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Françoise Adelstain (Traducteur)Christine Auché (Traducteur)
EAN : 9782264074713
576 pages
10-18 (06/01/2022)
  Existe en édition audio
4.3/5   1440 notes
Résumé :
Libraire à Acapulco, au Mexique, Lydia mène une vie calme avec son mari journaliste Sebastián et leur famille, malgré les tensions causées dans la ville par les puissants cartels de la drogue. Jusqu’au jour où Sebastián, s’apprêtant à révéler dans la presse l’identité du chef du principal cartel, apprend à Lydia que celui-ci n’est autre que Javier, un client érudit avec qui elle s’est liée dans sa librairie... La parution de son article, quelques jours plus tard, bo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (254) Voir plus Ajouter une critique
4,3

sur 1440 notes
En général, mes premières impressions post lecture sont « fiables » dans le sens où elles perdurent souvent, parfois s'affadissant un peu lorsque l'empreinte d'un livre, pas assez forte, s'estompe. Mais rarement je revois mon jugement initial. Cela a été le cas pour cet American dirt.

Ce roman émotionnellement très fort raconte l'odyssée désespérée d'une mère et de son fils pour fuir le Mexique, après le massacre des seize membres de leur famille par un cartel, en intégrant la masse de migrants voulant passer clandestinement al Norte, aux Etats-Unis.

Dès les premières pages, l'écriture incisive et précise de Jeannine Cummins happe le lecteur qui se dit qu'il met les pieds en terrain connu, celui des récits violents de gangsters et de narcotrafiquants sur fond de contexte mexicain décrit nettement ( assassinats massifs de journalistes, impunité des cartels, ultra violence de ces derniers, corruption généralisée ). Mais très rapidement, ce qui se dégage de ce roman, c'est l'empathie que l'auteur développe pour ses personnages qui traversent des souffrances inconcevables, pour ceux qui réussissent à surmonter des traumatismes inouïs dans l'espoir de se reconstruire ailleurs. C'est sans doute cette articulation entre course poursuite haletante et récit de l'intime qui est le plus réussie, d'autant plus que c'est l'angle féminin qui est choisie pour raconter ces caravanes de migrants latino-américains.

Il n'y a rien de strictement politique dans le récit de Jeannine Cummins, juste une description complète et réaliste ( ou qu'on imagine tels ) du parcours de ces migrants clandestins. Elle fait le choix du souci moral et humanitaire en donnant des visages, ceux de Lydia, Soledad, Rebeca, Luca, à la masse anonyme des migrants, habituellement présentés comme des gens pauvres et impuissants mendiant à grands cris à nos portes ou comme une populace d'envahisseurs criminels selon les points de vue. Elle leur redonne une dignité en les montrant comme acteurs de leur vie capables de construire leur futur. Elle offre un temps d'arrêt au lecteur pour entendre ces voix, comme un pont entre des personnes aux vies radicalement différentes.

Et c'est très fort de voir cette mère et ce fils se déguiser en migrants pour survivre aux sicaires des cartels envoyés à leur trousse, jusqu'à devenir des migrants à part entière s'accrochant au toit de la Bestia ( le train ), fuyant les brutalités de la migra et des milices antimigrants, rongés par la faim, l'insomnie, la paranoïa dans une terreur omniprésente, devant affronter les violences faites aux femmes comme la traversée du désert de la Sonora. On vit, on respire l'histoire de ces migrants fictifs qui semble si vraie, ses périls mais aussi la solidarité et l'héroïsme inattendu de personnes ordinaires. Tout est vibrant de mille émotions. En fait, Jeannine Cummins offre un temps d'arrêt au lecteur pour entendre ces voix qu'on n'entend jamais, elle offre d'autres subjectifs comme un acte d'urgence éthique pour dépasser les a priori sclérosants, comme un pont entre des personnes aux vies radicalement différentes. Les embardées poétiques et singulières des monologues intérieurs de la mère portent le récit au-delà même.

J'ai refermé ce roman très enthousiaste, soufflée par la puissance émotionnelle qu'il a dégagée. Et puis quelques jours passant, quelques semaines après, j'ai un peu réévalué cette immédiateté fulgurante de l'émotion qui a dévoré voire confisqué une réflexion plus profonde.La ligne entre empathie et pitié, entre réalisme et voyeurisme est très fine. Elle est parfois à la limite d'être franchie malgré l'évidente sincérité de l'auteure. Je n'ai par exemple par compris le choix de monter une « bluette » sentimentale quasi de type romance entre Lydia et le chef mafieux. Au-delà de ce choix hasardeux et peu pertinent, le fait de démarrer le roman par un massacre, de choisir comme personnages principaux une mère et son fils menacés d'une mort atroce, confisque toute argumentation, aucun débat n'est possible, aucun chemin émotionnel autre que celui choisit par l'auteur n'est possible. J'ai encore du mal à me situer par rapport à ce roman qui me met quelque peu mal à l'aise.

PS : A noter qu'aux Etats-Unis, ce roman a eu un énorme succès. Il a également fait rebondir les polémiques récentes sur l'appropriation culturelle, certains refusant à l'auteure sa légitimité à parler des migrants, car elle est blanche et non latino-américaine ( elle a « seulement » une grand-mère portoricaine ), polémiques que je trouve injustes au vu de la qualité du travail de documentation de l'auteure.
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+++++++ SALETÉ AMÉRICAINE +++++++

J'ai rarement lu des louanges aussi dithyrambiques que celles à propos du dernier roman de Jeanine Cummins. Pour Don Winslow c'est "Les raisins de la colère" de notre temps, John Grisham affirme qu'il y a très longtemps qu'il n'a pas tourné si vite les pages d'un livre, et pour Stephen King c'est simplement "marvellous" (merveilleux).

De l'auteure, qui est née de parents américains en Espagne, à Rota en Andalousie, mais à une date gardée secrète, "American Dirt" est son 4e ouvrage. Son tout premier ouvrage, paru en 2004, qu'elle a qualifié de mémoire, est en fait un témoignage d'un crime violent où des membres de sa famille ont été impliqués et qui pour un des responsables s'est terminé sur la chaise électrique (en octobre 2005). "A Rip in Heaven" (une déchirure dans le ciel) n'a pas été traduit en Français, ni ses 2 romans qui ont suivi : "The Outside Boy" en 2010 et "The Crooked Branch" (la branche tordue) en 2013.
Vu les noms et commentaires au 1er paragraphe, peut-être qu'un traducteur français est déjà fébrilement en train de traduire le livre, qui est sorti seulement le 21 janvier 2020.

Jeanine Cummins est une dame "spéciale". Licenciée en lettres et communications de l'université Towson dans le Maryland aux États-Unis, elle a travaillé pendant 2 ans comme barmaid à Belfast (Irlande du Nord), puis pendant 10 ans dans l'édition à New York. Elle donne fréquemment des conférences sur les droits des victimes de crimes et s'est prononcée catégoriquement contre l'application de la peine de mort dans son pays.
Elle a épousé, en Amérique, un Irlandais sans-papiers avec qui elle a eu 2 filles.

Dans la grande ville balnéaire mexicaine d'Acapulco a lieu, ce 7 avril, un cas de folie meurtrière dont les cartels de la drogue du Mexique semblent avoir la spécialité : 16 morts par rafales de mitraillettes. Toute la famille du journaliste Sebastián Pérez Delgado, sauf son épouse Lydia et son fils Luca de 8 ans, qui s'étaient cachés dans la douche et que les 3 "sicarios" (tueurs à gages) n'ont pas trouvé.

Lydia sait que ce n'est que partie remise et que le cartel de "Los Jardineros", qui règne à Acapulco en seigneur et maître, fera tout pour les éliminer, elle et son gamin. Compter sur la police ne sert à rien, au contraire, plein de détectives et policiers sont à la solde du cartel et reçoivent mensuellement une somme égale à 3 fois leur salaire.

La seule issue qui lui reste après ce carnage est la fuite tout de suite, sans plan ou trajet bien défini, en pensant vaguement à Denver dans le Colorado aux États-Unis où vit son oncle. Très vite elle prépare des sacs de voyage avec tout ce dont le duo pourrait avoir besoin pendant leur périple. Habillés de façon à ne pas se faire remarques et en changeant d'autobus tous les 15-20 minutes, Lydia, sous le pseudo de Fermina Daza, et son petit, qui est devenu en peu de temps un jeune adulte, prennent le large,

Notre héroïne pense que s'il y a un seul avantage à la terreur c'est que la terreur est plus immédiate que le chagrin.

Le comble c'est que tout le monde sait parfaitement bien qui a donné l'ordre de ce massacre : Javier Crespo Fuentes, surnommé "Lechuza" ou chouette à cause de son physique et ses énormes lunettes, qui est le chef de "Los Jardineros".
Ce "jefe" Lydia le connaît bien, car il était le meilleur client de sa librairie et elle avait sympathisé avec ce quinquagénaire à cause de ses excellents goûts en littérature : Leah Hager Cohen, Sebastian Barry, Gabriel Garcia Márquez ....
De son mari, qui a écrit des articles sur ce joyeux cartel, elle a appris que Crespo est peut-être un homme cultivé, mais aussi un homme sans la moindre pitié.

Sa mission est d'autant plus périlleuse que le cartel a des yeux partout, ce qu'au Mexique on appelle des "halcones", de simples citoyens tels des chauffeurs de bus, réceptionnistes d'hôtel ... qui agissent comme des vigies volontaires pour le cartel.

Pour défendre son môme et elle-même, elle s'achète une machette qu'elle attache à sa jambe, bien cachée sous son jeans.

Comme je ne tiens pas à recevoir des remarques que j'en dis trop, comme cela fût le cas avec le dernier thriller de Jussi Adler-Olsen que j'ai critiqué récemment, j'arrête, avec le départ de mère et fils de leur maison, transformée en champ de bataille, mon billet.

Dans une interview à la télévision anglaise, l'auteure a expliqué le long et solide travail de préparation que ce livre lui a demandé, notamment en ce qui concerne les problèmes à la frontière entre le Mexique et les États-Unis de Donald Trump. Un élément important dans ce roman et qui va, bien entendu, beaucoup plus loin que la bête idée présidentielle d'un très long mur entre les 2 nations.

Après lecture, je dois dire que je comprends les commentaires de Winslow, Grisham, King et quelques autres grands noms, telles Ann Patchett et Tracy Chevalier : cet ouvrage de Jeanine Cummins constitue une réussite rare à de nombreux points de vue. Ce sont aussi 465 pages de réel suspense.

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La narratrice Lydia, libraire à Acaculpo, voit sa vie voler en éclats lorsqu'un article publié par son mari journaliste déclenche les sanglantes représailles du cartel de la drogue qui vient d'asseoir son emprise sur la ville. Contrainte à une fuite éperdue avec son fils de huit ans, elle se joint aux migrants qui traversent le pays pour tenter de rejoindre les Etats-Unis : un périple aux mille dangers souvent fatals…


Diaboliquement haletant, le récit jette d'emblée et sans répit le lecteur dans un état d'angoisse proche de la paranaoïa. Dans un Mexique décrit comme corrompu et transi par la peur des violences et des meurtres orchestrés par des organisations mafieuses toutes puissantes, il semble impossible d'échapper à des tueurs qui disposent de complicités dans tous les rouages de la société. C'est dans une terrifiante chasse à l'homme que nous entraîne l'auteur, pimentant à l'extrême un road trip déjà immensément périlleux pour les migrants « ordinaires ».


Tremblant ainsi particulièrement pour la vie des deux personnages principaux, nous voici embarqués aux côtés de ceux qui ont tout perdu et qui, en provenance de tout le sud de la péninsule américaine, tentent de gagner el norte. Ce sont spécialement les femmes que le récit nous fait côtoyer, nous les montrant doublement exposées aux violences dans un pays où l'on ne compte plus leurs disparitions. Meurtres, viols, rackets, mais aussi les émouvants coups de pouce de la solidarité, jalonnent un parcours dont les temps forts sont les périlleuses étapes à bord de la bestia, ce train de marchandises pris en marche par les clandestins, et la redoutable traversée à pied du désert du Sonora, en compagnie d'un coyote payé à prix d'or.


La parution d'American Dirt aux Etats-Unis a soulevé une polémique sur la légitimité d'une New Yorkaise blanche à écrire sur la souffrance des migrants. Taxé d'appropriation culturelle, cet ouvrage à gros budget est accusé de faire de l'ombre aux authentiques auteurs latino-américains qui, faute d'armes commerciales aussi puissantes, peinent à faire entendre leur voix et celles des migrants. On lui reproche aussi de convoyer une image partiale et dépréciatrice du Mexique, imaginée depuis le côté le plus confortable du mur. Il est vrai que le roman a fait le choix de ne pas lésiner sur le sensationnel susceptible de renforcer la tension dramatique, amplifiant notamment les épreuves de ses personnages au moyen d'une intrigue, bien menée mais tout à fait improbable, entre Lydia et le chef du cartel. Diablement efficace quant à son suspense addictif, cet aspect de l'histoire semble davantage motivé par l'envie de distraire le lecteur que par une quelconque préoccupation politique ou humanitaire. Quelques « inconvenances » dans la promotion américaine du livre peuvent également renforcer l'impression d'un livre plus commercial qu'engagé. Malgré tout, je ne pense pas ressortir de cette lecture avec une pire image du Mexique qu'après avoir lu le très fiable et terrible 2666 de Roberto Bolaño. Manifestement documenté et bien mené, ce très prenant American Dirt ne peut, à sa manière, que contribuer à sensibiliser un plus large public à l'enfer des migrants latinos qui tentent de rejoindre les Etats-Unis, puis d'y rester. C'est en tout cas le roman le plus haletant que j'aie lu depuis longtemps. Coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Immense succès de librairie aux États-Unis, American Dirt est un cauchemar. Les aventures survenues aux personnages principaux du roman sont effectivement un cauchemar. Toute proportion gardée, sa lecture a été aussi un cauchemar pour moi. Je sais que ce commentaire me place en opposition frontale avec toutes les critiques que j'ai pu lire, mais je l'assume, je n'ai pas aimé ce livre.

Tout commence à Acapulco, une ville balnéaire mexicaine sur l'océan Pacifique, dont le nom, il y a encore vingt ans, était synonyme de paradis touristique. Aujourd'hui, elle est le terrain de jeux sanglants entre cartels de la drogue qui s'entretuent pour son contrôle, tout en s'affrontant aussi violemment à la police. C'est une des villes les plus dangereuses du monde.

Propriétaire d'une petite librairie à Acapulco, Lydia vit tranquillement avec son mari, journaliste d'investigation, et leur fils Luca, huit ans. Elle sympathise avec un client, Javier, un homme charmant, cultivé, attentionné, qui vient régulièrement papoter bouquins avec elle. Il s'avère toutefois que cet amateur de livres est le chef d'un des cartels les plus cruels et les plus puissants. Et voilà qu'un article du mari journaliste d'investigation déclenche une cascade de faits tragiques, et notamment le massacre de toute la famille. Lydia et Luca en réchappent miraculeusement.

On n'apprendra les préalables au drame que plus tard, dans des flash-back que ressasse Lydia sur sa route. Car s'estimant menacée de mort et croyant voir un affidé de Javier dans chaque individu croisé, elle a décidé de quitter clandestinement la ville avec son fils, à pied, sans bagages ni moyens ou presque, pour se rendre aux États-Unis, où elle compte un vague parent, perdu de vue depuis des années. Sur son chemin de 4 000 kilomètres – et 460 pages – son statut personnel se dissout en même temps que sa bourse se vide. Lydia et Luca finissent par fondre leur destinée avec celle d'autres migrants, originaires d'un peu partout en Amérique latine, fuyant misérablement la guerre, la pauvreté, la persécution, l'insécurité, la violence, l'intolérance et tout ce qui est intolérable.

Un cauchemar de près de deux mois pour Lydia et Luca, qui vont de ville en ville, pour une large part à pied, parfois en bus ou couchés sur le toit d'un train de marchandises, faisant étape dans les conditions sanitaires qu'on imagine. Lydia, terrorisée, n'accorde sa confiance à personne et ne se sent nulle part en sécurité. Un scénario un peu répétitif !

Les premières pages du roman m'ont fait entrer de plain-pied dans le massacre de la famille. Je n'ai pas eu le temps d'acquérir de l'empathie pour les malheureux personnages et je ne me suis donc pas placé dans le jeu de l'auteure, qui cherche à horrifier et à apitoyer les lecteurs. D'autant que des scènes terrifiantes du livre sont racontées dans un style appliqué, un peu naïf, de conte pour enfants. J'ai passé l'âge, à supposer que je l'aie jamais eu, d'être effrayé et bouleversé par l'histoire de Barbe-Bleue ou du Petit Poucet.

Selon le romancier Don Winslow, American Dirt vaudrait Les Raisins de la colère. On peut mettre en parallèle les circonstances humaines dramatiques qui ont inspiré les deux ouvrages, mais je n'ai pas retrouvé, chez Jeanine Cummins, la plume audacieuse ni le souffle épique de John Steinbeck. Et si, comme John Grisham, j'ai moi aussi très vite tourné les pages, c'est parce que je m'ennuyais de toujours relire les mêmes péripéties, avec leurs inévitables et prévisibles rebondissements.

Dans une postface, l'auteure se déclare sensible aux aspects humanitaires d'un phénomène tragique, qui touche dans le monde des centaines de milliers de personnes en déplacement et en souffrance. Comment ne pas l'être ? Son manuscrit avait fait l'objet d'enchères incroyables entre plusieurs éditeurs. L'enjeu ? La publication, dans l'air du temps, d'un grand roman social compassionnel écrit par une femme blanche sur une malheureuse « populace brunâtre ». S'en est suivie une polémique en boomerang, de la part de Mexicains qui s'estiment injustement montrés du doigt et de migrants qui dénoncent une « appropriation culturelle » illicite. Ça aussi, c'est dans l'air du temps.

Lien : Http://cavamieuxenlecrivant...
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Canicule aidant , je me suis lancé à l'assaut de ce pavé et , je dois le dire , j'en suis sorti épuisé, épuisé mais ravi d'avoir pu mener à bien une odyssée qui , au départ, n'avait rien d'une partie de plaisir .
Résumons : un anniversaire dans une maison d'Acapulco, une maman qui accompagne son enfant aux toilettes et ...le carnage dans la cour . Les " Jardineiros" font feu de tout bois , 16 morts d'une même famille . le cartel a fait parler la poudre pour châtier Sebastian , journaliste , et les siens et Lydia et son fils n'ont échappé au massacre que grâce à une ...envie pressante , Une seule possibilité pour échapper au même sort funeste , la fuite vers la frontière américaine... Un défi, une gageure , une mission impossible mais Lydia relève le défi : fuir l'horreur , se sauver avant de penser aux disparus....Quel autre choix ?
Commence alors une folle odyssée où les rencontres vont sans cesse mettre en péril ou aider ce projet fou : les cartels ne renoncent jamais .
Dès lors , toutes les atrocités infligées par une police corrompue , ou par les " narcos " , vont se succéder au point de perdre un peu en crédibilité tant le danger est perpétuel pour les proies faciles que sont les migrants auxquels Lydia et Luca se sont joints . Toutes les exactions possibles et imaginables ...Rien n'est épargné. On tremble , on s'offusque , on se révolte mais , peu à peu aussi , on s'accoutume et l'intrigue perd en intensité..La "Besta " ne roule plus assez vite....ou est en surchauffe ....
C'est un peu le paradoxe de ce roman , tant de choses à dire ..." Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se brise ...".Je vous l'ai dit , ce roman est un pavé qui démarre " au sprint " et ... s'essouffle peu à peu . C'est mon avis , rien que mon avis . D'autres lecteurs l'ont vécu différemment, ils ont leurs raisons et leur vécu ....J'ai aussi trouvé certains personnages quelque peu " robotisés" , comme , par exemple , le petit Luca . Intelligence ( ou connaissances ) hors normes , résistance physique incroyable , émotions maîtrisées au delà du réel....Un gamin de son âge ou un petit " robot " accordé à l'intrigue ? Et je vous laisse juges de l'idyle dont il est question entre...et ....( ah , ben oui , là, vous vous débrouillez )
Après , il y a des scènes fortes et émouvantes , voire perturbantes car criantes de vérité et de dureté. Jeanine Cummins a effectué un énorme travail de recherches et ses propos n'ont sans doute , hélas ici , que le défaut de l'accumulation . Ses écrits ont suscité des polémiques au moment de la parution de son roman , en raison de son statut de " blanche " . N'entrons pas dans ce débat qui nous entraînerait trop loin .
Pour conclure , c'est simple : malgré mes griefs , j'ai lu ce livre en 2 jours et j'ai appris énormément de choses . La traduction m'est apparue très à la hauteur et a très bien servi ce sujet si délicat. C'est un roman qu'il est utile de lire , pas désagréable dès lors qu'on prend suffisamment de recul par rapport au contexte et aux personnages pas vraiment charismatiques , mais peut être est- ce une volonté de l'auteur pour garder une certaine et salutaire distanciation . A bientôt.


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critiques presse (3)
LaLibreBelgique
22 octobre 2020
Jeanine Cummins orchestre la fuite d’une mère et de son fils, d’Acapulco à la frontière américaine. Haletant.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
LeDevoir
19 octobre 2020
Jeanine Cummins raconte comment, pour fuir la violence, une Mexicaine et son fils cherchent à rejoindre les États-Unis.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeMonde
17 septembre 2020
Histoire d’un livre. Une Mexicaine et son fils fuient la mort qui leur est promise par les cartels. Ecrit par une Américaine, ce roman n’est pas passé inaperçu en plein débat sur l’appropriation culturelle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (118) Voir plus Ajouter une citation
Au loin, derrière cette colline, se dresse une centaine d’autres collines, et probablement encore une centaine derrière elles, qu’ils ne voient pas parce qu’elles s’étagent, de plus en plus hautes, de plus en plus aiguisées et redoutables. Le soleil les fend d’éclairs d’une luminosité folle. Les pentes sont couvertes d’herbes dorées couchées par le vent, de plantes épineuses et d’arbres rabougris. Il y a partout d’énormes rochers, rivés aux failles, perchés sur des saillies branlantes, rassemblés dans des creux comme des familles inflexibles. Certains rochers sont si gigantesques qu’ils font paraître naines les collines qu’ils dominent. Au-dessus d’eux, le ciel impitoyable véhicule des nuages qui modifient la lumière, s’amusent à jouer des tours, rendant impossible de jauger les distances mais ne recouvrant jamais le globe brûlant et implacable du soleil.
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Le taux des meurtres à Acapulco avait ete le plus élevé du Mexique, l'un des plus élevés du monde. La ville avait souffert d'une hémorragie de touristes, de jeunes et d'investissements, une perte difficile à étancher même après la régression de la violence. En vérité, même si les bains de sang étaient devenus moins visibles, une bonne dizaine de meurtres endeuillaient encore la ville chaque semaine. Sans compter le nombre beaucoup plus important de personnes qui disparaissaient silencieusement.
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Et ensuite, quand elle ouvre la bouche et crie dans l’oreille de son fils : « Vas-y, Luca ! Saute ! », elle reconnaît à peine sa propre voix.
Luca saute. Et chaque molécule dans le corps de Lydia saute avec lui. Cette chose, cette si petite chose ramassée, ses muscles et ses os, sa peau et ses cheveux, ses pensées, ses mots et ses idées, l’immensité de son âme même, c’est tout cela qu’elle voit au moment où son corps échappe à la sécurité du pont et s’envole, juste quelques secondes, d’abord vers le haut, si grand est l’effort, jusqu’à ce que la pesanteur s’en saisisse et le projette vers le toit de la Bestia. Lydia le suit des yeux, des yeux si agrandis par la peur qu’ils lui sont presque sortis de la tête. Ensuite il atterrit à quatre pattes comme un chat, la vélocité de son saut affronte la vélocité du train, et il roule sur lui-même, une jambe s’échappe vers le rebord du toit, l’entraînant avec elle, et Lydia essaie de hurler son nom, mais sa voix s’est cassée et s’éteint et puis l’un des migrants l’attrape. Une grande main rugueuse sur le bras de Luca, l’autre qui l’empoigne par le fond du pantalon. Et Luca, en sécurité dans les bras robustes de cet étranger au sommet du train, lève la tête et cherche sa mère. Capte les yeux de sa mère. Hurle :
- Je l’ai fait, Mami ! Mami ! Saute !
Désertée de toute pensée, si ce n’est que Luca est là, Lydia saute.
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Il y avait la soif et la faim, et tu étais le fruit.
Il y avait le deuil et les ruines, et tu étais le miracle.

Era la sed y el hambre, y tú fuiste la fruta.
Era el duelo y las ruinas, y tú fuiste el milagro.

Pablo Neruda, de "Chanson désespérée"

(page vii).
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American Dirt est une épopée. Le chemin de croix des migrants mexicains et d’autres pays d’Amérique centrale est retracé à partir d’histoires singulières. Tout d’abord, le fil rouge, la fuite effrénée de Lydia, libraire, et son fils Luca, 8 ans, à la suite du massacre de tout leur entourage par le cartel local lors d’une fête de famille. Le déclencheur semble être un article que son mari, journaliste d’investigation, vient de publier en révélant l’identité du chef de ce cartel, qui n’est autre que le client érudit avec qui elle entretenait une amitié amoureuse depuis quelques mois. La terreur, la culpabilité, l’amour maternel sont dépeints lors de cette fuite sans fin vers les États-Unis, pendant laquelle chaque homme, sympathique ou non, peut être un agent du cartel.
D’autres migrants partagent leur périple, notamment deux adolescentes honduriennes qui ont déjà traversé bien des épreuves avant de les rejoindre sur la Bestia, le train qui les rapproche de leur destination.
C’est un récit fictif et néanmoins très documenté que nous livre Jeanine Cummins. Le parti pris est clairement expliqué en postface, celui de nous faire vivre à travers des regards de femmes et d’enfants, ce sujet trop souvent représenté par des statistiques, ou des polars sanglants.
J’ai apprécié cette lecture même si le récit m’a semblé un peu long et redondant pour certains épisodes, notamment les descriptions techniques des modes opératoires, mais c’est peut-être ce qui donne son authenticité au récit.
Le flirt du patron du cartel avec Lydia introduit par la suite une ambivalence et une culpabilité intéressante. Les autres personnages sont traités avec plus de simplicité et peuvent parfois verser dans la caricature.
La fin est un peu surprenante pour une européenne et pour le sujet. Au global, une lecture un peu longue mais agréable sur une réalité qu’il convient de regarder en face, quel que soit le continent !
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Un excellent roman peut-il être victime d'un lynchage en règle ? Oui, c'est ce qui arrive à American Dirt, de l'américaine Jeanine Cummins.
« American Dirt », de Jeanine Cummins est publié aux éditions Philippe Rey.
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