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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ça commence un peu comme dans Titanic ou Out of Africa : la voix de Cloris Waldrip s'élève, vieille dame au soir de sa vie, livrant depuis son ehpad du Vermont le récit des trois mois qui ont autrefois changé son existence. En compagnie de son époux, ce « cher M. Waldrip », le voyage en avion de ces méthodistes texans tourne court, s'écrasant dans le Montana en plein coeur des zones sauvages et élevées des Bitterroot mountains.

Le pilote et son « cher M. Waldrip » mort, il ne reste à Cloris qu'une seule issue pour sauver sa vie : la descente dans le danger et l'inconnu, aidée par une mystérieuse présence bienveillante. Pendant ce temps, Debra Lewis, Ranger alcoolique, désabusée mais obstinée, se persuade contre toute évidence que Cloris est vivante et n'a de cesse que de la retrouver.

Décrit comme cela, Kingdomtide de Rye Curtis – traduit par Jacques Mailhos – pourrait laisser penser à un énième opus de nature writing de la bande à Oliver, qui s'en est fait une spécialité. Il n'en est pourtant rien. Et c'est sans doute ce qui en a dérouté plus d'un ! Car le sel de ce premier roman (certes un peu foutraque), réside dans sa galerie de personnages ayant en commun d'être chacun à des tournants de leurs vies.

Roman de femmes avant tout, voici Debra la Ranger et son agaçant merlot, quasi-morte avant d'avoir vécu, qui trouvera un espoir de rédemption via la jeune Jill et ses dix-huit ans si mâtures. Et voici Cloris, dont la vie rangée et routinière a longtemps masqué les interrogations intimes, qui resurgissent dans la solitude de la montagne. Les hommes ne sont pas plus équilibrés, avec Bloor l'amant occasionnel de Debra et père de Jill, aussi malsain que paumé dans sa propre vie. Sans oublier l'équipe d'enquêteurs à la petite semaine de Debra, Claude et Pete.

Un peu comme pour Dans la vallée du soleil, j'ai aimé ce côté déconstruit et un peu barré de l'histoire, qui part là où on ne l'attend pas, certes parfois en limite d'une certaine forme de crédibilité, mais peu importe. Et j'ai aussi beaucoup apprécié la dimension mystique et métaphorique de ce livre : Cloris la méthodiste, qui marche vers ce qui semble être son salut, aidée en secret par une mystérieuse présence qui la protège et la nourrit. Plus elle avance et plus elle doute. Et parallèlement, en cherchant Cloris, Debra se cherche elle-même…

Un livre qui parle d'espoir, de vie, de tolérance et de rédemption, à la bienveillance tout sauf naïve, parfaitement résumée par sa première phrase : « J'ai cessé de formuler le moindre jugement sur quiconque, homme ou femme ».
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Ce roman décalé oscille entre nature-writing et dérision de ce même genre, comme un clin d'oeil de l'éditeur à son catalogue et une manière d'entériner sa mutation. Les deux héroïnes nous sont tantôt insupportables tantôt sympathiques, l'ironie des pages de Curtis adoucissant nos sentiments à leur égard (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2021/02/18/kingdomtide-rye-curtis/)
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Ce roman est tombé à pic après un cycle de lecture sur la mort et les derniers temps de vie d'une mère ou d'un ami.
J'ai retrouvé avec plaisir les éditions Gallmeister que j'avais un peu délaissé, trouvant que leurs romans se ressemblaient beaucoup.
Ce roman raconte la survie, la survie d'une femme de 72 ans après le crash de son avion mais aussi la survie des personnages qui la recherchent. La survie sous toutes ses formes avec pour tous des moyens différents. J'ai aimé les personnages et l'écriture même si le mot merlot revient bien trop souvent dans le texte. Un moment de lecture très agréable
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Mais qui est Rye Curtis ? Voilà une question que je me suis posée à maintes reprises en lisant ce roman atypique, basculant la couverture jusqu'à la photo d'un jeune homme au physique androgyne et au regard mi-amusé mi-inquiétant… Je n'en sais guère plus pour l'heure mais je suis ravie qu'il ait eu l'audace de faire d'une vieille femme de 72 ans son « héroïne ». A l'ère de l'âgisme, c'est purement réjouissant ! Évidemment, les autres personnages sont tout autant hors cadre voire gentiment perturbés… Je n'ai pu m'empêcher de coller les traits de Frances McDormand à la ranger Lewis. Quant à l'intrigue et bien l'on est chez Gallmeister, donc en plein air avec une nature très présente mais dans ce Kingdomtide néanmoins jamais magnifiée. Un premier roman original empreint d'une ambiance toute particulière…
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Kingdomtide de Rye Curtis
Une lecture assez particulière que ce récit, que j'ai adoré !
D'un coté un récit à la première personne raconté à travers le regard d'une vielle dame bien élevée, respectueuse , bienveillante, qui parle poliment et dans un langage châtié, attachante avec son coté old school.
De l'autre un récit dont le narrateur et externe, et qui nous dépeint une équipe de gardes forestiers et sauveteurs .
D'un coté Cloris, seule survivante d'un accident d'avion, perdue au milieu des montagnes du Montana.
De l'autre la ranger Lewis, divorcée, alcoolique, revêche , mais seule à croire à la possible survie de Cloris et résolue à tout mettre en oeuvre pour la retrouver.
Le roman alterne entre les deux récits, et entre divers univers :
Onirique, parfois étrange, surréaliste et un peu barré avec des personnages surprenants partis à la chasse aux fantômes,
Des histoires de survies, survie face à la nature , sublime mais hostile et impitoyable, mais aussi pleine de richesse et de ressources à celui qui sait les trouver....Survie face à la solitude et à son propre désarroi psychologique.
L'auteur nous offre une peinture des relations sociales , des comportements humains et de leurs interactions. Certains apparaissent bien pitoyables, et enlisées dans leurs névroses, d'autres monstrueux, ou encore simples d'esprit... mais est ce bien là leur unique facette?
J'ai aimé ce mélange de genres , de ton et de personnages, et l'originalité du roman.
Les réflexions philosophiques sur l'homme et ses actions.
Cloris est particulièrement touchante , d'une maladresse incroyable, prenant des décisions improbables, mais faisant preuve d'un courage et d'une persévérance à toute épreuve.
Ses pensées sur sa vie, ses constats et réflexions philosophiques sont un délice.
Quand à Lewis c'est un personnage singulier, tellement misérable mais particulièrement attachante , j'ai adoré que l'auteur la dépeigne de cette façon, une sorte d'anti héroïne.
Voilà un roman interessant , atypique , qui allie délicatesse et rugosité, et qui ne manquera pas de nous faire réfléchir , grâce aux petites phrases et réflexions subtilement distillées tout au long du récit.

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A la suite d'un accident d'avion , Chloris Waldrip, 72 ans, se retrouve esseulée dans les montagnes du Montana. L'histoire de sa tentative de survie va nous être conté en impliquant des personnages tous plus étonnants les uns que les autres. Un roman qui détonne fortement tant par son intrigue que par la fantasmagorie qui l'entoure. Un Roman qui marque 2021.
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Lecture distrayante et stimulante. L'ouvrage est épais et riche. L'auteur (talentueux !) nous emmène dans les montagnes vivre des aventures très inattendues en compagnie d'une vieille dame, rescapée d'un crash d'avion en fin d'été. L'hiver n'est pas loin avec ses pluies et neiges au menu.
Outre les descriptions de la nature puissante et hostile, l'auteur nous offre une galerie de personnages de tous âges, tous plus ou moins cabossés par la vie.
Bien sûr le personnage principal, la truculente Cloris, narratrice d'un chapitre sur deux. En alternance avec l'auteur lui-même qui reprend sa place et décrit les autres personnages avec beaucoup d'humour, tant dans les procédés littéraires que dans les scènes par eux vécues.
Les marginaux, sexuels ou pas, sont très présents. L'isolement dans ce cadre montagnard est propice aux interrogations sur le sens de la vie, sur le rôle dévolu à la femme (on est en 1986).
Il y a des tics, des tocs, du merlot, de la craie sur les mains, une femme "ranger" (on est au E.U.) qui jure comme une charretière.
On ne s'ennuie pas !
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Un 1er livre étonnant par les sujets abordés, la sexualité dans sa "normalité" ou pas, des attirances, la connaissance de soi, tout cela à travers le récit de deux narratrices, l'une perdue dans des montagnes , sortes de réserve naturelle où personne ne peut aller, à la suite d'un accident d'avion, et l'autre, garde-forestière, perdue dans sa vie, mais sûre que la 1ère ne doit pas être abandonnée.....Et pourtant, jamais elles ne se rencontreront. L'une écrit après les faits, 20 ans après, l'autre n'écrit pas et pense au présent.... Etonnant donc, mais plutôt intéressant!!!!
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Il s'agit d'un premier roman.

Cloris Waldrip, 72 ans, rescapée d' un accident d'avion se retrouve perdue et affamée dans les montagnes du Montana. Une ranger Debra Lewis, alcoolique, tente de la retrouver.

Histoire qui pourrait être classique mais qui ne l'est pas du tout. On découvre des personnages plus loufoques les uns que les autres ; avec leur obsession ou leur addiction. Des personnes avec des blessures si profondes que leur comportement est totalement décalé et pas toujours compréhensible.
J'ai eu deux moments de dégoût dont un s'avérera être un mensonge. Si le but était de choquer, c'est réussi.

Malgré tout, j'ai lu ce roman jusqu'à la fin car je voulais savoir comment Cloris s'en sortait.

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Rye Curtis signe avec Kingdomtide un premier roman mystique, remarquable et humain. Dans la forêt de Bitterroot, au coeur des montagnes du Montana, l'auteur nous révèle toute la douleur de l'être humain à travers ses personnages hauts en couleur et désaxés.

Cloris Waltrip ne s'attendait pas à passer autant de temps dans les montagnes du Montana. Ni à y connaître de telles épreuves. Livrée à elle-même dans cette nature impitoyable, Cloris Waltrip, 72 ans, va devoir se battre pour sa survie…


Ce 31 août 1986 devait être pour Monsieur et Madame Waltrip le départ vers un séjour reposant dans le Montana. « Notre pasteur et sa femme ont fait un séjour fabuleux ici. On s'est dit qu'on se louerait une cabane, qu'on pêcherait un peu, et puis qu'on rentrerait chez nous. Ce qui est sûr, c'est que nous devons être de retour chez nous d'ici jeudi. » Malheureusement, l'escapade de quelques jours tourne au drame dès le départ. L'avion dans lequel le couple a embarqué s'écrase. Seule Cloris Waltrip survit au crash. Unique survivante, son premier réflexe est d'essayer de contacter les secours grâce à la radio de l'avion. Après de longues heures d'attente sans réponse, elle se résigne. Dans sa solitude, elle se demande combien de temps elle pourra tenir dans cette forêt et se remémore sa vie avec son compagnon de toujours, Monsieur Waltrip, qui même mort reste présent dans son coeur et son esprit. C'est un temps d'introspection profond pour notre héroïne.

Survivre dans cette forêt inhospitalière n'est pas chose aisée et on peut émettre des doutes sur les chances de survie d'une personne âgée dans un tel environnement. Ce n'est alors sans compter cette présence mystérieuse, d'abord fruit de l'imagination de Cloris, puis par la suite, homme masqué des montagnes, qui l'aide à survivre tout au long de son périple : « Une odeur âcre me réveilla au matin. Vous ne me croirez peut-être pas, parce que je suis une drôle de vieille femme […] lorsque j'ouvris les yeux, je vis une belle grosse truite posée sur un rocher. Un petit mot y était accroché […] il disait : Descendez la rivière. » Il faut croire que les nombreuses prières de Cloris ont été exaucées et qu'une bonne étoile semble veiller sur elle. Cependant, au fur et à mesure de son chemin le long de la rivière, Cloris va se demander si ce n'est plutôt pas un démon qui se charge de la maintenir en vie tant elle souffre. A moins que ce ne soit l'esprit maudit de ces montagnes ?


Si la ranger Debra Lewis n'a pas pu répondre à temps à l'appel au secours de Cloris, elle l'a pourtant bien reçu et s'est mise en tête de la retrouver coûte que coûte, morte ou vive. Ses collègues, Claude Paulson, le chef Gaskell, Pete, Bloor et sa fille Jill, sont contre. « Ca fait maintenant trois jours qu'on survole la zone sans repérer le moindre signe d'eux. Ils ont disparu depuis près d'une semaine. Même si par extraordinaire ils avaient réussi à survivre à l'impact, il y a peu d'espoir qu'ils aient pu survivre tout ce temps seuls dans ces montagnes. »

Pour l'équipe de rangers, le constat est sans équivoque : une femme de cet âge ne peut survivre plus de deux jours dans les montagnes, ce n'est donc pas la peine de courir à la chasse au cadavre. L'expédition pour retrouver les corps peut attendre que la tempête de neige, qui s'abat actuellement sur le Montana, se calme. Qui plus est que ces montagnes ont pour réputation d'être hantées par le fantôme de Cornelia Akersson, un spectre qui terrifie comme fascine les habitants : « le foutu fantôme que Claude veut traquer, dit Lewis. Il bouffe les langues, les cheveux et les couilles des gens. »

Malgré le mince espoir de retrouver Madame Waltrip, Lewis refuse d'abandonner les recherches, quitte à mettre son équipe en danger.

Tout le long du roman, on alterne à chaque chapitre l'histoire de Cloris et l'histoire du ranger Lewis et de son équipe. Les deux ont leur intérêt au récit final. Avec l'histoire de Mme Waltrip, on a une vision de la vie centrée sur la bienveillance et le respect tandis que du côté des rangers, on a une vie plus tumultueuse, brisée, où chacun est soumis à ses propres addictions. le personnage de Cloris est touchant. Quand on la lit, on sent toute la bonté, la gentillesse et la pudeur qui émane de cette personne : « J'ai cessé de formuler le moindre jugement sur quiconque, homme ou femme. » On a l'impression d'entendre une histoire comme nos grands-mères en racontaient autrefois et c'est très agréable ! Si vous aimez le nature writing et les textes qui contiennent un peu de folie et de mystère, Kingdomtide est le titre qu'il vous faut.
Lien : http://untitledmag.fr/kingdo..
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