culpabilité qui est toujours le lot des survivants.
Merci Babelio de m'avoir envoyé ce livre dans le cadre de Masse Critique, je n'aurais certainement pas eu la possibilité de faire cette découverte. J'avais peur que cette lecture soit trop difficile vu le thème abordé mais j'avais beaucoup aimé "American dirt" donc je me suis lancée. Je me suis retrouvée happé par l'histoire et j'ai lu le bouquin très rapidement. L'écriture de l'autrice est vraiment efficace et fluide. L'histoire est abominable mais aussi haletante et mérite d'être connue. J'ai trouvé très intéressant de pouvoir se retrouver dans la tête de plusieurs personnes, de voir la réaction de la police face à cette histoire affolante (un vrai choc d'ailleurs) et de voir comment les différents protagonistes s'en sortent.
Tom, il faut que tu arrêtes de te fustiger avec ça, lui conseilla Frank tandis qu'ils mangeaient leurs steaks. Le noeud du problème, c'est que tu as survécu. Et c'est une bonne chose, sinon personne n'aurait jamais su ce qui était arrivé à Julie et Robin. Ces quatre monstres se baladeraient encore en liberté quelque part. Tu as survécu au fleuve. Tu as survécu aux médias. Et c'est ton témoignage qui va envoyer ces quatre mecs à leur véritable place. Tu devrais être sacrément fier de toi.
Plus tard dans l'après-midi, Hollee McClain, la meilleure amie de Julie, vint à la barre pour évoquer succinctement son amitié avec les deux sœurs. Sa voix tremblota au moment où elle commença à y lire tout haut le poème qu'elles avaient peint sur le pont, Faites ce qui est juste ». Pour les personnes présentes dans la salle d'audience à qui ce texte était encore inconnu, son contenu était d'une ironie à couper le souffle.
FAITES CE QUI EST JUSTE
L'Union Fait la Force
La Division Nous Affaiblit
Rien N'est tout Blanc ni tout Noir Nous, la Nouvelle Génération
Devons Prendre Position Nous Unir pour ne Faire qu'Un Il faut K on
ARRÊTE
De s'Entre-tuer
Pas Besoin d'être Blanc ou Noir
Pour Ressentir les Préjugés
Pour Tomber Amoureux
Connaitre la Douleur
Engendrer la Vie
Pour Tuer
Pour Mourir
Il faut simplement être Humain
Faites ce qui est Juste.
ça n'est pas le bon, ça n'est pas le bon regard.