Un scientifique dans son laboratoire n'est pas seulement un technicien : c'est aussi un enfant placé en face des phénomènes naturels qui l'impressionnent comme un conte de fées.
Telle est bien la beauté et la noblesse de la science : désir sans fin de repousser les frontières du savoir, de traquer les secrets de la matière et de la vie sans idée préconçue des conséquences éventuelles.
Mes plus grands ennuis viennent de mes yeux et de mes oreilles. Mes yeux sont très affaiblis, et l'on n'y peut probablement pas grand-chose. Quant aux oreilles, un bourdonnement presque continuel, souvent très intense, me persécute.
Vous me suggérez de faire des réserves sur l'acceptation du prix Nobel qui vient de m'être décerné, et vous donnez ce motif que l'Académie de Stockholm, si elle avait été prévenue, aurait probablement renoncé à m'attribuer le prix, à moins que je ne me justifie publiquement des attaques dont je suis l'objet.
On peut difficilement imaginer une condition plus complexe et compromise que celle d'une jeune femme étrangère, qui a au surplus l'audace de vouloir se frayer un chemin au sein de l'académie, et plus généralement dans un monde dominé par la gent masculine.
Je suis de ceux qui pensent que la Science est d'une grande beauté.
Toute collectivité civilisée a le devoir impérieux de veiller sur le domaine de la science pure où s'élaborent les idées et les découvertes, d'en protéger et encourager les ouvriers et de leur apporter les concours nécessaires. C'est à ce prix seulement qu'une nation peut grandir et poursuivre une évolution harmonieuse vers un idéal lointain.